Entretien avec Michel Onfray

Message par pelon » 30 Déc 2006, 23:05

J'ai mis cet entretien car il est intéressant à un titre. Derrière la dénonciation du "libéralisme" du PS se cachaient des gens qui ne sont pas les derniers des politicards. Sachant que le PS dégoûte pas mal de gens à gauche, il pouvait être utile d'en rassembler un maximum au 1er tour pour les amener au 2ème tour à SR. La critique du PS aurait été savamment dosée. C'est d'ailleurs ce que fera MGB qui n'a que l'inconvénient que d'être supposée rassembler moins de voix que cette fameuse candidature unique sur lesquels certains avaient beaucoup d'illusions.
Les propos d'Onfray, philosophe à la mode, ne l'honorent pas. Je passe sur pa"l'intégrisme révolutionnaire" qui serait plutôt, dans sa bouche, un compliment.
Le "Patrick Braouezec, Yves Salesse et Clémentine Autain qui ont joué collectivement un jeu que les autres jouaient personnellement" auront l'avantage d'en faire rire quelques uns.
Mais "Marie-George Buffet, dont on ne dit pas assez qu'elle faisait partie de l'équipe de Georges Marchais, grand stalinien s'il en fut" sent l'aigreur du Monsieur qui aurait aimé que le PC s'accomode d'un candidat minoritaire dans les comités ... en toute démocratie. Car il n'explique pas pourquoi ce devait être la candidate qui avait le plus de suffrages dans les comités qui devait se retirer.
Quant à l'énergie de ces gens là à combattre le libéralisme du PS et qui s'apprêtent à faire voter dès le 1er tour pour SR on voit ce qu'elle vaut. Certes, Onfray ne représente pas tous les comités mais nom de dieu des athées que je suis content que Lo ne s'en soit pas mêlé.


a écrit :
ENTRETIEN AVEC MICHEL ONFRAY, PHILOSOPHE ET PARTISAN D'UNE CANDIDATURE UNIQUE DE LA GAUCHE ANTILIBÉRALE
"Un vote de conviction est désormais impossible. On peut voter blanc ou Ségolène Royal"
LE MONDE | 29.12.06 | 15h28  •  Mis à jour le 29.12.06 | 15h28

La tentative de trouver une candidature unique de la gauche antilibérale vient d'échouer. Vous l'avez soutenue. Quels sont les responsables de cet échec ?

La Ligue communiste révolutionnaire avait donné le ton en affirmant très vite et très tôt qu'elle n'en serait pas, prétextant des différends sur la gestion de la gauche antilibérale en cas de victoire de la gauche libérale. Lutte ouvrière s'est tenue à l'écart, jouant la carte de l'intégrisme révolutionnaire. La direction du Parti communiste, tout à ses tractations d'appareil menées contre la base des militants, a noyauté les comités antilibéraux afin d'obtenir une majorité communiste lors du vote national. José Bové a tergiversé, s'est fait désirer.

Restaient Patrick Braouezec, Yves Salesse et Clémentine Autain qui ont joué collectivement un jeu que les autres jouaient personnellement. Mais sans succès : l'honnêteté ne paie pas. Les responsabilités sont diluées, mais sans conteste, les états majors de la LCR et du PCF en portent la plus grande part. Comme toujours, les militants sont les dindons de la farce.

N'y a-t-il pas eu aussi des problèmes d'ego entre les différents candidats ?
Bien sûr que si. Je n'ai pas assisté aux tractations en coulisses, mais je crains que José Bové ait été le plus fort dans ce genre de jeu... "J'irai bien, je suis prêt, j'y vais, j'y suis, je repartirais bien, je m'en vais, mais je peux revenir si les conditions m'y obligent", etc. Bové représentait un espoir car il cristallisait plus que lui, mais il n'a pas pris en compte cette dimension qui le dépasse. La culture antiautoritaire des antilibéraux a joué contre une solution claire : chacun voulant le leadership secrètement, mais n'osant pas se comporter comme c'est nécessaire. L'union de la gauche antilibérale nécessitait un génie stratégique et tactique qui a manqué.

Vous dénoncez les pratiques du PCF. Pensez-vous qu'il peut changer ?

Je crains que non tant que ses destinées seront entre les mains de gens comme Marie-George Buffet, dont on ne dit pas assez qu'elle faisait partie de l'équipe de Georges Marchais, grand stalinien s'il en fut. Le PCF n'est plus stalinien car Staline n'existe plus. Il ne soutient plus les pays de l'Est car il n'y en a plus.

Mais la déstalinisation de l'appareil reste à mener, ce qu'attendent les anciens communistes, les exclus, les rénovateurs, les sympathisants, les militants, bon nombre d'adhérents qu'on sacrifie toujours sur les autels des états-majors...

