(Reuters a écrit :Jean-Michel Baylet veut créer "un grand parti radical au centre"
PARIS (Reuters) - Le président du Parti radical de gauche (PRG) Jean-Michel Baylet a annoncé, à l'issue d'un entretien avec Nicolas Sarkozy, son intention de créer "un grand parti radical du centre" après les élections législatives.
Cette initiative a immédiatement déclenché une réaction négative du Parti socialiste, avec lequel le PRG a signé un accord électoral pour les élections législatives de juin, mais a été saluée par l'autre Parti radical, associé à l'UMP.
"Il faut constituer dans ce pays une grande force centrale", a déclaré Jean-Michel Baylet à l'issue de son entretien de 45 minutes avec le nouveau président de la République dans ses locaux provisoires du 35, rue Saint-Dominique, à Paris.
"Il est des radicaux de gauche qui sont la droite de la gauche. Il est des radicaux de droite qui sont la gauche de la droite", a-t-il expliqué. "Je pense que nous avons des choses à faire ensemble."
Il a précisé qu'il prendrait des initiatives en ce sens après les élections législatives des 10 et 17 juin.
Un peu plus tard, invité sur Public Sénat, Jean-Michel Baylet a déclaré qu'il avait parlé de ce projet le jour même, par téléphone, avec le ministre du Travail et de la Cohésion sociale Jean-Louis Borloo, pressenti pour un poste important dans le premier gouvernement de Nicolas Sarkozy.
Jean-Louis Borloo est également co-président du Parti radical Valoisien, parti associé à l'UMP.
Jean-Michel Baylet, qui a soutenu, avec son parti, la candidate socialiste Ségolène Royal lors de l'élection présidentielle, a estimé que son projet ne remettait pas en cause son accord avec le PS pour les législatives.
"Je ne suis pas en train de vous dire 'nous changeons de camp', je ne suis pas en train de vous dire 'je renie le passé', je suis en train d'essayer de tracer des lignes pour l'avenir", a déclaré le président du PRG, qui dit vouloir reconstituer un "grand parti radical".
"Je constate qu'après cette élection (présidentielle) les choses ne seront plus les mêmes, les frontières sont en train de bouger", a-t-il fait valoir.
LE PS DEMANDE DES EXPLICATIONS
"Quand je vois que le PS négocie des désistements électoraux avec l'UDF de François Bayrou, quand je vois que Nicolas Sarkozy apparemment a obtenu l'accord d'un certain nombre de socialistes pour être dans son gouvernement, je me dis que les radicaux doivent jouer tout leur rôle", a-t-il insisté.
Il faisait allusion à Bernard Kouchner, qui aurait accepté le portefeuille des affaires étrangères, et à Hubert Védrine, qui a également été approché par Nicolas Sarkozy mais dont on ignore encore la réponse.
Le Parti radical valoisien a fait savoir par un communiqué que Jean-Louis Borloo entendait répondre "à la main tendue de Jean-Michel Baylet".
Le co-président du Parti radical "y voit le signe d'un possible rassemblement historique entre les deux courants du radicalisme, au centre de la vie politique française, qu'il a toujours appelé de ses voeux", lit-on dans le communiqué.
Il dit vouloir "tout mettre en oeuvre" avec l'autre co-président du Parti radical valoisien, André Rossinot, et leur bureau politique, pour réunir, "dans un processus interne aux partis", les deux formations "autour des valeurs républicaines humanistes et européennes" qui les "rassemblent".
Le PS a pour sa part demandé des explications.
"Nous allons en rediscuter avec Jean-Michel Baylet pour qu'il précise qu'elle est son intention", a déclaré Stéphane Le Foll, directeur de cabinet du premier secrétaire du PS, François Hollande, à l'issue du bureau national du parti.
Stéphane Le Foll a rappelé que l'accord électoral du PS avec le PRG portait sur 33 circonscriptions : "On ne pourra pas accepter de flou, il faut être clair vis à vis des électeurs."
Il a ajouté que le bureau national du PS dénonçait le "débauchage" de personnalités de gauche tenté par Nicolas Sarkozy : "Il n'y a pas d'ouverture, c'est un masque qu'il est en train de mettre, c'est un écran de fumée qu'il essaie de mettre en place pour tenter d'écrabouiller tout ce qui pourrait être l'opposition à sa politique demain, à l'Assemblée nationale, et gagner une majorité absolue."
Tout cela n'est que "manoeuvre" pour "laminer la gauche aux législatives", a pour sa part dénoncé la députée PS Elisabeth Guigou, sur France Info.