("Le Monde" a écrit :A Lutte ouvrière, Arlette Laguiller n'a toujours pas de remplaçante
LE MONDE | 26.05.07 | 12h51 • Mis à jour le 26.05.07 | 12h52
C'était sa dernière campagne présidentielle mais pas son dernier tour de piste. Arlette Laguiller devait une fois de plus veiller aux destinées de la fête de Lutte ouvrière, samedi 26, dimanche 27 et lundi 28 mai à Presles (Val-d'Oise), en tenant les traditionnelles trois allocutions politiques du rendez-vous annuel de l'organisation trotskiste.
La candidate de LO avait précisé dès son entrée en campagne que cette sixième candidature serait l'ultime. Elle voulait "laisser la place à une plus jeune". Plus jeune et femme, forcément pour garder cette primeur d'être l'organisation qui a présenté la première candidate à l'élection présidentielle, en 1974. Et montrer qu'à LO le féminisme se traduit par des actes.
Six jeunes femmes ont été successivement mises en avant par la direction. Ce fut d'abord Nathalie Arthaud, enseignante à Lyon, présentée dès le mois de décembre 2005. Puis trois autres héritières potentielles furent mises en scène à la fête de juin 2006. Farida Megdoud, professeur de la région Centre, Valérie Hamon, conductrice de train en Bretagne et l'enseignante marseillaise Isabelle Bonnet. Enfin, deux autres porte-parole régionales, elles aussi enseignantes, sont sur les rangs : Marie Savre (Auvergne) et Saura Torremocha (Midi-Pyrénées).
L'urgence de présenter un nouveau visage s'était fait sentir au lendemain de la présidentielle de 2002, lorsque le nouveau venu Olivier Besancenot avait talonné la porte-parole de LO. Mais, en l'absence d'une autre figure crédible, l'organisation décidait de présenter encore une fois Mme Laguiller. Mais il semble qu'Arlette ait raté sa sortie : avec 1,34 % des suffrages, elle a été largement distancée par son alter ego Besancenot.
Et, pourtant, toujours pas de remplaçante en vue. L'identification d'"Arlette" - et son fameux "travailleuses, travailleurs" - avec l'organisation est telle que les dirigeants de LO sont dans l'incapacité de choisir celle qui prendra sa succession. Ces derniers assurent qu'ils ont le temps, que la question ne sera tranchée que deux ans avant l'échéance de 2012.
Entre-temps, à chacune des remplaçantes potentielles de faire ses preuves. Dans un drôle de casting, les six postulantes, toutes candidates aux législatives, devront démontrer lors des émissions de télévision ou de radio si elles "passent", explique George Khaldy, membre de la direction. "Il faut que les camarades se forgent une opinion sur les performances des unes et des autres. Mais il peut y en avoir d'autres qui émergent", ajoute-t-il.
En attendant, "Arlette" entend toujours "jouer un rôle". Samedi, devant ses troupes, elle devrait reprendre ses diatribes préférées contre "les profiteurs". Et marteler que, gouvernement Sarkozy ou pas, "rien n'est perdu pour le monde du travail" : "On est capable de faire reculer des gouvernements comme en 1968 et en 1995."
Sylvia Zappi
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