Tensions sociales en Guinee-Conakry

Dans le monde...

Message par Combat » 08 Jan 2007, 17:51

Une grève des travailleurs prévue mercredi risque de paralyser l’aéroport de Conakry
(APA 08/01/2007)

APA-Conakry (Guinée) Les deux plus grandes centrales syndicales de Guinée, ont déclaré lundi que tous les vols internationaux en direction de la Guinée, en dehors de ceux devant ramener les pèlerins en Guinée, seront interdits d’atterrissage, à compter du 10 janvier 2007, a appris APA de bonne source.

l’Intersyndicale, composée de la Confédération Nationale des Travailleurs de Guinée et de l’Union syndicale des Travailleurs de Guinée, CNTG-USTG, projette de déclencher mercredi une grève « illimitée ».

« Nous confirmons que toutes les dispositions au niveau de nos camarades du transport aérien sont déjà prises pour qu’il n’y ait pas de vols en direction de Conakry », a déclaré Mamadou Mansaré, secrétaire administratif de la CNTG, qui parlait au nom des deux centrales syndicales.

« Cependant, nous avons également pris toutes les dispositions pour que nos parents qui sont allés en pélerinage puissent rentrer librement à la maison sans être inquiétés par qui ce soit », a t-il ajouté.

Selon M. Mansaré, « des instructions fermes ont été donnés à nos collègues de l’Agence de Navigation Aérienne (ANA) en ce qui concerne le cas spécifique des pélerins.

Ils sont même prêts à accorder des heures supplémentaires pour que les pèlerins rentrent au pays dans la quiétude. En dehors de ceux là, ils observeront la grève pour ce qui est des autres vols ».

Les centrales syndicales de Guinée, représentées par les deux plus grandes d’entre elles, CNTG-USTG ont lancé la semaine dernière un avis de grève sur toute l’étendue du territoire national.
Ils entendent par ce moyen, reprendre la grève de juin 2006 suspendue et en même temps exiger du président de la République, le Général Lansana Conté, le « retour de l’ordre républicain » dans le pays.
Combat
 
Message(s) : 0
Inscription : 25 Mars 2006, 22:22

Message par Combat » 08 Jan 2007, 17:53

La Guinée: La crise a atteint son paroxysme
(Le Jour (gn) 08/01/2007)

La crise politique, économique et sociale qui ronge la Guinée, il y a des années, semble avoir atteint son paroxysme. Les couches sociales de toutes catégories confondues ne manquent aucune occasion pour exprimer leur ras de bol face à ce qu’il est convenu d’appeler maintenant l’incapacité avérée du pouvoir de sortir le pays du gouffre dans lequel par la malgouvernance, il l’a plongé. Et précipitamment, on fonce dangereusement vers une situation à des conséquences dramatiques si aucune mesure n'est prise pour rectifier le tir. Il est impératif pour le pouvoir de jouer franc sur la corde de la réconciliation avec le bas peuple. Car celui-ci, à la quête d'un sauveur ne sait plus sur quel saint se vouer.

C’est en ces temps fatidiques, à des lendemains incertains, que la nouvelle année commence. Avec un cortège de difficultés. La puissante centrale syndicale du pays, CNTG-USTG, avait tiré la sonnette d’alarme, en décembre dernier dans un pré-avis de grève. Ce pré-avis, après avoir rappelé plusieurs correspondances, sans suite, adressées aux autorités centrales, avait indiqué qu’après le 10 décembre 2006, le mouvement syndical pourra utiliser les droits que lui confère la loi pour valoir ses revendications Le gouvernement ne l’a pas pris au sérieux. Soit, peut-être, il sous-estime la capacité de ce mouvement de mobiliser la majorité de Guinéens dont il défend les causes, ou alors, il sur-estime sa force à lui, pouvant lui mettre permettre de tuer toute velléité de contestation sociale. Comme c'est toujours le cas.
Ainsi, il s'est préoccupait à amuser la galerie par ce feuilleton interminable dit « Contentieux Futurelec-l’État ».
Et c’est de ce feuilleton que part la genèse de ce mouvement que le pays s’apprête à connaître, si le dialogue autorités-syndicats ne porte pas fruit, dans quarante huit heures. La libération de deux principaux accusés par l’État sur cette affaire : Mamadou Sylla et Fodé Soumah, par le premier magistrat du pays, alors que ceux-là sont poursuivis par la justice, finit par exacerber toutes les sensibilités. Pour ne pas en rester là, Mamadou Sylla, a continué à être au Palais présidentiel. Et de temps à autre, son ami de Président lui retourne l'ascenseur.
Ainsi, tour à tour, l’opposition, la société civile, les magistrats et maintenant les syndicats ont haussé le ton. Ils ont dénoncé la procédure employée par le président de la République pour libérer « ses amis ». D’abord, la société civile, a programmé une marche de protestation le lundi 15 janvier. Quant aux magistrats, ils ont exprimé leur mécontentement face à ce qu’on peut appeler maintenant l’immixtion de l’Exécutif dans les affaires de la justice. Un acte violant le principe de la séparation de pouvoir, qu’on croyait acquis, il y a une quinzaine d’années.
Oumar Yacine Bah
Combat
 
