la toxicité du Round-up

Et lutte contre les pseudo-sciences et les obscurantismes

Message par canardos » 27 Jan 2007, 15:05

dans Liberaton trois articles:

deux article de 2005:

a écrit :

[center]Robert Bellé, responsable de recherches au CNRS sur l'impact sanitaire de l'herbicide:[/center]

[center]«Les risques de cancer sont avérés»[/center]

Par Eliane PATRIARCA
QUOTIDIEN : samedi 4 juin 2005

Depuis le dépôt de la plainte d'Eaux et Rivières, en 2000, plusieurs études scientifiques, contestées par Monsanto, ont été menées sur l'impact sanitaire du Roundup. Ainsi l'équipe de recherche «Cycles cellulaires et développement» du CNRS à Roscoff (Finistère) a mis en évidence le caractère potentiellement cancérigène de l'herbicide (1). Entretien avec le professeur Robert Bellé, responsable du programme.

Quelles sont les conclusions de l'étude ?

Nous avons utilisé le modèle marin de l'oursin (2). En plongeant des cellules d'oursin dans des solutions de Roundup, nous avons observé que ce produit retarde le mécanisme naturel de la division cellulaire. En fait, il provoque la mobilisation de ce qu'on appelle en biologie les «check points». Ce sont des mécanismes de contrôle des dommages de l'ADN qui ne s'activent qu'en cas de problème, et notamment face à des produits cancérigènes. Nous avons donc acquis la certitude que le Roundup risque de provoquer des cancers. Ce qu'on ne sait pas, c'est combien et quand.

Comment en savoir plus ?

A partir du stress initial d'une cellule, il faut quarante ans pour développer un cancer. Il faudra donc développer des études épidémiologiques mais nous manquons de recul : ces produits ne sont utilisés de façon massive en France que depuis quinze à vingt ans. Et puis il faudra parvenir à comparer des cohortes d'utilisateurs de Roundup, ou de personnes exposées, à d'autres cohortes exemptes de tout contact avec le produit.

En attendant, faut-il suspendre l'utilisation de ces herbicides ?

D'abord, il faut limiter les risques, en insistant sur les précautions d'utilisation et les moyens de protection. Les campagnes de publicité ont accrédité l'idée qu'il s'agit d'un produit inoffensif. Or il comporte des risques pour l'utilisateur et pour les personnes qui sont autour. Ce qui est dangereux, c'est de respirer les microgouttelettes de produits très volatiles. Une gouttelette peut affecter des milliers de cellules ­ il faut donc porter un masque. Il faut éviter de pulvériser lorsqu'il y a du vent pour limiter la dispersion des microgouttelettes. Le fond du problème pour toutes ces molécules synthétisées depuis une cinquantaine d'années, c'est de faire une juste évaluation des bénéfices et des risques.

(1) Etude publiée dans Chemical Research in Toxicology 2002 etToxicological Science 2004.
(2) Un modèle reconnu pour l'étude de la division cellulaire et honoré par un prix Nobel de médecine en 2001.




a écrit :

[center]Des troubles hormonaux suspectés[/center]

Par Eliane PATRIARCA
QUOTIDIEN : samedi 4 juin 2005

Publiée dans la revue Environmental Health Perspectives le 24 février, une étude met en évidence le caractère potentiel de «perturbateur endocrinien» du Roundup. Dirigée par Gilles-Eric Séralini, professeur de biologie moléculaire à l'université de Caen, et membre du Criigen (Comité de recherche et d'information indépendantes sur le génie génétique), elle a pris pour point de départ deux études épidémiologiques nord-américaines.

Menées en 1997 et 2004 auprès de couples d'agriculteurs utilisant des herbicides à base de glyphosate, le principe actif du Roundup, elles montraient un taux de troubles de la reproduction (avortements, naissances prématurées...) plus élevé que la moyenne. L'équipe de Caen a cherché à comprendre les mécanismes en jeu au niveau cellulaire. Des cellules dérivées de placenta humain ont été mises en contact avec des solutions de glyphosate ou de Roundup. Les deux se sont révélées toxiques pour les cellules, même à des doses très inférieures à celles utilisées par les agriculteurs pour leurs préparations.

Ils provoquent encore, à des seuils non toxiques, des perturbations de la synthèse des hormones sexuelles. Des troubles qui s'accroissent avec le temps d'exposition, la dose du produit mais aussi en présence des adjuvants qui composent le Roundup. «Le Roundup est plus toxique que le glyphosate seul», souligne Gilles-Eric Séralini. Ce qui doit inciter, selon lui, à réviser le processus européen d'homologation des pesticides dans lequel seule la toxicité du principe actif est évaluée précisément.



et un article dans le Libération d'aujourd'hui:

a écrit :

Pesticides. Le tribunal de Lyon vient de condamner le géant de l'agrochimie pour «publicité mensongère».
Monsanto mis à l'amende pour son Roundup



Par Eliane PATRIARCA
QUOTIDIEN : samedi 27 janvier 2007

C'est la victoire de David contre Goliath. Monsanto, le mastodonte de l'agrochimie, dont le siège français se trouve à Bron, dans la banlieue lyonnaise, était poursuivi pour publicité mensongère autour du Roundup, le désherbant le plus vendu au monde, par l'association Eaux et rivières de Bretagne (ERB). Vendredi à Lyon, Monsanto Agriculture France a été condamné à payer une amende de 15 000 euros. Le distributeur du Roundup, la société Scotts France, poursuivie pour les mêmes faits, a aussi été condamnée à une amende de 15 000 euros. Le tribunal correctionnel a également ordonné la publication du jugement dans le quotidien le Monde et dans Maison & Jardin Revue.

