a écrit :M. Prodi cherche à former un nouveau gouvernement
L'Italie est à nouveau plongée dans la crise politique. Romano Prodi a remis la démission de son gouvernement au président de la République italien, Giorgio Napolitano, mercredi 21 février, après avoir été mis en minorité au Sénat sur les orientations de sa politique étrangère.
La motion défendue par le chef de la diplomatie italienne, Massimo D'Alema, n'a obtenu que 158 voix alors que la majorité requise est de 160.
Conformément à la procédure, le chef de l'Etat l'a invité à expédier les affaires courantes en attendant la conclusion des consultations qu'il a entreprises, dès jeudi matin 22 février, auprès des chefs de partis et des plus hautes charges de l'Etat.
M. Prodi n'aurait pas exclu de se succéder à lui-même. La formation d'un gouvernement " Prodi bis " serait envisageable sous conditions, a fait savoir le porte-parole du président du Conseil sortant : " Il est prêt à rester premier ministre si, et seulement si, il a désormais la garantie d'avoir le plein appui de tous les partis du centre gauche ". Sans surprise, les formations réformistes de l'Olivier - essentiellement les Démocrates de gauche (DS) et la Marguerite - ont promis qu'ils voteraient la confiance à un nouveau gouvernement Prodi.
Le Parti de la refondation communiste (PRC) lui a également exprimé " son soutien et sa confiance inconditionnelle ", tandis que pour le Parti des communistes italiens (PDCI) " redonner le pays à la droite serait criminel ".
C'est pourtant des rangs communistes que sont venues les défections, un sénateur du PRC et un du PDCI ayant refusé de prendre part au scrutin. Les réactions plutôt fraîches à l'encontre des deux " dissidents " témoignent que la chute de l'exécutif n'est pas le fruit d'une volonté programmée, contrairement à 1997 et 1998 où " Il Professore " avait été mis sciemment en minorité par Refondation communiste, d'abord sur son projet de budget, puis sur un vote de confiance.
Cette fois, c'est la thèse de la " bavure " qui prévaut, la fragile majorité de centre gauche s'effondrant au moment où l'on s'y attendait le moins. L'éditorialiste d'Il Sole 24 Ore, Stefano Folli, l'un des observateurs les plus avisés de la vie politique italienne, expliquait le matin même à ses lecteurs " pourquoi le Sénat approuvera les orientations du ministre Massimo d'Alema en matière de politique étrangère ".
Selon lui, si le chef de la diplomatie italienne avait cru bon de dramatiser la situation en expliquant que " faute de majorité, le gouvernement rentrera à la maison ", c'est qu'il avait acquis la certitude d'un vote positif.
Un accident de parcours donc, qui renvoie au " péché originel " de cette majorité mal née, étroite et divisée. Ce qui s'est produit avec deux " irréductibles " de la gauche radicale à propos de la présence italienne en Afghanistan et l'agrandissement de la base militaire américaine de Vicence pourrait se répéter demain, de la part de sénateurs centristes, sur un sujet comme le " dico ", version italienne du pacs.
Voilà pourquoi Romano Prodi a décidé de rendre les clés de Palazzo Chigi, le Matignon italien, alors qu'il n'y était pas obligé, le vote au Sénat n'engageant pas la confiance.
Un gouvernement Prodi 2 sera-t-il moins fragile que l'actuel ? De nombreux commentateurs en doutaient, jeudi matin, se montrant pessimistes sur l'avenir de la coalition de centre gauche au pouvoir.
Le chef de l'Etat pourrait alors chercher d'autres voies pour sortir de l'impasse. La première consisterait à confier à une personnalité nouvelle le soin de former un exécutif.
A gauche toutefois, personne n'a la légitimité que Romano Prodi a hérité de la primaire d'octobre 2005, quand quatre millions d'électeurs l'ont désigné leader du centre gauche.
A droite, où Silvio Berlusconi, président de Forza Italia, et Gianfranco Fini, dirigeant d'Alliance nationale, ont aussitôt appelé à de nouvelles élections, l'unanimisme n'est plus de mise pour espérer former rapidement une nouvelle coalition apte à gouverner. Les centristes de l'Union des démocrates du centre (UDC) se sont à nouveau démarqués : " Il faut une trêve, un armistice ", a demandé leur chef, Pier Ferdinando Casini, en invitant le centre gauche à " s'asseoir autour d'une table " pour dénouer la crise.
Dernière hypothèse envisageable : la formation d'un gouvernement " technique " ou " institutionnel ", qui pourrait échoir par exemple à Franco Marini, le président du Sénat. Le temps de préparer des élections anticipées, et accessoirement de changer la loi électorale.
Celle-ci, voulue par Silvio Berlusconi à la fin de son mandat, a eu pour conséquence de " raboter " la victoire du centre gauche aux législatives d'avril 2006, mais elle ne satisfait pas non plus une grande partie de la droite. Un texte que son propre auteur, Roberto Calderoli, dirigeant de la Ligue du nord et alors ministre des réformes, avait qualifié de " cochonnerie ".
Jean-Jacques Bozonnet
Le camarade Turigliatto, militant de la section italienne de la IV Internationale, a démissionné du Sénat après avoir s'être abstenu sur ce vote. Une abstention qui a débouché sur la chute du gouvernement Prodi. Cette fois ci, nos camarades n'auront pas cédé au chantage des sociaux-traîtres impérialistes.
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