La vie des autres

[Ottokar]

les petits bourges paraissent être le sel de la terre. Ils sont ceux qui avaient légitimement droit au pouvoir. Contrairement aux autres, les bureaucrates staliniens qui ne sont que des parvenus.
Les litterateurs du pouvoir, les danseuses litteraires de Mme Honnecker, ne sont pas le peuple

c'est hélas le cas de 95 ou 99 % des films ! les petits-bourge font des films sur les petit-bourges, comme dans Sautet et compagnie. Des films se situant dans des milieux populaires, tu peux m'en citer beaucoup ?

Certes, l'oppression des intellectuels en ex-RDA n'est pas pire que la dictature subie par le reste de la population, d'autant qu'on les voit vivre dans un confort presque occidental, loin des conditions de vie des autres. Mais moi j'ai été touché par les personnages, le fait que même eux sont broyés par une machine épouvantable.

Ceq ui m'a un peu gêné c'est ce que l'auteur a voulu dire avec sa fin (prière de ne rien raconter) qui suggère que tout le monde n'était pas pourri, que même les bourreaux ont une âme, qu'il faut se réconcilier, voir sereinement le passé et pardonner les offenses... ?

[clavez]

Le point de vue du film est politique.
Il est de même remarquable que le seul traitre du film soit une femme.
Dans Good bye Lénine, on montrait bien que c'était les enfants de bureaucrates qui passèrent en masse à l'ouest.

[pelon]

Il est de même remarquable que le seul traitre du film soit une femme.

C'est plus compliqué que cela. Mais on ne va pas en discuter car sinon on va dévoiler la fin.

[bidule]

Ceq ui m'a un peu gêné c'est ce que l'auteur a voulu dire avec sa fin (prière de ne rien raconter) qui suggère que tout le monde n'était pas pourri, que même les bourreaux ont une âme, qu'il faut se réconcilier, voir sereinement le passé et pardonner les offenses... ?
Moi aussi, exactement.

Dans le cas où c'est la population qui aurait viré les bureaucrates de la RDA, elle aurait peut-être son mot à dire sur ces bourreaux qui ne sont au fond ni tout noir ni tout blanc, comme tout le monde.

Car quelle réaction auront toutes les victimes de ce personnage assez horrible de la stasi, ce robot brutal et froid qu'il est donc au début du film ? Pour un écrivain qui a toutes les raisons de lui être reconnaissant, combien qui auront des comptes à lui demander, à lui et au régime ?

Justement, la population n'est pas un "personnage" de ce film. (et je ne dis pas que les autres victimes auraient forcément demandé la tête du gentil méchant ou que c'est ce qu'il faut face à ce genre de personnage).

Et moi, je me suis demandée quel sort la société post RDA avait bien pu réserver au bureaucrate ministre qui a des problèmes sentimentaux et aucuns scrupules ?
Dans le film, il a l'air toujours en forme et bien placé. Tandis que l'agent de la stasi continue de purger la punition que la RDA avait décidé de lui infliger.

Finalemenet, rien ne semble avoir bien changé.

J'ai été moyennement convaincu par la leçon sur le bourreau qui devient humain - mais je ne nie pas le phénomène (sur ce sujet, il y a Blood diamond aussi), l'inverse arrive aussi... car je pense que ce n'est pas là vraiment l'objet du film. C'est l'abjection du régime plutôt le sujet du film. Mais dans le genre, on aurait pu faire le même film avec la CIA, les SS, la police française en Algérie, non ?
Le succès du film ne vient-il pas de ce qu'il s'agisse de la RDA ?

Mais comme la critique de la RDA ne se fait pas du point de vue de la population, ne reste-t-il pas à la fin l'anticommunisme, comme thème principal ?

[gipsy]

Dans la réalité, les bureaucrates du SED le parti dirigeant en allemagne de l'Est se sont reconverti dans le PDS, qui dirigent ou ont dirigé aujourdhui qq Länder avec le SPD.

[méchougue]

Moi aussi j'ai trouvé le film très bon, mais je me garderais bien d'interpréter la fin du film (ni de la raconter, rassurez-vous) dans le sens d'une réconciliation nationale bourreaux/victimes.

Au contraire les bureaucrates ont l'air de bien s'en sortir dans la réunification, et n'ont perdu ni leur arrogance ni semble-t-il leur aisance matérielle (reconvertis dans le successeur du SED, ou le SPD, ou la CDU, va savoir) ; on ne peut que les vomir, sûrement pas avoir envie de les pardonner.

De l'autre côté, les Ossies de base ont l'air d'avoir bien perdu au change, de galérer dans des petits boulots de merde, la vie ne semble pas forcément plus riante qu'avant.

Seulement il n'y a pas de nostalgie de la RDA (qui a peut-être été bien involontairement entretenue par le film Goodbye Lenin). Et c'est aussi un des mérites du film, on ressent profondément l'abjection des "démocraties populaires".

Mais bref, on trouve toujours un peu ce qu'on veut chercher.

[yannalan]

Je suis en train de relire "laSTASI et les intellectuels de Sonia Combes. Il semble que les officiers de la Stasi se reconvertissent assez bien dans les services psychologiques ou de relations humaines des entreprises...
Comme quoi le capitalisme sait apprécier l'expéreince..

[Vérié]

Je viens de voir ce film (en DVD), longtemps après les autres intervenants puisque le message précédent remonte... à mars.

Bon, je trouve que c'est un bon film : excellent scénario, bons acteurs ect. Mais je suis tout de meme beaucoup plus gêné que beaucoup d'entre vous par le contenu idéologique et politique :
-D'abord, c'est "un film de vainqueurs" réalisé après la défaite de la RDA. Imaginez les films qu'on va avoir sur Castro si le régime s'effondre...
-Pour l'immense majorité des spectateurs, c'est tout de meme "le communisme" qui est en cause. Le régime d'Allemagne de l'Ouest apparait comme infiniment supérieur, comme le "monde libre" etc. Pourtant, en Allemagne de l'Ouest, il y a eu aussi en son temps des interdits professionnels, le recyclage de tous les anciens nazis etc.
-Les intellos-artistes ont tout de meme le beau role. On pourrait croire que c'est l'art qui fait tomber le mur. C'est un peu se moquer du monde. J'aurais préféré une critique plus méchante de l'univers de l'intelligentsia, de son opportunisme etc.
- Certains aspects ne sont pas crédibles, telle la conversion humaniste du colonel de la Stasi, meme s'il y a beaucoup d'humour dans ses vrais-faux rapports. Le fait qu'il en soit réduit ensuite à distribuer des prospectus n'est pas crédible non plus : les ex-officiers de la Stasi sont très demandés par les services de sécurité des grosses entreprises...

Enfin, meme s'il est vrai que le film n'est pas caricatural, la RDA laissait tout de meme plus d'autonomie à ses intellos vedettes, voir l'exemple de Christa Wolf qui a trés bien réussi à continuer sa carrière après la chute du mur...