Message(s) : 0
Inscription : 25 Mars 2006, 22:22

Message par Wapi » 08 Jan 2007, 18:14

Oui la situation est sérieuse en Guinée Conakry, mais depuis un certain temps déjà. Les bruits de bottes et de guerre civile sont des choses dont les gens parlent avec inquiétude, en faisant des spéculations sur la succession du "vieux". POur l'instant, les "bandes" liées à tel ou tel secteur du pillage prennent de plus en plus d'influence au détriment du pouvoir central, en tous cas, c'est ce qu'on lit dans les journaux.

Il y a tellement à voler dans ce pays : bauxite, or, divers métaux, bois, eau, poisson dans les eaux territoriales que l'explosion du pays pourrait arranger certains trusts et magouilleurs qui dégageraient alors des profits encore plus faramineux qu'ils ne le sont actuellement.

Quelques informations sur ce site guinéen :

http://www.nouvelle-tribune.com/
Wapi
 
Message(s) : 0
Inscription : 08 Jan 2005, 16:30

Message par Combat » 10 Jan 2007, 03:43

CONAKRY (AFP) - mardi 09 janvier 2007 - 18h05 - L'opposition a fait monter la pression mardi sur les autorités de Guinée en appelant la population à mener à partir de mercredi, date du début d'une grève générale illimitée, "des actions de désobéissance civile (...) jusqu'au rétablissement total de l'ordre républicain".
Cette grève générale, la troisième depuis le début de l'année, apparaît à haut risque dans ce pays d'Afrique de l'ouest en proie à une profonde crise économique et politique ainsi qu'à des tensions ethniques. Entre 11 et 18 personnes avaient été tuées lors de la dernière grève générale, en juin 2006.

Syndicats et opposition veulent mobiliser la population pour dénoncer l'"ingérence" du chef de l'Etat, le général Lansana Conté, dans le domaine judiciaire.

"Les partis politiques de l'opposition lancent un appel à tous les citoyens pour entreprendre des actions de désobéissance civile et à se joindre immédiatement à toute action allant dans ce sens jusqu'au rétablissement total de l'ordre républicain", selon un communiqué transmis à l'AFP.

Cet appel doit prendre effet "à partir du début de la grève générale", a précisé le président de l'Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), un des principaux partis d'opposition, Mamadou Bah.

L'opposition critique particulièrement le Parti de l'unité et du progrès (PUP, au pouvoir) "qui fait semblant d'ignorer le dysfonctionnement systématique des institutions de la République dans les affaires relevant du législatif et du judiciaire".

"L'absence de réaction des présidents de l'Assemblée nationale et de la Cour suprême dénote de la déliquescence des institutions de la République", affirme les partis d'opposition.

Pour le parti au pouvoir, cette grève a un "caractère exclusivement politique n'ayant aucun lien avec des revendications salariales".

Le secrétaire général du PUP Sékou Konaté a en conséquence demandé à ses responsables et militants de sensibiliser la population et d'expliquer la nature de ce mouvement de grève.

