Cet article a pour intérêt de rappeler que la politique de répression sanglante des militants d'EG, en Argentine, n'a pas commencé avec la dictature de 1976 mais avant la mort de Peron (1974) avec la création de la triple A par Lopez Rega avec l'aval de Peron qui commit surtout ses meurtres après la mort de ce dernier sous le gouvernement d'Isabel Peron.
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L'ancienne présidente argentine Isabel Peron arrêtée à Madrid, à la demande de Buenos Aires
LE MONDE | 13.01.07 | 13h39 • Mis à jour le 13.01.07 | 13h46
Ancienne présidente de l'Argentine, Isabel Peron a été arrêtée à Madrid, où elle réside depuis un quart de siècle, vendredi 12 janvier, à la suite d'un mandat d'arrêt international émis jeudi par un juge argentin, qui enquête sur la disparition d'un opposant, Hector Fagetti, sous sa présidence (1974-1976). Après quelques heures de détention, Mme Peron a été mise en liberté provisoire, en raison de son âge (75 ans). Une éventuelle extradition pourrait prendre plusieurs mois.
Maria Estela Martinez, dite Isabel ou Isabelita Peron, est la veuve du général Juan Peron, trois fois président de l'Argentine. Née dans la province de La Rioja en 1931, c'est au Panama, lors d'une tournée comme danseuse de cabaret, qu'elle a connu l'ancien chef d'Etat, chassé du pouvoir en 1955. A son retour d'exil, en 1973, le chef du mouvement péroniste s'est fait élire président de la République, avec sa femme comme candidate à la vice-présidence. Ils tentaient de rééditer le mythe d'Evita Peron, restée dans la mémoire collective comme la pasionaria des déshérités.
En 1974, lors du décès du vieux général, Isabel Peron lui succède à la présidence. Son principal conseiller est l'ancien secrétaire de Juan Peron, José Lopez Rega, dit "El Brujo" (le sorcier), devenu ministre du bien-être social. La présidence d'Isabelita Peron se caractérise par l'agitation sociale et l'escalade des violences politiques.
Le mandat d'arrêt contre l'ancienne présidente rompt avec la doctrine du gouvernement actuel de Nestor Kirchner (péroniste), qui attribue les violations des droits de l'homme à la dictature militaire instaurée par le coup d'Etat de 1976. La justice de Buenos Aires s'intéresse désormais aux assassinats commis par la Triple A (ou Trois A, Alliance anticommuniste argentine), les commandos parapoliciers créés par le ministre Lopez Rega, ancien caporal de la police, sans doute avec le feu vert du général Peron.
Plusieurs centaines d'opposants ont été victimes de ces escadrons de la mort. L'idée de l'extermination des "subversifs" n'a pas germé parmi les militaires, mais au sommet de l'Etat, bien avant le renversement de Mme Peron.
LE MASSACRE D'EZEIZA
Les violences ont commencé le jour du retour d'exil du général Peron, accueilli à l'aéroport d'Ezeiza (Buenos Aires) par de sanglants règlements de comptes des factions internes du péronisme. Le "massacre d'Ezeiza", qui a fait des centaines de morts, n'a jamais été élucidé officiellement. Aux assassinats commis par les Montoneros (guérilla urbaine péroniste), répondent les meurtres de la Triple A, ciblant les défenseurs des droits de l'homme comme les avocats Silvio Frondizi (marxiste) et Rodolfo Ortega Peña (péroniste).
Le rapport "Nunca Mas" ("Plus jamais"), élaboré en 1983 par une commission présidée par l'écrivain Ernesto Sabato, évalue à 600 "disparitions" et à 500 exécutions sommaires les victimes des présidences péronistes de 1973 à 1976.
Après le coup d'Etat de mars 1976, les forces armées ont systématisé le plan d'extermination des opposants. "Si les juges estiment qu'il y a eu terrorisme d'Etat avant le putsch militaire de 1976, leurs responsables devront aussi être jugés", a déclaré le président Kirchner, interrogé, vendredi, sur les enquêtes en cours.
Paulo A. Paranagua
Article paru dans l'édition du 14.01.07