OUI c'est du couper coller...J'ai trouvé ce message amusant venant d'ailleurs de militants qui le diffusent très largement....
J'y serai allé plus franco
a écrit :Ségolène Royal, Démocratie, citoyenneté, consumérisme politique, individualisme
Jurys populaires de Ségolène Royal : une démocratie individualiste et consumériste
Démocratie du peuple ou démocratie des individus-consommateurs ?
A priori, l’idée qu’un panel d’électeurs ait à juger des politiques mises en oeuvre par les femmes ou hommes qu’ils ont élus, ainsi que de la façon dont ces derniers exécutent ces politiques, est une idée fort séduisante. Elle a quelques-une des couleurs de la démocratie participative. Mais...
L’idée est séduisante. N‘est-il pas devenu stéréotypique de s’émouvoir de l’écart qu’il y a aujourd’hui entre les discours préélectoraux et la gestion post-électorale des affaires ? De cancaner sur les promesses non tenues, voire sur les spectaculaires retournements de vestes (Mitterand en 1983, Chirac en 1995...), ces retournements qui donnent à penser de la conduite des affaires qu’elle est en train de se faire au profit de ceux qui ont perdu l’élection. C’est donc vrai qu’en première réaction, on devrait applaudir à la proposition de Madame Royal. D’autant plus que cette proposition a quelques-unes des couleurs chatoyantes de la démocratie participative et que cette élue s’est fait une réputation d’autorité mais aussi de promotrice de la démocratie locale [1].
Elle n’en a que quelques couleurs et l’enchantement ne dure pas au-delà de la première réaction. Et c’est en cela qu’elle est selon certains « populiste », ce terme convoyant trop souvent l’idée que le peuple est sensible aux affiches en couleurs et ne va pas au-delà d’une première réaction [2] Mais même si on poursuivait l’analyse, ce n’est pas tant le terme de citoyenneté qui devrait venir à la surface, ce serait bien plutôt le terme de consumérisme.
quelques problèmes pratiques et constitutionnels
1.-De quel concept doit être dotée la personne participant à un jury populaire ? Dans une élection, l’électeur est doté du concept de citoyen en tant qu’il est appelé à se prononcer sur les politiques à mettre en œuvre, mais aussi en tant qu’il appartient à un groupe ou une catégorie : en tant que Français (suffrage universel), en tant que varois (élection législative), en tant que Barjolais (élection municipale)... en tant que salarié de la SNCF (élections professionnelles), en tant que Maître de conférences (élection d’un conseil d’université) etc. La citoyenneté impose une parole institutionnellement reconnue comme relevant d’une appartenance. Elle implique la gestion des intérêts collectifs de la catégorie ou du groupe. C’est ce qui implique aussi que le fameux « tirage au sort » se fasse dans les listes électorales qui portent tous ceux qui ont le « droit » à la parole et qui ont demandé d’exercer ce droit.
2.- Je m’interroge ensuite sur la légitimité qu’il y a à faire contrôler le travail d’hommes ou femmes politiques par des gens qui ne les ont pas élus. En toute rigueur, un élu applique, au service de l’intérêt général, une politique qui a fait débat, à laquelle adhérait une partie de l’électorat, alors qu’une autre partie de cet électorat n’y adhérait pas. Un jury populaire doit-il être le lieu d’un deuxième ou d’un troisième tour ? À moins qu’il ne contiennent que des gens ayant voté pour l’équipe en place. Ce ne semble pas être la proposition de Madame Royal puisqu’elle avance l’idée d’un tirage au sort. Or le point I et le point 2 pris ensemble conduirait à une violation de l’un de nos dogmes (auquel je n’adhère d’ailleurs pas toujours) : le secret du vote.
3.-Quelle serait la portée institutionnelle des avis des jurys. Que faire de ce jury populaire qui a classé tout en bas de classement la députée Royal sur les critères de sa présence à l’assemblée nationale et du travail qu’elle y accomplit ? Doit-on incontinent la jeter comme une malpropre de l’Assemblée Nationale ? Ou doit-on laisser les électeurs tirer le parti qu’ils veulent de ce torride classement ? Des avis qui ne sont pas immédiatement suivis d’effet ont peu de chances d’être un jour utiles. Je me demande même si la presse en rendrait régulièrement compte, sauf lorsqu’il s’agirait de défendre ou de massacrer un candidat. Ils risqueraient de n’avoir d’efficace que pour des petites phrases et ne pas servir les intérêts du débat démocratique.
le citoyen, la citoyenneté et le consommateur
Mais autant le dire, c’est surtout l’idée d’un tirage au sort qui me semble une véritable perversion individualiste de la pensée politique. La citoyenneté s’est affirmée dans l’Histoire comme la revendication d’une parole, et, comme je viens de le dire, de la revendication d’une parole en tant que membre d’un quelconque corps dont on est sensible aux intérêts. Attribuer la citoyenneté à une personne qui ne revendique pas cette parole en tant que membre d’un corps est une perversion de l’idée même de citoyenneté. Pourquoi ?
Parce qu’elle revient à mettre de côté le caractère toujours polémique des prises de positions politiques. Un individu tiré au sort n’aurait de légitimité politique que dans une abstraction : l’exercice d’une sorte de faculté châtrée de toute dimension polémique qu’on appellerait le « bon sens politique » ou l’universelle sagesse de ceux qui n’ont pas de parti.