Les deux principaux syndicats, la Confédération nationale des travailleurs de Guinée (CNTG) et l'Union syndicale des travailleurs de Guinée (USTG) protestent contre l'"ingérence du chef de l'Etat guinéen, le général Lansana Conté, dans le judiciaire, par la libération illégale de citoyens en conflit avec la loi".

L'ancien président du patronat guinéen Mamadou Sylla et un ex-ministre de la Jeunesse Fodé Soumah, inculpés de "détournement de deniers publics" et incarcérés en décembre à Conakry avaient été libérés le 16 décembre sur ordre du président Lansana Conté.

M. Conté s'était "personnellement rendu à la prison", demandant qu'on libère les deux hommes, qui sont restés écroués 10 jours, selon une source à la présidence.

Mais les syndicats font du retour de M. Sylla en prison une de leurs principales revendications.

Le porte-parole du gouvernement et ministre d'état aux Affaires intérieurs, Moussa Solano, a fustigé cette revendication, qui selon lui "sort du cadre syndical".

Le gouvernement est "surpris et étonné par rapport au contenu de l'avis de grève qui à l'analyse ne comporte aucune revendication salariale", a-t-il souligné.

De son côté, le Conseil national des organisations de la société civile souligne que "depuis quelques années, la Guinée connaît une dramatique déliquescence marquée par des actes incohérents et anti-démocratiques posés par l'exécutif en manque de repères et méprisant notre peuple".
Combat
 
Message(s) : 0
Inscription : 25 Mars 2006, 22:22

Message par Wapi » 10 Jan 2007, 22:14

Bon, il ne s'est pas passé grand chose suite à cette "grève générale illimitée" (un super mot d'ordre des syndicats) à Conakry.

Sinon, sur les prédations au sommet de l'Etat et la lutte des clans pour les miettes que leur laisse l'impérialisme, cet article qui reflète bien l'ambiance qui règne dans les cercles du pouvoir :

a écrit :

APA-Conakry (Guinée) La justice guinéenne a annoncé mardi, la saisie de tous les « biens mobiliers et immobiliers », et tous les fonds détenus dans différentes banques de Guinée et d’ailleurs » de l’homme d’affaires, El Hadj Mamadou Sylla, PDG du groupe Futurelec, a appris APA de source informée à Conakry.

Le procureur de la République près le tribunal de première instance de Kaloum, Yayah Kairaba Kaba, a procédé à cette saisie du fait que M. Sylla est poursuivi pour complicité de détournement de deniers publics et émission de chèques sans provision, rapporte mardi la RTG, la radio d’Etat.

Les deux ordonnances de saisie conservatoire du juge Mamadi Diawara, lues par le procureur Yaya Kairaba Kaba font suite , selon ce dernier, aux plaintes portées contre Mamadou Sylla dans l’affaire de la SOGEPAM (Société guinéenne d’exportation des produits agricoles et miniers) dont il avait le monopole.

L’Etat de Guinée poursuit l’homme d’affaires pour "d’étournement de deniers publics et complicité de détournement".

Les saisies ainsi prononcées contre les biens de Mamadou Sylla portent notamment, en plus de tous les avoirs de celui-ci à l’extérieur, sur le « parc de Kamsar (ville située à 300 km de Conakry au nord du pays), y compris tous les engins agricoles et véhicules, le centre commercial de la ville, la plantation moderne de Boké ».

Elles portent également sur la boutique de pièces de rechange ; les biens mobiliers et immobiliers de sa résidence de Dixinn Bora, le bâtiment de l’hôtel Kaloum, celui de l’ex Air Guinée, de Kindia et du ranch de Kindia.

Mamadou Sylla, ami très proche du chef de l’Etat le Général Lansana Conté avait été arrêté le 6 décembre 2006 pour ’’détournement de deniers publics, émission de chèques sans provision et complicité’’, en même temps que son présumé complice Fodé Soumah, ancien Gouverneur de la Banque centrale et ancien ministre des Sports.

Les deux inculpés ont été libérés 10 jours après leur arrestation par le chef de l’Etat venu en personne les extirper de la prison civile de Conakry.

Leur libération de manière "cavalière" par le Président Conté est en partie à l’origine de la grève générale illimitée prévue mercredi 10 janvier par les deux plus grandes centrales syndicales du pays.

