Edito fraction

Tout ce qui touche de près ou de loin à l'actualité politique en France

Message par Puig Antich » 04 Juin 2007, 22:22

a écrit :Le 10 juin, votez pour un programme pour les travailleurs, votez Lutte Ouvrière

Nous voilà donc avec ce nouveau gouvernement Sarkozy et des premières mesures, sans complexes, en faveur des riches qui paieront moins d’impôts, moins de droits de succession, moins de cotisations sociales pour les heures supplémentaires. Serrage de ceinture en revanche pour les travailleurs qui devront payer une franchise sur les frais de santé, verront leurs gosses jugés délinquants plus vite sous les verrous, subiront une limitation de leur droit de grève. Ce gouvernement Sarkozy, saupoudré de quelques personnalités de gauche, ressemble comme deux gouttes d’eau au gouvernement précédent, dont il poursuit la politique anti-ouvrière.

Du côté socialiste, on voudrait nous faire croire qu’il est très important de faire contrepoids. Mais qu’avons-nous retenu qui serait vraiment en faveur des classes populaires dans la campagne de Ségolène Royal ? Alors quelques députés de gauche de plus ou de moins, et même une majorité qui aboutiraient à un genre de cohabitation… ne changeraient strictement rien au sort des classes populaires.


C’est en votant pour les candidats de Lutte Ouvrière que les travailleurs défendront leurs intérêts. Ce sera d’abord une façon d’affirmer qu’ils ne se sentent nullement engagés par le scrutin qui laisse en place, à la tête du pays, des hommes qui se sont largement illustrés par leurs choix réactionnaires. Une façon d’affirmer qu’ils contestent la politique pro-patronale de ces derniers et qu’ils vont s’employer, dans les semaines et les mois qui viennent, à y résister.

Ce serait la moindre des choses qu’il n’y ait pas de salaires et minima sociaux inférieurs à 1 500 euros nets, que tous les salaires et minima soient rattrapés de 300 euros. La moindre des choses que les travailleurs ne soient pas menacés de licenciements et qu’il y ait des embauches massives dans les services publics, les écoles, les hôpitaux, les transports. La moindre des choses que ce ne soient pas les travailleurs précaires, retraités, chômeurs, sans papiers qui trinquent encore, tandis que s’étalent des affaires comme celle d’EADS, qui licencie des milliers de salariés mais dont le plus gros actionnaire français, Arnaud Lagardère ami de Sarkozy, peut se faire quelques millions d’euros par un simple coup en Bourse.

Il va falloir, tous ensemble, y remettre bon ordre, contraindre patronat et gouvernement à en rabattre sur leurs rapines et se soumettre à nos impératifs vitaux. Mais ce ne sont pas les bulletins de vote qui les feront reculer, ce sont nos coups de colère, nos réactions et grèves qui devront s’organiser, se joindre et s’étendre jusqu’à se généraliser. Et s’enhardir jusqu’à devenir un contre-pouvoir.

Sarkozy a beau tenter de conjurer un futur sort, il sait que quelques grandes luttes sociales de ce pays ont éclaté sous des gouvernements de droite. En mai 1968, c’est De Gaulle qui a dû reculer devant l’explosion sociale et partir pleurer auprès de l’armée stationnée en Allemagne. En novembre-décembre 1995, c’est Juppé que les cheminots suivis de travailleurs des services publics ont fait reculer. En format réduit l’an dernier, ce sont De Villepin et Sarkozy que la jeunesse étudiante a contraints à retirer une loi déjà votée sur leur « contrat première embauche ».

Alors gare aux contrats de la même eau qu’ils ont dans leurs cartons. Gare à leurs projets de plus grande flexibilité du travail. Gare à la poursuite des licenciements et fermetures d’entreprises alors que les entreprises du CAC 40 ont réalisé 100 milliards de profits en 2006. Les travailleurs ne vont pas laisser pleuvoir les coups, pendant 5 ans, sans déclencher leur propre plan d’urgence.

Le vote en faveur des candidats présentés par Lutte Ouvrière n’a pas le pouvoir de changer la majorité qui viendra à la rescousse de Sarkozy au parlement. Mais il indiquera qu’une partie de la classe ouvrière est prête à s’opposer aux attaques, par ses mobilisations dans les entreprises et dans la rue, et à y entraîner suffisamment d’autres pour changer le rapport de forces.

Le 10 juin, votez Lutte Ouvrière.



Je suis très content que la Fraction dise aux travailleurs qu'il va falloir s'enhardir jusqu'à devenir un contre-pouvoir. Ca peut paraitre une petite phrase anodine, mais c'est la seule méthode pour gagner contre ce gouvernement de choc.