ERB avait déposé sa plainte en 2001, scandalisée par la campagne publicitaire déployée par Monsanto. Leader en France de la vente de pesticides aux particuliers, l'agrochimiste a bâti le succès de sa gamme phare sur une image «écolo». Qualifié dans les publicités de «biodégradable», le Roundup (une dénomination générique pour une gamme de produits) était aussi censé «respecter l'environnement», «laisser le sol propre».

Glyphosate. 

«En 2000, Monsanto s'est payé une grosse campagne de pub à la télé pour le Roundup. Nous, on venait d'obtenir les résultats d'études qui montraient la présence massive de glyphosate, la matière active du Roundup, dans les rivières bretonnes», se souvient Gilles Huet, délégué de l'association (1). Or le glyphosate est un produit dangereux pour l'environnement et la santé, dont la présence dans l'eau et les aliments est réglementée par de multiples textes français et européens. En 2001, il est classé par la Commission européenne comme «toxique pour les organismes aquatiques» et pouvant «entraîner des effets néfastes à long terme pour l'environnement».

«Avec ses pubs mensongères, Monsanto a favorisé la banalisation de l'usage de ce pesticide, le plus vendu aux jardiniers amateurs», déplore ERB. Une banalisation qui se traduit, selon l'association, par le fort taux de pollution des eaux françaises : les deux molécules chimiques issues du Roundup sont détectées respectivement dans 55 % et 35 % des eaux superficielles (2).

Aux Etats-Unis, à la suite d'une procédure judiciaire menée dans l'Etat de New York, Monsanto avait dû cesser, dès 1996, ce type de publicité sur le territoire américain. Mais en France, ce n'est que depuis 2003 que les produits Roundup ne sont plus porteurs de ces qualifications fallacieuses.

Depuis 2001, la toxicité du Roundup pour l'environnement et la santé a été confirmée par de nouvelles études scientifiques. «L'équipe du Pr Robert Bellé, du CNRS de Roscoff, a mis en évidence le caractère potentiellement cancérigène de l'herbicide (1), précise Jean-Paul Guyomarc'h, responsable du dossier pour ERB. Celle de Gilles-Eric Seralini, professeur de biologie moléculaire à l'université de Caen, montre que le Roundup est aussi un perturbateur endocrinien.»

Le procès avait été reporté deux fois. Mais vendredi, dans son jugement, le tribunal correctionnel de Lyon a estimé que «l'utilisation combinée sur les étiquettes et emballages des termes et expressions "biodégradable", "laisse le sol propre", etc., [...] pouvait laisser faussement croire au consommateur à l'innocuité totale et immédiate desdits produits par suite d'une dégradation biologique rapide après usage [...] alors qu'ils peuvent au contraire demeurer durablement dans le sol, sous la forme de glyphosate et de son adjuvant, voire se répandre dans les eaux souterraines».

«Confiance».

Plus gênant encore pour Monsanto, la justice a considéré que l'industriel savait parfaitement, et «préalablement à la diffusion des messages publicitaires litigieux, que les produits visés présentaient un caractère écotoxique». Pour le porte-parole de Monsanto France, Yann Fichet, ce jugement «ne remet pas en cause l'utilité des produits de la gamme Roundup». «Il existe une relation de confiance entre nos produits et ses utilisateurs, et nous pensons que les consommateurs continueront à utiliser le Roundup», ajoutait-il vendredi. Monsanto étudie la possibilité de faire appel.

Au contraire, pour Eaux et rivières de Bretagne, à qui Monsanto doit verser 5 000 euros de dommages et intérêts, «cette condamnation met fin au mensonge de la firme, remet les pendules à l'heure» et «constitue une excellente nouvelle pour la protection de l'eau». D'ailleurs, rappelle ERB, l'article 36 de la loi sur l'eau adoptée le 30 décembre dernier prohibe «les publicités pouvant donner une image exagérément sécurisante ou de nature à banaliser l'utilisation des pesticides».


(1) Libération des 29 octobre et 5 novembre 2004.
(2) Dernier rapport de l'Institut français de l'environnement.



canardos
 
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Inscription : 23 Déc 2005, 16:16

Message par zeanticpe » 28 Jan 2007, 06:15

Je suis étonné, j'aurais juré que la gamme des round up avait été rachetée à Monsanto par KB (Rhône Poulenc). Le glyphosate de toute manière est tombée dans le domaine public et beaucoup de produits de déserbhants l'intègrent maintenant.

En tout cas, je me souviens bien que Monsanto appuyait ses ventes sur l'efficacité du produit et surtout sur son respect de l'environnement.
Une bonne chose, les représentant racontaient que chaque année, le PDG de Monsanto buvait un verre de Roundup pour démontrer que c'était un produit inoffensif! :D
Il va peut-être arrêter d'en boire maintenant!
zeanticpe
 
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Inscription : 19 Mars 2006, 04:51


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