Il s’agit de la Confédération nationale des Travailleurs de Guinée et de l’Union Syndicale des Travailleurs de Guinée (CNTG-USTG), qui exigent le "rétablissement de l’ordre Républicain" dans le pays.

Pour les syndicalistes qui ont décidé de « paralyser » le pays, cette décision de la Justice de saisir les biens de Mamadou Sylla, est "une fuite en avant" du pouvoir en place pour les distraire de leur objectif de grève.

« C’est une décision ridicule", fulmine Hadja Rabiatou Sérah Diallo, Secrétaire générale de la CNTG, jointe au téléphone par APA.

"Puisque nous avons demandé le rétablissement de l’ordre républicain, le pouvoir pense qu’il peut nous détourner de notre position où infléchir celle-ci. Ce qu’il ignore, c’est que ce ne sont pas les villas et les comptes bancaires de Mamadou Sylla que les Guinéens vont manger », a-t-elle affirmé.


C'est sur Radio Kankan
Wapi
 
Message(s) : 0
Inscription : 08 Jan 2005, 16:30

Message par Wapi » 11 Jan 2007, 13:01

Un article tiré de Bellaciao sur la dite "grève générale".

On peut être un peu plus mesuré qu'eux dans l'appréciation du succès de la grève...

a écrit :                  Guinée :Grève générale anti-corruption

Plus de six mois après la grève massive marquée par une répression meurtrière qui avait fait une vingtaine de morts, un nouveau mouvement a été lancé, mercredi, contre la corruption et le pouvoir personnel de Lansana Conté. A l’appel de deux syndicats et de quatorze partis d’opposition, la grève générale « illimitée » était bien suivie à travers le pays. C’est la libération, sur ordre du président lui-même, de l’homme d’affaires Mamadou Sylla et de l’ex-ministre Fodé Soumah, tous deux accusés d’avoir détourné 2 millions d’euros, qui a scandalisé un pays plongé dans un marasme endémique.

Depuis longtemps, on le dit moribond, incapable de gouverner. Lors de la dernière élection présidentielle de 2003, Lansana Conté s’était fait porter une urne jusqu’à son véhicule, faute de pouvoir se déplacer. A 72 ans, atteint de diabète et d’une leucémie, le général-président guinéen a pourtant trouvé l’énergie, le 16 décembre dernier, de se rendre lui-même à la prison civile de Conakry pour faire libérer deux de ses proches accusés de détournement de fonds publics.

Les deux hommes avaient été incarcérés dix jours avant leur libération par Lansana Conté. Il s’agit, d’abord, de Mamadou Sylla, l’ancien président du patronat guinéen, PDG du groupe Futurelec Holding, première fortune du pays et ami du chef de l’Etat. Inculpé de « détournements de deniers publics », il est soupçonné d’avoir détourné quelque 2 millions d’euros de la Banque centrale de la République de Guinée (BCRG). L’autre, Fodé Soumah, est ancien ministre de la Jeunesse et des Sports, mais surtout ex-vice-gouverneur de la BCRG de 1994 à 2004. Il est inculpé de « complicité de détournement ».

Le geste de celui que le quotidien camerounais Le Messager appelle « le vieux gâteux » a provoqué un tollé dans le pays. En signe de protestation contre l’« ingérence » du chef de l’Etat dans le domaine judiciaire et la détérioration de la situation économique, deux syndicats, soutenus par quatorze partis d’opposition, ont déposé pour ce mercredi 10 janvier un préavis de grève « illimitée » associé à un « appel à la désobéissance civile ».

Le mouvement semble bien suivi. « Tout le pays est paralysé », affirmait à la mi-journée Ibrahima Fofana, le secrétaire-général de l’Union syndicale des travailleurs de Guinée (USTG), l’une des deux centrales à l’initiative de cette grève, la troisième depuis le début de l’année 2006. « Nous sommes prêts, cette fois-ci, à aller jusqu’au bout. Au bout de nos préoccupations, de nos revendications. Il n’y aura pas de travail dans l’administration et dans le privé », a-t-il insisté.

