par laredorte » 02 Mars 2007, 09:17
jeudi 1 mars 2007, 12h40
Italie: Romano Prodi remis en selle, mais pour combien de temps?
Par Françoise MICHEL
ROME (AFP) - Le chef du gouvernement italien Romano Prodi a été remis en selle mercredi soir par un vote de confiance très serré du Sénat mais la presse et les experts doutaient déjà jeudi de sa capacité à durer au-delà de quelques mois.
Romano Prodi (67 ans) a obtenu 162 voix contre 157, exactement une semaine après un vote-sanction sur la politique étrangère provoqué par les défections de deux communistes qui n'avaient pas suivi la ligne de leur parti et de plusieurs sénateurs à vie.
Sans compter les quatre sénateurs à vie qui ont voté pour lui mercredi, Romano Prodi a sauvé sa tête grâce à deux élus, dont l'un recruté au centre par la majorité à la faveur de la crise politique. Ce résultat traduit un effritement de sa majorité, déjà très courte à la Chambre haute, qui est constituée d'une dizaine de partis allant des communistes aux centristes catholiques en passant par les Verts.
Lors du vote d'investiture du gouvernement en mai 2006 après la victoire de l'Union de la gauche aux législatives d'avril, 165 sénateurs contre 155 avaient soutenu la nouvelle équipe. "La coalition a survécu péniblement (...) La durée de ce gouvernement et de cette législature suscitent de sérieux doutes", soulignait jeudi le Corriera della Sera (modéré).
Le gouvernement, en place depuis 9 mois et théoriquement jusqu'à l'échéance électorale de 2011, n'aura pas le temps de souffler alors que se profile déjà le vote à haut risque sur le refinancement de la mission militaire en Afghanistan, probablement au cours de la première quinzaine de mars.
L'un des deux communistes "dissidents", Franco Turigliatto, a déjà averti mercredi soir que bien que votant la confiance, il refuserait de donner sa voix à "la guerre en Afghanistan". Le chef de l'opposition de droite Silvio Berlusconi a confirmé jeudi que son parti, Forza Italia, voterait le refinancement de la mission forte d'environ 2.000 soldats italiens, bien conscient de la situation embarrassante dans laquelle il va placer Romano Prodi sur un sujet aussi essentiel que la politique étrangère.
Après l'Afghanistan, le gouvernement devra attaquer le dossier brûlant de la réforme des retraites qui a déjà suscité la grogne des syndicats et des communistes et celui de la liaison à grande vitesse Lyon-Turin, dont le tracé est dénoncé par les populations locales, appuyées par les Verts. "La survie du gouvernement Prodi est une question de mois, peut-être moins. La majorité est trop étroite et on va doucement vers une solution provisoire", a déclaré l'ancien diplomate et historien, Sergio Romano.
Alors qu'aucun parti ne veut retourner aux urnes dans l'immédiat en raison de la loi électorale qui rend quasi-impossible une majorité claire au Sénat, le président de la République Giorgio Napolitano a laissé entendre sa préférence pour un gouvernement transitoire dont la tâche essentielle serait la réforme du système électoral.
En cas de "nouvel incident de parcours, l'unique solution sera un gouvernement constitué sur une base parlementaire large, capable de rédiger la nouvelle loi électorale et de conduire le pays aux urnes", soulignait aussi jeudi l'éditorialiste du quotidien économique Il-Sole-24 Ore, Stefano Folli.