a écrit :A Paris, Olivier Besancenot revendique "le droit à l'utopie"
PARIS (Reuters) - A trois jours de la fin d'une campagne de premier tour "déjà gagnée, quel que soit le score", Olivier Besancenot a revendiqué mercredi lors de son dernier meeting parisien "le droit à l'utopie" et présenté l'option LCR comme un "vote utile pour préparer les luttes de demain".
Devant plusieurs milliers de personnes réunies en soirée à la Mutualité - 4.000 selon des cadres de la Ligue communiste révolutionnaire qui ont parlé d'un record depuis 1968, le candidat trotskyste a étrillé les capitalistes ("race de vautours" ou "race de vampires") et réservé ses meilleures flèches à Nicolas Sarkozy, dont le nom a plusieurs fois été hué.
Mais le facteur-candidat n'a épargné aucun des quatre favoris du scrutin, accusés de courir les uns après les autres. Il a pointé "un double dialogue à distance à coup de 'je t'aime moi non plus'" entre Jean-Marie Le Pen et Nicolas Sarkozy d'un côté, et Ségolène Royal et François Bayrou de l'autre.
"Le vote utile à gauche, ce n'est pas seulement de penser au second tour mais de penser aux cinq années à venir", a-t-il déclaré. "Le rapport de forces global des cinq prochaines années ne sera pas le même si l'option d'une gauche indépendante du PS se compte par milliers ou par millions de voix".
Citant tour à tour Auguste Blanqui, Malcom X ou Louise Michel au cours d'une envolée d'une heure et demie à la tribune, le porte-parole de la LCR a jugé que la grande gagnante du scrutin serait la présidente du Medef, Laurence Parisot.
"Moi je fais toujours la différence entre la gauche et la droite, mais ce n'est pas le cas des deux principaux candidats", a-t-il dit, en signalant que Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy parlaient tous les deux de "réhabiliter la valeur travail".
"Les salariés ne parlent pas de valeur travail, ils parlent du droit de pouvoir bosser", a-t-il lancé.
"ET UN, ET DEUX, ET 300 EUROS"
Peu avant, Eric Guérinaud, employé de PSA-Citroën, était venu raconter les six semaines de grève sur le site d'Aulnay.
"La minorité dominante doit subir la colère d'une majorité invisible, dont nous faisons partie", avait-il dit.
"Plus que jamais on est révolutionnaires", a renchérit le candidat, ulcéré de voir récupéré le thème de la rupture.
"La rupture, c'est de maintenir l'idée qu'une autre société que le capitalisme est possible. Si l'utopie, c'est de se remuer les méninges pour savoir ce à quoi peut ressembler la société de demain, alors on le revendique ce droit à l'utopie", a-t-il dit.
Dans la salle, les drapeaux rouges s'agitent. Quelqu'un, dans le public, crie "merci". Au-dessus, des banderoles reprennent le slogan de campagne: "notre avenir vaut plus que leurs profits".
"Mais on nous dit que si on applique ce que dit Besancenot, les très, très riches vont partir, comme Johnny", a ironisé le candidat. "Et après on appelle ça la fuite des cerveaux."
Interdiction des licenciements, gratuité des transports, partage du temps de travail, rétablissement de monopoles publics, contrôle des richesses... Olivier Besancenot a passé en revue les thèmes chers à la LCR.
"Et un, et deux, et 300 euros", scandaient en choeur les militants, en écho à une des proposition de réévaluer de 300 euros nets les salaires.
Premier candidat présenté par la LCR à une présidentielle depuis 1974, Olivier Besancenot avait créé la surprise en 2002 en recueillant 4,25% des suffrages, devant les communistes.
"Ni optimiste, ni pessimiste" quant à son score au premier tour, Olivier Besancenot s'est toutefois dit "super satisfait" d'une campagne "déjà gagnée quel que soit le score" de la LCR.
"Sans raconter d'histoire, on a une place politique qu'on a occupée dans cette campagne et qui dépasse même notre propre électorat", a-t-il dit aux journalistes. "Des tas d'électeurs de gauche disent qu'on a été utile pendant cette campagne."
Incapable de s'accorder de s'allier pour la présidentielle, l'extrême-gauche a fait campagne en ordre très dispersé.
S'il dit ne pas avoir d'adversaire "du côté de la gauche antilibérale", Olivier Besancenot a suggéré qu'il n'y aurait probablement pas de liste unitaire "à gauche de la gauche" pour les législatives, faute d'accord sur les rapports avec le PS.
En coulisse, Alain Krivine, porte-parole de la LCR, a confié que le parti trotskyste présenterait 450 listes en son nom. Mais que des listes unitaires verraient le jour, "dans quelques coins".