« Du ‘n’importe quoi’ au sommet de l’Etat »

A Conakry, le quartier de l’administration et des affaires était désert et les banques, commerces, stations-service et pharmacies étaient fermés. Aucun véhicule de transport en commun ne circulait dans la capitale. Une situation analogue régnait en province dans les villes de Labé (nord), Boké (nord-ouest), Kankan (est) et Mamou (centre).

Au grand marché de Madina, dans la banlieue de la capitale, des commerçants interrogés par l’AFP ont indiqué qu’ils n’avaient pas ouvert leur échoppe « par solidarité avec les fonctionnaires qui sont (leurs) clients ». Et un autre d’ajouter : « Il faut savoir aussi que nous ne sommes pas d’accords par rapport à certains comportements de nos dirigeants qui font du ‘n’importe quoi’ au sommet de l’Etat ».

Interrogée par RFI, Rabiatou Serah Diallo, la secrétaire générale de la Conférence nationale des travailleurs de Guinée, l’autre syndicat organisateur du mouvement, a brandi deux exigences « non négociables » : le remboursement des fonds dérobés à l’Etat, la diminution du prix du carburant à la pompe et de celui des denrées de première nécessité. Outre, bien sûr, le retour en prison des deux inculpés.

Une longue fin de règne

La semaine dernière, la magistrature guinéenne avait dénoncé une « immixtion intempestive » dans les affaires judiciaires de la part du président Conté. Il s’agit, selon l’Association des magistrats de Guinée, d’un « acte fort regrettable » qui « porte dangereusement atteinte au principe constitutionnel de la séparation des pouvoirs dont le corollaire est l’indépendance de la magistrature ». Pour le secrétaire général de l’Union pour le progrès de la Guinée (UPG, opposition), Jean-Marie Doré, le président Conté viole « tous les textes de loi et ignore tout de ses droits et devoirs, de ses prérogatives ».

Il faut dire qu’après avoir fait libérer les deux hommes tout en les laissant « sous contrôle judiciaire », le président Conté avait décidé de les réhabiliter en déclarant, notamment, ne reconnaître comme président du patronat guinéen que Mamadou Sylla. Et mardi, il le convoquait au palais présidentiel en compagnie des autres membres du patronat qui l’avaient « mis en congé » à cause de ses démêlés judiciaires. « La justice, c’est moi, a déclaré le chef de l’Etat. La preuve est que je suis moi-même allé le chercher en prison, il a été emprisonné à tort ». Cette manifestation d’un pouvoir personnel à la dérive ne fait que renforcer le désarroi de la population guinéenne qui voit son pays, année après année, plonger dans une crise sans cesse plus profonde. Au début de 2006, une grève générale avait permis d’arracher au gouvernement un relèvement de 30% des salaires des fonctionnaires et l’instauration d’un salaire minimum. Mais outre la dévaluation du franc guinéen en mars, la suppression, en mai, des subventions du prix du carburant avait ruiné ces maigres acquis et relancé la bataille syndicale. Début juin, la sanglante répression des manifestations estudiantines faisait une vingtaine de morts. Une deuxième grève générale lancée dans la foulée avait de nouveau échoué à faire sortir de l’ornière ce pays rongé par une longue fin de règne.
Wapi
 
Message(s) : 0
Inscription : 08 Jan 2005, 16:30

Message par Wapi » 14 Jan 2007, 10:36

http://www.afrik.com/article11023.html

ça y est, comme on pouvait s'y attendre, les syndicats sont assis à la table des négociations ... pour négocier quoi ?

"que le chef de l'Etat n'intervienne pas dans les décisions de justice ... en matière de corruption " (des discussions serrées entre brigands qui se connaissent)

"une baisse du prix de l'essence" (ça dépend à peine du gouvernement, mais des trusts ...) et jamais une baisse ne sera assez significative pour amélioer le sort des travailleurs.

Non mais vraiment, de qui se moque-t-on ?

De toutes façons, ces syndicats étaient intégrés à l'appareil d'Etat et à sa buraucratie ... aujourd'hui, avec le délitement du sékoutourisme, ils ont été happés par "l'opposition" et représentent une fraction de la machine à prédation contre une autre, et pas les intérêts des travailleurs et des couches pauvres de Guinée.