Par contre, il me semble qu'il y a une contradiction dans la phrase : soit on est candidat au pouvoir, soit on veut "soumettre (le gouvernement) à nos impératifs vitaux", ce qui est illusoire. C'est un peu comme si Lénine disait avant 1905 qu'il faut soumettre le tsar à la volonté du peuple, plutôt que de le renverser :smile:
Puig Antich
 
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Message par akira1917 » 05 Juin 2007, 00:30

(Puig Antich @ lundi 4 juin 2007 à 22:22 a écrit :Par contre, il me semble qu'il y a une contradiction dans la phrase : soit on est candidat au pouvoir, soit on veut "soumettre (le gouvernement) à nos impératifs vitaux", ce qui est illusoire. C'est un peu comme si Lénine disait avant 1905 qu'il faut soumettre le tsar à la volonté du peuple, plutôt que de le renverser :smile:


Il me semble que la Russie d'avant 1905 était déjà dans une situation sociale trés polarisée où la perspective de renverser le pouvoir prenait un sens chez toute une partie des masses ouvrières et paysannes.
Actuellement il s'agit, avant de mettre en avant la perspective de la révolution sociale :w00t: , d'atteindre une telle polarisation en construisant un mouvement ouvrier suffisamment puissant, et ça ne peut se faire que par l'organisation et la convergence de luttes sur ces fameux intérêts vitaux. Et comme l'immense majorité des travailleurs sont aujourd'hui tout sauf révolutionnaires, il faut bien construire ces luttes sur la perspective d'en imposer les revendications au gouvernement et au patronat. :boxing:
Ce qui est illusoire, selon moi, c'est de croire qu'on peut défendre efficacement ces revendications minimales auprés des classes populaires dans leur ensemble dans le but de construire ces luttes (ce qui est l'objet d'un tract de campagne comme celui là), en incluant le renversement de la bourgeoisie dedans...
akira1917
 
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Message par Puig Antich » 05 Juin 2007, 00:39

Je ne sais pas ce que Lénine ferait aujourd'hui, mais il me semble que pour lui la lutte politique contre le régime prime sur la lutte économique, et qu'il faut marteler qu'il faut le renverser pour obtenir des améliorations substantielles - et je ne pense pas que c'était spécifique au tsarisme, vu que les bolcheviks généralisent cette stratégie lors de la fondation de l'IC.. La lutte économique contre le patronat et le gouvernement, c'est le rôle des syndicats ouvriers, pas des partis révolutionnaires - ou du moins, pas essentiellement-, en théorie...

Il faudrait d'abord « reconstruire le mouvement ouvrier », pour « atteindre la bipolarisation », qui nous permettrait seulement ensuite de poser la question de renverser la bourgeoisie. Moi je pense que ça marche dans l'autre sens. Qu'on ne peut pas reconstruire le mouvement ouvrier uniquement en le nourrissant de revendications immédiates, sinon on construit juste un édifice fragile....

En plus, il y a beaucoup de gens qui partent du point de vue que le système étant capitaliste, il est normal que ce qui se passe se passe, que leurs profits valent plus que nos vies., qu'à quoi bon se battre vu que pire ou un peu moins pire, au final... Et je trouve qu'il est difficile de répondre à cet argument, pas seulement individuellement mais à l'échelle sociale, si on ne dit pas clairement qu'on veut changer de régime politique, et qu'on pense que les travailleurs sont en capacité de le faire.

Je pense qu'on doit avancer à visage découvert et dire ce qu'on veut. Le pouvoir aux travailleurs, un programme de transformation socialiste de la société avec réduction massive du temps de travail, égalité des droits entre tous, un programme international qui tend la main aux opprimés, etc. Pas seulement des objectifs revendicatifs, mais un changement de régime.

edit : Au demeurant c'est ce que dit Arlette dans son discours de la fête quand elle dit que l'impérialisme n'est pas réformable.
Puig Antich
 
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Message par piter » 05 Juin 2007, 10:49

d'accord avec Puig.
il ne s'agit pas seulement de reconstruire le mouvement ouvrier mais de le reconstruir sur des bases révolutionnaires. (quel interet à reconstruire une bonne vieille social-democratie à la papa Kautsky?)

puisqu'il est ici question de Lénine, il considérait que la constitution du prolétariat en classe et donc en parti impliquait aussi son développement en classe révolutionnaire.

et toute lutte de classe étant une lutte politique (ne devenant lutte de classe en tant que telle que lorsqu'elle devient lutte politique), pour que le prolétariat devienne capable de mener la lutte en tant que classe il doit non seulement mener la lutte pour les revendications économiques mais aussi se confronter politiquement aux classes dominantes et à leur Etat (c'est tout le sens de sa polémique avec les "économistes", cf, once again, Que faire?).

Lénine considérait aussi que c'est en se faisant l'élément avancé de la lutte contre toutes formes d'oppression que le prolétariat (classe qui est la plus révolutionnaire parce qu'elle ne peut s'émanciper qu'en émancipant la société de la division en classe et de toute oppression) peut s'élever à la conscience de son role révolutionnaire et agir en tant que tel. c'est dans cette perspective qu'il fixe au mouvement ouvrier russe la lutte politique (et en particulier à l'époque et au moins en Russie la lutte pour la démocratie, maintenant il faudrait dire autrement, en tout cas préciser) comme priorité.
piter
 
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