a écrit :Bon, il faudrait plus de concret dans tout ca. Tu impliques qu'il ne faut jamais appeller à voter pour un front populaire, ce qui n'est pas juste à mon avis. LO et la LCR ont appellés à voter la variante du front populaire à la Mitterand en 1981, et je crois que c'était la bonne décision à l'époque.
(AxelPersson @ samedi 3 mars 2007 à 01:05 a écrit : Turigliatto a démissioné du Sénat, il attend que la démission soit accepté. Entre temps, le vote de confiance a eu lieu ( il était donc obligé de voter, pour/contre/abstention ) - Turigliatto a dit qu'il allait voter la confiance mais refuserait de voter les crédits de guerre, la TAV ou la casse des retraites et de manière générale, l'orientation de Prodi. Son intervention au Sénat a été explicite : je ne voterai pas votre politique, quitte à faire chuter le gouvernement.
Sur ce même sujet, je n'ai toujours pas d'avis tranché. On fait quoi nous dans ce cas de figure ? Par exemple, LO et la LCR obtiennent des députés à l'Assemblée nationale. Ils sont fraichement investis et en mesure de faire tomber un gouvernement de gauche plurielle si ils refusent de voter la confiance dans les jours qui suivent. Bien sur, on refuse systématiquement de voter les politiques anti-ouvrières et on ne doit pas céder au chantage des directions partisanes, mais est ce que on vote la non confiance à ce gouvernement ou pas?
C'est, à mon avis, une mauvaise manière de se poser le probleme.
La situation italienne, ce n'est pas seulement, des deputés revolutionnaires, elu sur leurs programme, qui aurait a se poser la question. Ce sont des elus de Rifondazione qui se sont fait elire sur le programme de Rifondazione, qui est un programme qui va contre l'interet des travailleurs. Alors oui, en se faisant elire, ils savaient bien qu'il serait mis au pied du mur: allaient il srespecter le mandat des electeurs ou non ? C'est cela le vrai piege quand on abdique son independance politique. Tu ne peux pas defendre une orientation (battre Berlusconi par tout les moyens, y compris en soutenant un gouvernement bourgeois) et une fois elu defendre le contraire. C'est le meilleur moyen de ne pas etre compris des masses, de passer pour un traitre, un complice objectif de la droite, etc ...
Voilà le resultat de plusieurs années de travail dans Rifondazione, de fusion au sein de l'appareil. Le piege s'est lentement refermé sur ceux qui cherchaient des "mediations" vers le parti revolutionnaire. Le piege s'est refermé lentement mais surement sur les militants italien du SU. Une lecon a méditer.
J'esperes bien que si LO ou LCR avaient des elus, ce serait sur la base du programme qu'ils defendent: Representer les interet politique du monde du travail, en toute independance des appareils. Battre la droite sans signer un cheque en blanc à la gauche. Si tu defend cette orientation dans une campagne, le mandat qui est donné aux elus est clair, et en ne se comprommetant pas par le vote de la confiance, tu ne trahis pas le mandat donné par les electeurs, au contraire, tu le respecte.
a écrit :Quelques précisions sur la stratégie de Sinistra Critica
Le "non" de Turigliatto et des camarades italiens a rencontré une vague de soutien important au sein de Rifondazione mais aussi au sein du mouvement social (d'ailleurs, grâce au soutien involontaire de la majorité de Rifondazione qui, en l'excluant de manière express, a bien fait preuve de sa capitulation sur toute la ligne à Prodi et à l'alliance de centre-gauche). Cela dit, ces messages de soutien pour une "régénération" politique du PRC des ailes critiques et radicales du mouvement social et syndical s'accompagnaient aussi de positions bien plus mitigés sur le retour plausible de Berlusconi au pouvoir, non pas tant parceque Prodi mérite un quelconque soutien (les communautés de vue sont bien nombreuses) que parceque Berlusconi est le représentant quasiment organique de la bourgeoisie italienne.