Ils ont hérité d'un système où toute la population était quadrillée et obligatoirement affiliée à un syndicat, ce qui permet de "mobiliser" efficacement. Cette "grève générale" n'en était en fait pas une (à mon avis). Pas sûr en effet que dans les mines d'or ou de bauxite aux mains des trusts le travail ait cessé, (mais je n'ai pas d'éléments là-dessus). ça ressemble plutôt à une journée morte avec interdiction de circuler, et patrouilles de gros bras au service des "partis d'opposition" pour la faire respecter.

Une grande partie de la population pauvre est sûrement assez combative en ce moment ... mais cette combativité risque bien de profiter à ceux qui l'encadrent aujourd'hui dans les manifestations et l'opprimeront demain.

Inutile donc de s'emballer sur le "succès de la grève générale" ... c'est se payer de mots.
Wapi
 
Message(s) : 0
Inscription : 08 Jan 2005, 16:30

Message par Combat » 20 Jan 2007, 01:55

CONAKRY (AFP) - vendredi 19 janvier 2007 - 22h05 - Deux personnes ont été tuées par balles vendredi en Guinée lors de nouvelles manifestations réprimées par les forces de l'ordre, portant à cinq le nombre de morts depuis le début de la grève générale illimitée qui bloque les activités du pays depuis le 10 janvier.
Dans la soirée, le président Lansana Conté a démis de ses fonctions le numéro 2 de facto du régime, le ministre d'Etat chargé des Affaires présidentielles Fodé Bangoura, en le remplaçant par le ministre du Plan Eugène Camara.

Selon des sources proches de la présidence, le remplacement de M. Bangoura est directement lié à la grève générale.

En outre, quelque 300 personnes ont été arrêtées depuis mercredi et le durcissement du mouvement.

"Près de 300 personnes ont été arrêtées depuis mercredi et sont depuis détenues dans différents commissariats de Conakry et de province", a déclaré à l'AFP un responsable de la sûreté nationale sous couvert de l'anonymat.

Pour la septième journée consécutive, les manifestations ont repris vendredi matin dans la banlieue de Conakry et dans plusieurs villes de l'est du pays, déclenchant une réaction immédiate des forces de l'ordre.

Plusieurs témoins contactés par l'AFP ont vu certains policiers tirer des rafales en l'air pour faire fuir les manifestants.

Un lycéen de 17 ans a été touché par balle à la fesse lors de la dispersion d'une manifestation par la police dans le quartier de Dar es Salaam, dans la banlieue de la capitale. Il est décédé "après avoir perdu trop de sang", a indiqué à l'AFP un médecin du centre de santé du quartier.

Un jeune de 23 ans a été tué d'une balle dans le bas-ventre à Kissidougou (à environ 500 km à l'est de Conakry), où une marche de plusieurs milliers de personnes a été dispersée par la police, ont indiqué à l'AFP plusieurs témoins et des membres de sa famille.

Ces sources et un responsable de l'hôpital de cette ville ont fait état d'une dizaine de blessés, dont un jeune homme de 19 ans se trouvant dans le coma après avoir été touché par une balle.

Une manifestation a également été dispersée à Kankan, à quelque 200 km plus au nord, ont rapporté des témoins à l'AFP.

Les décès enregistrés vendredi portent à cinq le nombre de morts depuis le début de la grève générale illimitée qui paralyse toutes les activités du pays depuis le 10 janvier.

L'activité était toujours totalement bloquée par la grève vendredi dans les principales villes du pays, où la plupart des commerces et administrations étaient fermés et les rues quasiment désertes, selon des sources concordantes.

L'intersyndicale Confédération nationale des travailleurs de Guinée (CNTG)/Union syndicale des travailleurs de Guinée (USTG), à l'initiative du mouvement, entend protester contre la corruption, les détournements de fonds publics et l'"ingérence" du président Lansana Conté dans les affaires judiciaires.

L'intersyndicale reproche à M. Conté d'avoir libéré, à la mi-décembre, l'ex-président du patronat Mamadou Sylla et l'ancien ministre Fodé Soumah, pourtant inculpés de détournement de fonds publics.

Les syndicats, soutenus par 14 partis d'opposition, affirment ne pas fermer la porte aux négociations mais souhaitent que soit "constatée la vacance du pouvoir" devant la "dégradation" de l'état de santé du président.