Elle fait du citoyen un sondé ou un individu. Ce n’est pas pour rien que l’idée de Jurys tirés au sort est empruntée aux méthodes du marketing. Certes, l’esprit post-révolutionnaire a déployé tout un appareillage pour mettre l’individu au premier plan de la scène politique [3]et même de le mettre à la place du citoyen. Mais qu’est-ce, politiquement, qu’un individu dépourvu des attributs de la citoyenneté ? Ô, ce n’est pas rien : c’est un consommateur. Un consommateur qui ne réagit pas aux intérêts du corps dont il est membre, mais, et on appelle ça, en économie libérale, la rationalité, à ses propres intérêts individuels. C’est sans doute cela, le populisme, prendre les gens non pour des êtres politiques, mais pour de simples individus ne pensant qu’à leurs intérêts, c’est-à-dire pour de simples consommateurs. Aussi bien, lorsque Ségolène Royal, retrouvant les mots d’ordre de Robespierre, affirme qu’il ne faut pas avoir peur du peuple, devrait plutôt dire qu’il ne faut pas avoir peur des individus-consommateurs et de leur rationalité d’individus-consommateurs. Sa démocratie n’est pas une démocratie du peuple. C’est une démocratie individualiste et consummériste. Elle colle parfaitement à la téléréalité où parlent des « individus » et aux émissions télévisuelles d’achats-concours où s’éclatent des consommateurs vigilants.
Je préfère encore, et je l’avoue, le peuple de Robespierre.
[1] Voir mon article sur la démocratie participative dans Sciences de la Société de novembre 2006. Et mes vues sur l’autogestion dans mon livre Les Illusions libérales, individualisme et pouvoir social
[2] Position dans laquelle sont d’ailleurs mis les répondants à un sondage puisqu’on leur pose une question sans qu’ils aient la possibilité d’élaborer leur réponse dans un débat comme ils peuvent le faire, notamment, dans le cas d’un référendum.
[3] Le suffrage universel individuel était déjà un élément de cet appareillage.
a écrit :Travailleuses, travailleurs, camarades et amis,
Ainsi donc, c’est Ségolène Royal qui a été choisie par les militants du Parti socialiste pour les représenter à l’élection présidentielle. Ils l’ont fait avec une très nette majorité de plus de 60 %. En choisissant Ségolène Royal, qui dépassait de très loin ses concurrents également dans les sondages concernant au-delà des rangs du parti, le Parti socialiste s’est donné une candidate susceptible, peut-être, de remporter l’élection présidentielle.
Mais est-ce que pour autant l’électorat populaire peut espérer que Ségolène Royal a les moyens de s’attaquer à la solution de ses problèmes réels ? Est-ce que l’électorat populaire peut espérer que, si elle est élue, elle pourra faire reculer le chômage, voire le faire disparaître ? Est-ce qu’il peut espérer que l’État consacrera désormais à l’Education nationale les sommes nécessaires pour qu’elle puisse assurer à tout un chacun, et en particulier dans les quartiers populaires, une éducation convenable ? Est-ce qu’il peut espérer que sera assuré pour tout un chacun un logement correct ?
Est-ce que les travailleurs peuvent espérer de ne plus vivre sous la menace permanente d’un licenciement collectif, d’un plan social ou d’une délocalisation ? Est-ce que les jeunes du monde du travail auront l’espoir de commencer leur vie active autrement que comme chômeur ou, au mieux, en galérant d’emploi précaire en emploi précaire ?
La réponse n’est malheureusement que trop claire, et c’est non seulement parce le Parti socialiste, on l’a vu au pouvoir sous Mitterrand et sous Jospin sans que s’arrête la dégradation des conditions d’existence des travailleurs et sans que les travailleurs soient un tant soit peu protégés par le gouvernement.
Mais, aussi, en écoutant ce que disait SÉGOLÈNE ROYAL pendant la campagne précédant le vote du Parti socialiste. Oh, elle a tenu quelques propos généraux du genre « revaloriser le pouvoir d’achat des petites retraites sera une de mes priorités » ou, encore, assurant les enseignants de ses préoccupations à leur égard. Et les rares fois où elle a été concrète et où elle a fait preuve d’originalité, il n’y a pas eu lieu de s’en réjouir. On ne peut pas dire que l’encadrement militaire des jeunes délinquants ouvre un espoir devant les classes populaires. Pas plus que les enseignants n’ont à se féliciter de l’idée, formulée il est vrai en cercle restreint, de les obliger à passer 35 heures dans leurs établissements. Car, tout de même, si des enseignants manquent, et de façon catastrophique, dans les écoles des quartiers populaires, il faudrait en former et en embaucher en nombre suffisant, au lieu de faire travailler davantage ceux qui sont déjà embauchés.
Alors que Ségolène Royal se veut proche des préoccupations concrètes, elle n’a pris aucun engagement concret que les classes populaires pourraient lui rappeler une fois qu’elle sera élue. Elle se garde bien de s’engager à revenir même sur les mesures les plus anti-ouvrières du gouvernement de droite actuel.
Et, surtout, il n’a jamais été question dans les discours de Ségolène Royal de s’en prendre à ceux qui tiennent les cordons de la bourse, à ceux qui dirigent les entreprises en monarques absolus, à ce grand patronat qui dirige souverainement toute l’économie, c’est-à-dire toute la société.
Or, ne rien dire à ce sujet signifie que les déclarations d’intention de Ségolène Royal ne seront suivies d’aucun effet, qu’elles ne sont que des phrases creuses de politicienne.
Je sais bien cependant que, si Ségolène Royal a une chance de l’emporter à la présidentielle qui vient, cela ne vient pas de ce qu’elle dit ou de ce qu’elle ne dit pas, mais bien plus de ce que dit et fait Sarkozy, et plus généralement le gouvernement de droite en place...
Retour vers Politique française
Utilisateur(s) parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 12 invité(s)