La décision adopté par les camarades italiens a donc été de voter la confiance à Prodi mais en se donnant trois axes d'intervention au sein du parti et vis à vis plus largement du prolétariat italien: le retrait de l'armée italienne de l'Afghanistan, le rejet de la réforme des pensions et le rejet du projet du TAV (cheval de bataille des rouges-verts). Sur ces sujets, Turigliatto et Cannavo se sont engagés publiquement à voter à nouveau non dans la Chambre de Députés et dans le Sénat. En outre, la stratégie de sortie du PRC s'accèlère. Après la création d'une association "Sinistra Critica" (de facto, une fraction permanente au sein du PRC avec aussi une politique vis à vis de l'extérieur), Cannavo et les autres membres de la direction nationale du PRC qui se réclament de Sinistra Critica décident de boycotter désormais les réunions du groupe parlementaire et les instances de directions du parti et déclarent vouloir mener "una bataille d'opposition au sein du parti". Ils disent assez explicitement que cette bataille de fraction passe par le renforcement et la construction de l'association Sinistra Critica, et demandent en outre la réalisation d'un congrès extra-ordinaire:
http://www.errenews.altervista.org/modules...article&sid=471
Sans aucun doute, cette orientation peut être qualifié d'opportuniste par les marxi-trotsko-dinosaures et sans aucun doute, elle l'est. Mais n'oublions pas que Sinistra Critica est un groupe de 250 personnes dans un parti de plus de 90.000 adhérents (presque 100.000) et qu'il se trouve dans une situation où elle peut faire tomber un gouvernement pour faire revenir un dirigeant comme Berlusconi, sans pour autant être capable aujourd'hui de proposer une alternative crédible aux travailleurs. Car, qu'on le veuille ou non, la question est aussi de savoir comment peut en faire entendre à une échelle de masse qu'il est nécessaire de rompre avec le gouvernement Prodi/Bertinotti, quitte à le faire tomber, parcequ'il mène une orientation de capitulation/ralliement à la bourgeoisie. Cette situation d'isolement est à prendre en compte et je vous rappelle qu'une des ailes gauches du PRC a déjà fait scission et alors qu'elle pesait 6.5% dans les débats internes (soit autant que Sinistra Critica), elle est partie à 300 personnes, séparés en deux groupes hostiles, et dans l'indifférence la plus générale des militants du PRC (ce qui est grave) mais aussi des travailleurs organisés, ce qui est autrement plus grave.
La conclusion que je tire de cette expérience est celle de la nécessité d'un combat de fraction, intégrant des couches plus larges que celles strictement de Sinistra Critica et ouvrant sur la rupture d'une fraction relativement conséquente du PRC (parceque même si le combat sera mené au nom de la régénérescence du PRC et du retour à un mythique programme originel, tout le monde sait d'avance que ca va finir en une scission). Pour ce faire, il faut mener une bataille publique et sur des points de clivage fort qui vont démontrer aux masses la rupture (l'inconséquence?) entre Bertinotti/Prodi et un programme de lutte de classes offensif (réforme des pensions, TAV, Afghanistan). Sur ce sujet, les camarades de Sinistra Critica mènent ce combat. A défaut de faire un discours dans le Sénat, Franco Turigliatto a pu s'expliquer en long, large et en travers dans tous les grands médias italiens sur sa décision et son clash avec la direction du PRC. Je vous conseille d'aller sur google.it, puis news, puis taper Turigliatto et afficher les réponses par date. Comme ca, vous aurez toutes ses déclarations. Son explication me paraît claire et pédagogique d'un point de vue de masse: celui de la rupture entre le PRC et le programme de ses origines et la nécessité de voter selon sa conscience des positions inadmissibles pouir une coalition de gauche (soit dit au passage, exactement la même position et le même argumentaire qu'Heloisa Helena). Les camarades de Sinistra Critica (Cannavo, Malabarba, Flavia d'Angeli, Turigliatto) ont fait une conférence de presse (avec énormement de monde et de journalistes) pour présenter d'ailleurs leur orientation et dénoncer Prodi et son nouveau programme comme une capitulation à l'Eglise, la Cofindustria (Medef) et les USA. Avec les moyens qu'ils se sont donnés et les actions qu'ils mènent, cette position qui peut paraître "schizophrène" me paraît honnêtement bien plus audible et compréhensible pour les travailleurs. Parcequ'il faudra un travail de maturation politique pour les amener (au moins un couche) à rompre avec Prodi/Bertinotti et je pense que le combat fractionel (n'aise pas d'ailleurs ce qu'on conseille pour le PAL?) est le lieu pour y parvenir.
