Hans Blix veut que la certification

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Message par Louis » 23 Avr 2003, 17:32

LE MONDE | 23.04.03 | 13h11
New York de notre correspondante

On aurait pu s'attendre que Hans Blix, le chef des inspecteurs en désarmement de l'ONU, soit en colère contre l'administration américaine. A peine ses inspecteurs étaient-ils de retour en Irak - trois mois et demi ! - qu'il a fallu les en faire ressortir.




Et, un mois après le début de la guerre, on n'a toujours pas trouvé trace des armes de destruction massive que les faucons américains lui ont reproché pendant des semaines de ne pas trouver.

Mais M. Blix n'a pas exprimé de colère, mardi 22 avril, lors de son intervention devant les membres du Conseil de sécurité de l'ONU. "Ce n'est pas dans son caractère", dit son porte-parole. En revanche, Hans Blix n'a plus l'air de croire beaucoup à l'avenir de sa commission d'inspecteurs, l'Unmovic. Mardi, il est plutôt apparu en partance. Il a d'ailleurs confirmé qu'il comptait quitter l'ONU en juin.

Les Américains ne cachent pas que les inspecteurs appartiennent pour eux à "l'histoire". Leur propre équipe est à pied d'œuvre en Irak. Pudiquement, les Britanniques ont avancé que les personnels de M. Blix pourraient quand même être mis à contribution, mais lorsque leur sécurité pourra être assurée.

Le diplomate suédois a indiqué qu'il se tenait prêt. Les locaux de Bagdad ont été pillés mais il y a encore 85 inspecteurs en attente jusqu'à la mi-juin. Ensuite, il faudra quatre semaines pour reformer les équipes. "Je pense que tout le monde réalise que c'est trop tôt et que la sécurité des inspecteurs doit être assurée" pour qu'ils puissent retourner en Irak, a dit M. Blix ; "en même temps, je suis convaincu que le monde et le Conseil de sécurité qui se sont préoccupés du désarmement de l'Irak depuis plus de dix ans souhaitent une inspection et une certification portant la marque de l'indépendance et provenant d'une institution autorisée par l'ensemble de la communauté internationale". Il n'y a pas de rivalité, a-t-il dit, "nous cherchons tous la vérité, quelle qu'elle soit".

L'homme dont chaque mot était pesé a à peine été interrogé. D'ailleurs, a-t-il expliqué au Conseil, il a été mal traduit ces temps-ci, et les médias lui ont prêté des propos beaucoup plus critiques qu'il ne l'entendait envers Washington.

Avant de rencontrer le Conseil de sécurité, Hans Blix avait dénoncé dans un entretien diffusé, mardi, par la BBC, comme il l'avait déjà fait précédemment dans le quotidien espagnol El Pais, la falsification de documents pour justifier la guerre en Irak. "Il est troublant de voir qu'une partie aussi importante des documents sur lesquels se sont basées les capitales -Washington et Londres- pour bâtir leur dossier était aussi peu solide", déclare M. Blix. L'entretien doit être diffusé dans son intégralité, samedi, par la chaîne de télévision BBC 2.

"C'EST TRÈS, TRÈS TROUBLANT"

"Il y a des exemples flagrants, poursuit-il.Nous avons entendu parler d'un contrat entre l'Irak et le Niger, de l'importation de 500 tonnes (...) d'uranium. Or, quand l'AIEA -Agence internationale de l'énergie atomique- a pu obtenir le contrat, il ne lui a pas été très difficile de découvrir qu'il s'agissait d'un faux, qu'il avait été tout simplement falsifié", a expliqué M. Blix.

"C'est très, très troublant, a-t-il poursuivi. Qui l'a falsifié ? N'est-il pas troublant de voir que les services de renseignement -américains et britanniques-, qui devraient avoir tous les moyens techniques à leur disposition, n'ont pas découvert qu'il s'agissait d'un faux ?" Interrogé pour savoir s'il accusait les services de renseignement américains et britanniques d'avoir falsifié des documents sur ordre de Washington et Londres, M. Blix a répondu qu'il n'allait "pas aussi loin".

"Ils ont pu obtenir ce faux contrat quelque part, a-t-il dit. La CIA dit en avoir obtenu une copie du Royaume-Uni et je ne suis certainement pas en train de suggérer que les services de renseignement britanniques auraient pu le falsifier."

En ce qui concerne les "preuves" dont avait parlé Colin Powell et que M. Blix avait lui-même qualifiées d'infondées, le chef des inspecteurs s'est voulu également prudent. "Quand vous êtes en haut de la hiérarchie, vous recevez des documents et vous ne pouvez pas tout vérifier", a-t-il dit, en s'étonnant que les services de renseignement concernés ne l'aient pas fait.

Corine Lesnes
Louis
 
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