Une fois constatée cette vacance, les syndicats demandent "la tenue d'un débat national", sans toutefois faire de proposition concrète.

Il s'agit de la troisième grève générale en Guinée. Le général Conté, 72 ans, est affaibli notamment par un diabète, et sa santé défaillante a accentué les inquiétudes d'une déstabilisation d'un pays en proie depuis des années à une crise économique et politique ainsi qu'à des tensions ethniques.
Combat
 
Message(s) : 0
Inscription : 25 Mars 2006, 22:22

Message par Combat » 20 Jan 2007, 02:01

Wapi, il y a beaucoup de vrai dans ce que tu dis; neanmoins il est quand meme juste que dans un pays semi-colonial, les masses se battent sur des objectifs democratiques bourgeois(que les leaders syndicaux et opposants bourgeois trahiront a la premiere occasion, meme s'ils devaient arriver au pouvoir). Et je crois que la lassitude et la colere contre ce regime qui n'en finit pas de finir sont tres grandes au sein des travailleurs Guineens. Il ne faudrait donc pas sous estimer la profondeur de ce mouvement(tout comme ne pas le surestimer car il n'y pas de revolution a l'ordre du jour mais au plus une revolution de palais a envisager).
Combat
 
Message(s) : 0
Inscription : 25 Mars 2006, 22:22

Message par Wapi » 20 Jan 2007, 11:05

Ni surestimer ni sousestimer dis-tu ?

Mais rien que la reprise du terme "grève générale" sans distance montre que tu t'emballes vite ...

a écrit :il est quand meme juste que dans un pays semi-colonial, les masses se battent sur des objectifs democratiques bourgeois


je ne sais pas ce que tu veux dire exactement ?

Je pense au contraire que ceux qui s'appuient sur la colère des masses, fruit de la dégradation aggravée de leur niveau de vie, pour l'orienter vers des revendications de ce style ne valent pas mieux que les autres.

Au Mali en 1991, les "masses" (avec à leur tête les élèves des lycées, précédés de leurs profs de philo ...) se sont battues sur des "objectifs démocratiques bourgeois" soigneusement mis en avant et bien préparés par la "conférence nationale" convoquée à la demande de Mitterand ...

Eh bien depuis que c'est la démocratie, économiquement, c'est pire qu'avant pour l'immense majorité des gens, des plus pauvres évidemment. Le pays est moins ratissé par les militaires, la presse est plus présentable, on dit que le droit d'expression est garanti ? C'est peut-être vrai.

Mais ce qui est encore plus vrai, c'est que tout est plus cher (riz, huile, pétrole, électricité ...) pour beaucoup tandisque d'autres font des profits à une échelle qu'ils n'atteignaient pas auparavant et qu'ils affichent avec insolence leur richesse.
L'exode rural augmente encore, des masses de paysans déclassés s'entassent dans les bidonvilles, mais il n'y a pas d'industrie pour les absorber et les transformer en prolétaires, à quelques poches minières près. La bourgeoisie n'est plus révolutionnaire, en Afrique comme ailleurs.

Des intellectuels ont envoyé des jeunes se faire tuer par la police pour qu'une fraction de la bourgeoisie en remplace une autre à la tête de l'Etat.
C'est très triste. C'est lamentable.

En Guinée, la population exprime sa colère légitime. Mais nul parti, nulle organisation pour rappeler que le pouvoir dans ce pays est aux mains des trusts et que si Conté part, un autre prendra sa place, et que rien ne changera si les travailleurs et les masses pauvres ne prennent pas eux-mêmes leur avenir en main, sans faire confiance à ceux qui se présentent comme leurs amis aujourd'hui et qui les trahiront demain.

Mais ceux qui se battent peuvent, s'ils gagnent un peu et restent mobilisés après la "victoire" (la démission du Président), prendre peut-être confiance dans leur capacité à agir et à se faire entendre. Espérons le, à défaut de pouvoir peser sur le cours des choses ...
Wapi
 
Message(s) : 0
Inscription : 08 Jan 2005, 16:30

Suivant

Retour vers Actualités internationales

Qui est en ligne ?

Utilisateur(s) parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 4 invité(s)