Sur les perspectives de construction de quelque chose de "solide et sérieux", j'ai la certitude que sans ce combat de fraction, y compris avec le vote faux-cul (soit dit au passage, je trouve que le discours de Turigliatto au Sénat a quand même de la gueule: http://www.errenews.altervista.org/modules...rticle&sid=469), on ne pourra simplement rien construire parceque Sinistra Critica serait parti dans l'indifférence et/ou l'hostilité générale. On le sait parceque c'est déjà arrivé pour Progetto Communista. En menant ce travail de fraction, je pense au contraire que Sinistra Critica peut dégager du PRC une couche de militants sincères (ne nous faisant pas d'illusions, un milier tout au plus) mais ce qui est plus important, elle pourrait partir avec un vrai courant de sympathie dans le mouvement ouvrier organisé. De ce point de vue, ce serait un saut qualitatif dans la construction de la section italienne de la IV Internationale et dans la reconstruction de la gauche anticapitaliste dans le pays. Que ce combat aboutisse sur une victoire ou une défaite, les camarades mènent publiquement une bataille de fraction pour préserver un programme réellement anticapitaliste et pour organiser des gens contre la droite et la gauche qui capitule.
La revue de presse d'aujourd'hui: http://www.errenews.altervista.org/modules...article&sid=470
a écrit :La situation italienne, ce n'est pas seulement, des deputés revolutionnaires, elu sur leurs programme, qui aurait a se poser la question. Ce sont des elus de Rifondazione qui se sont fait elire sur le programme de Rifondazione, qui est un programme qui va contre l'interet des travailleurs. Alors oui, en se faisant elire, ils savaient bien qu'il serait mis au pied du mur: allaient il srespecter le mandat des electeurs ou non ? C'est cela le vrai piege quand on abdique son independance politique. Tu ne peux pas defendre une orientation (battre Berlusconi par tout les moyens, y compris en soutenant un gouvernement bourgeois) et une fois elu defendre le contraire. C'est le meilleur moyen de ne pas etre compris des masses, de passer pour un traitre, un complice objectif de la droite, etc ...
Voilà le resultat de plusieurs années de travail dans Rifondazione, de fusion au sein de l'appareil. Le piege s'est lentement refermé sur ceux qui cherchaient des "mediations" vers le parti revolutionnaire. Le piege s'est refermé lentement mais surement sur les militants italien du SU. Une lecon a méditer.
a écrit :Sur les perspectives de construction de quelque chose de "solide et sérieux", j'ai la certitude que sans ce combat de fraction, y compris avec le vote faux-cul (soit dit au passage, je trouve que le discours de Turigliatto au Sénat a quand même de la gueule: http://www.errenews.altervista.org/modules...rticle&sid=469), on ne pourra simplement rien construire parceque Sinistra Critica serait parti dans l'indifférence et/ou l'hostilité générale. On le sait parceque c'est déjà arrivé pour Progetto Communista. En menant ce travail de fraction, je pense au contraire que Sinistra Critica peut dégager du PRC une couche de militants sincères (ne nous faisant pas d'illusions, un milier tout au plus) mais ce qui est plus important, elle pourrait partir avec un vrai courant de sympathie dans le mouvement ouvrier organisé. De ce point de vue, ce serait un saut qualitatif dans la construction de la section italienne de la IV Internationale et dans la reconstruction de la gauche anticapitaliste dans le pays. Que ce combat aboutisse sur une victoire ou une défaite, les camarades mènent publiquement une bataille de fraction pour préserver un programme réellement anticapitaliste et pour organiser des gens contre la droite et la gauche qui capitule.
(AxelPersson @ samedi 3 mars 2007 à 16:11 a écrit :a écrit :La situation italienne, ce n'est pas seulement, des deputés revolutionnaires, elu sur leurs programme, qui aurait a se poser la question. Ce sont des elus de Rifondazione qui se sont fait elire sur le programme de Rifondazione, qui est un programme qui va contre l'interet des travailleurs. Alors oui, en se faisant elire, ils savaient bien qu'il serait mis au pied du mur: allaient il srespecter le mandat des electeurs ou non ? C'est cela le vrai piege quand on abdique son independance politique. Tu ne peux pas defendre une orientation (battre Berlusconi par tout les moyens, y compris en soutenant un gouvernement bourgeois) et une fois elu defendre le contraire. C'est le meilleur moyen de ne pas etre compris des masses, de passer pour un traitre, un complice objectif de la droite, etc ...