Une démarche de ce genre, hors partis à gauche, est-elle vouée à l'échec ?
Jouons la carte hors partis en tablant désormais sur la base des militants et des sympathisants contre les états-majors plus soucieux de politique politicienne afin de faire rentrer l'argent dans les caisses, notamment avec des tractations de circonscriptions réservées d'élus pour le PCF, ou préoccupés de s'assurer le leadership de l'extrême gauche sur l'échiquier politique français pour la LCR.

Ce qui veut dire que, par-delà les partis politiques constitués, un genre de front populaire antilibéral, à même de préparer les échéances électorales futures, des législatives de 2007 à la présidentielle de 2 012. C'est possible dans une formule à inventer de coordinations, de rassemblements, de mutualités.

En avril 2007, parmi les candidats de gauche, pour qui allez-vous voter ?

Je me vois mal donner ma voix à la candidate de Lutte ouvrière, restée bloquée sur un logiciel des années 1920. Je n'ai pas plus envie de voter pour une LCR plus soucieuse de politique politicienne que de la misère française. Je ne voterai pas pour un PCF dont la direction n'a pas renoncé aux méthodes staliniennes. Un vote de conviction semble désormais impossible.

On peut alors choisir de rester pur et se cantonner à la seule éthique de conviction en votant blanc aux deux tours. On peut aussi mettre les mains dans le cambouis, composer une éthique de responsabilité : voter blanc au premier tour et Royal au second ; ou voter utile deux fois en choisissant Ségolène Royal. Ce qui suppose - ce que je crois - qu'à défaut d'idéal, on compose avec une gauche antilibérale responsable qui pense que la droite de Sarkozy, a fortiori celle de Le Pen, ça n'est pas la même chose que la gauche libérale des socialistes.

Propos recueillis par Sylvia Zappi
Article paru dans l'édition du 30.12.06
pelon
 
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Message par Leonid » 04 Jan 2007, 16:26

La direction de la LCR a répondu à Michel Onfray par le biais du porte-parole Alain Krivine qui a rédigé le texte qui suit :

a écrit :Après l’échec du projet de candidature unitaire de la gauche antilibérale, le philosophe Michel Onfray a décidé d’intervenir dans le débat en distribuant, à titre personnel, blâmes et bons points. Il avait déjà publié, il y a trois semaines, une tribune dans Libération accusant notamment la LCR de ne pas vouloir attendre le résultat des élections avant d’entamer le débat sur une participation éventuelle à une majorité de la gauche plurielle. Il récidive, dans une interview au Monde du 30 décembre, avec des arguments décevants venant de sa part. Avant d’attaquer le « stalinisme » du PCF et le jeu « des tractations en coulisse », auxquelles se serait livré José Bové, le philosophe s’en prend au retrait de la LCR, qui aurait « prétexter des différents sur la gestion de la gauche antilibérale en cas de victoire de la gauche libérale ». Alors une question se pose, et il en connaît d’ailleurs la réponse : y a-t-il là-sdessus une divergence de fond avec la direction du PCF ? Fallait-il la cacher aux électeurs, quitte à voir « l’unité antilibérale » exploser en plein vol pendant la campagne ? Surtout, quelle est la position d’Onfray sur une participation à une majorité parlementaire avec le PS ? Mais, là où l’argumentation devient carrément douteuse c’est lorsqu’après avoir dénoncer les égos, les interêts d’appareil et les jeux politiciens des partis, il explique pourquoi il ne votera ni pour le PCF, ni pour LO mais pas non plus pour la LCR, « plus soucieuse de politique politicienne que de la misère française ». Les militants, qui sont quotidiennement sur le terrain et leur porte-parole apprécieront à sa juste valeur ce jugement. Peut-être que tout s’éclaire quand on lit sa conclusion et ses consignes de vote : « On peut alors choisir de rester pur et se cantonner à la seule éthique de conviction en votant blanc aux deux tours. On peut aussi mettre les mains dans le cambouis, composer une éthique de responsabilité : voter blanc au premier tour, Royal au second ou voter utile deux fois en choisissant Ségolène Royal. Ce qui suppose - ce que je crois - qu’à défaut d’idéal, on compose avec une gauche antilibérale responsable qui pense que la droite de Sarkozy, a fortiori celle de Le Pen, ça n’est pas la même chose que la gauche libérale des socialistes. » C’est un peu fort de café que de conclure par un constat qui ne fait pas débat entre nous pour, en fait, justifier un ralliement au « réalisme » : une chanson malheureusement bien connue. Gageons que Michel Onfray finisse par se rendre compte que, quand il l’entonne, cela sonne faux et qu’il mérite mieux que cela.

Alain Krivine
Leonid
 
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Message par pelon » 04 Jan 2007, 18:32

Je ne sais pas si Onfray mérite mieux que cela mais en annonçant dès le 1er tour son probable vote pour SR il s'est un peu discrédité. Plus exactement il a montré que très probablement, pour lui, le principal intérêt de cette candidature anti-libérale du 1er tour était de ratiisser large pour le 2ème.
pelon
 
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