Voilà le resultat de plusieurs années de travail dans Rifondazione, de fusion au sein de l'appareil. Le piege s'est lentement refermé sur ceux qui cherchaient des "mediations" vers le parti revolutionnaire. Le piege s'est refermé lentement mais surement sur les militants italien du SU. Une lecon a méditer.
(Rouge95 @ samedi 3 mars 2007 à 12:25 a écrit : Voici des éclaircissements concernant la stratégie des camarades de la IV en Italie:a écrit :Quelques précisions sur la stratégie de Sinistra Critica
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Sans aucun doute, cette orientation peut être qualifié d'opportuniste par les marxi-trotsko-dinosaures et sans aucun doute, elle l'est. .....
a écrit :
Le gouvernement Prodi et son chantage.
Après une semaine de crise, le gouvernement Prodi voulait prendre un nouveau départ le 28 février, après que le dirigeant du centre gauche italien eut posé la question de confiance au Sénat. Une semaine plus tôt, le 21 février, il avait annoncé sa démission à la suite d'un vote du même Sénat dans lequel il lui avait manqué deux voix.
La coalition de centre gauche dirigée par Prodi n'a gagné les élections du printemps 2006 que de justesse contre la coalition de droite dirigée par Silvio Berlusconi. Du fait de la loi électorale elle n'en a pas moins une majorité confortable à la Chambre, mais pas au Sénat, où chaque vote reste suspendu à l'attitude que prendront quelques sénateurs à vie, non élus, qui peuvent faire pencher la balance d'un coté ou de l'autre. Cette fois certains étaient absents et par ailleurs au sein de la majorité les voix de deux sénateurs ont manqué.
L'un d'entre eux, à qui les dirigeants de la coalition ont donc attribué la responsabilité de la crise gouvernementale, est Franco Turigliatto. Membre du Parti de la Refondation Communiste il appartient à la minorité, Sinistra critica (gauche critique) qui est liée au Secrétariat Unifié de la Quatrième Internationale auquel est liée la LCR en France. L'autre, Ferdinando Rossi, appartient à un autre parti, le Parti des communistes italiens. Jusque-là l'un et l'autre avaient voté avec le gouvernement, au moins chaque fois que leurs voix étaient nécessaires, y compris lorsque Prodi a fait adopter à l'automne un budget d'austérité dont les conséquences retombent sur les travailleurs et les couches populaires.
Cette fois cependant, le ministre des Affaires étrangères Massimo d'Alema voulait faire approuver la politique extérieure du gouvernement. Celle-ci comporte le maintien des troupes italiennes présentes en Afghanistan, et d'autre part l'agrandissement de la base américaine de Vicenza, dans le Nord de l'Italie, à la demande des États-Unis, deux mesures qui heurtent l'opinion de gauche. Les deux sénateurs ont donc déclaré qu'ils ne pouvaient approuver cette politique, sans doute sans penser causer la chute du gouvernement, d'autant plus qu'il ne s'agissait pas d'un vote de confiance qui aurait obligé Prodi à démissionner.
Celui-ci a cependant saisi l'occasion pour dramatiser l'enjeu, menaçant d'élections anticipées qui pourraient ramener au pouvoir la coalition de droite. Prodi a posé ses conditions pour reprendre sa démission : désormais, en cas de désaccord au sein de sa majorité, c'est lui et lui seul qui parlera au nom de celle-ci. Il a aussi obtenu le ralliement de quelques sénateurs du centre en rupture avec Berlusconi. Enfin, cet épisode a été l'occasion de clouer au pilori tous ceux qui pourraient critiquer le gouvernement Prodi sur sa gauche. Qu'il s'agisse de sa politique étrangère ou de sa politique sociale, celui-ci leur a dit clairement : c'est moi ou le retour de Berlusconi.
On ne sait pas encore si cela permettra à Prodi de se maintenir. Mais on ne voit pas pourquoi les travailleurs italiens devraient accepter, au nom de ce chantage, la politique antiouvrière et l'interventionnisme militaire de ce gouvernement.
André FRYS.
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