a écrit :débatmilitant . N° 135 .11 janvier 2007 . 3
A propos du congrès de Lutte ouvrière :quelle politique pour les révolutionnaires ?
Que veut Lutte ouvrière et le sait-elle elle-même ? La question est sans doute un peu provocante, mais à lire les textes de son derniers congrès, il est tout de même difficile de s’en faire une idée à peu près claire.
En particulier, on ne peut être que frappé par certaines approximations, notamment lorsque cela concerne la LCR. Certes, aux dernières nouvelles, tout irait bien, très bien même puisque la Ligue serait encore d’extrême gauche. Et nous voilà rassurés, comme LO qui se réjouit sans réserve de la possible candidature d’Olivier Besancenot : « Pour notre part, nous espérons sincèrement que d’ici la date limite il en trouvera suffisamment pour se présenter car nous espérons vraiment que l’extrême gauche soit représentée par nos deux candidats, Olivier Besancenot et Arlette Laguiller ».(1)
Comme en 2002, il ne devrait donc y avoir aucun problème pour additionner nos voix : « Oui, nous souhaitons qu’Arlette et Besancenot, quels que soient leurs scores respectifs, fassent au total le meilleur score possible. Imaginons, ce n’est qu’une hypothèse, que le total soit à nouveau de 10 %. Cela aurait un sens politique important car même si au deuxième tour c’est le candidat socialiste qui l’emporte, il sera manifeste qu’une partie de l’électorat de gauche n’a pas craint de manifester de la défiance, voire de la contestation de la politique socialiste et, à sa suite, de la politique du PCF… ».(2)
L’opération n’est pourtant pas si simple. De manière assez contradictoire, il paraîtrait en effet, selon LO, que nos politiques seraient en même temps radicalement différentes, au point d’être pratiquement antagoniques : « Du côté de l’extrême gauche, Arlette Laguiller et Olivier Besancenot incarnent des politiques différentes. Olivier Besancenot défend une politique visant à construire “ un débouché politique
aux luttes ” en rassemblant des organisations, des associations, des individus, plus réformistes les uns que
les autres, même si ils se démarquent du Parti socialiste. Tandis que la candidature d’Arlette Laguiller vise à populariser, avec les possibilités que donne la campagne présidentielle pour s’adresser à l’ensemble du pays, des objectifs qui ne peuvent pas être atteints par le vote et dans les urnes, mais dont il est nécessaire que la classe ouvrière fasse l’objectif de ses luttes futures. » (3). C’est manifestement tout ce que le rédacteur de la revue Lutte de classe a compris de notre politique, même après la conférence nationale de juin. Lui aurait-il échappé que la décision de présenter Olivier Besancenot était également accompagnée d’un certain contenu politique, bien différent de cette caricature ? Ou le “ détail ” importe-t-il peu ?
Evidemment, nul ne peut ignorer qu’il y a eu durant toute une période du côté de la LCR bien des errements autour des candidatures unitaires, nous avons nous-mêmes suffisamment écrits sur cette question.
Mais à l’évidence, et de manière assez contradictoire, le souci de se démarquer de la LCR n’est pas liée uniquement à son orientation passée ou présente, quelle soit critiquée à juste titre ou caricaturée. En fait, LO se verrait bien seule à incarner les intérêts du prolétariat, voir tout simplement à s’en revendiquer : « Arlette Laguiller : qui d’autre peut se dire sincèrement dans le camp des travailleurs ? ». La question s’adresse sans équivoque également à la LCR : « Nous n’hésiterons pas à nous proclamer, ouvertement et essentiellement, dans le camp des travailleurs, alors qu’eux [la LCR] ne le font pas, mais ironisent sur le “ travailleuses, travailleurs ” d’Arlette. »(4). L’argumentation est évidemment dérisoire, illustration puérile du sectarisme de LO.
L’essentiel pourtant n’est pas là. Quoi qu’on en pense par ailleurs, il y a un fait positif incontournable dans la campagne que va mener Lutte ouvrière : c’est l’indépendance politique absolue vis-à-vis de la gauche gouvernementale, comme la nécessité de défendre exclusivement le camp des travailleurs. C’est d’autant plus positif que nous espérons que nous serons bien deux organisations à défendre cette orientation commune dans cette campagne, avec la candidature d’Olivier Besancenot.
En même temps, on ne peut être que frappés par l’absence de perspective des camarades de Lutte ouvrière, comme par le nombre de questions que cette organisation cherche à contourner au lieu de les discuter vraiment, notamment dans ses textes de congrès. Ce sont quelques unes de ces questions sans
réponses que nous voudrions commencer à évoquer ici, sans épuiser évidemment tout le sujet.
Ainsi, la critique de la politique unitaire menée par la LCR avant et après le 29 mai se veut sans doute
impitoyable. Mais à lire les différents articles qui lui ont été consacrés en plus des textes de congrès, les
impasses sont également évidentes.
Certes, la LCR ne fait peut être pas ce qu’il faudrait faire. Mais que propose LO ? Et même, tout
simplement, que pense LO du PCF ?
Le PCF ne serait-il devenu qu’un parti de notables et d’élus, ou a-t-il encore un milieu de militants et de
sympathisants digne de notre attention ? Est-il raisonnable dans ce cas que les révolutionnaires lui consacrent encore une politique particulière que Lutte ouvrière pourrait contribuer à proposer ? Ou faut-il conclure qu’il n’y a rien de possible, parce que les circonstances ne le permettent pas, ou parce qu’il n’y aurait plus rien àattendre du PCF ?
Mais si le mouvement ouvrier n’est plus que l’ombre de lui-même, que faut-il faire ? Quelles sont -dans
ces conditions nouvelles et inédites pour nous- les tâches prioritaires des révolutionnaires ?
A toutes ces questions de fond, il n’y a pas l’ombre du début d’une réponse, pas même l’ombre d’une
interrogation. Par contre, il y a beaucoup de condamnations au fil des articles et des textes, ce qui ne
convainc guère (5).
En fait, la critique est tellement extérieure qu’on n’est guère avancé la plupart du temps sur ce qui se
passe dans le PCF comme dans les collectifs. Or non seulement LO aurait été plus crédible si elle avait fait la démonstration qu’une autre politique était possible en direction de ce milieu, mais même en allant simplement voir de plus près, elle aurait sans doute soigné un peu mieux son argumentation.
Il y a en effet un paradoxe dans l’attitude de Lutte ouvrière. A priori, ce qui nous intéresse ne les intéresse
pas. Mais lorsque LO fait mine de s’intéresser, la réponse est pour le moins étonnante. C’est le cas
notamment dans les textes du dernier congrès. La distance est toujours la même, mais LO se serait bien vue malgré tout donner quelques conseils à la LCR sur la meilleure manière de faire. Ainsi, au lieu de concentrer ses critiques sur la question du gouvernement, et donc sur les liens avec le PS, la LCR aurait du discuter autrement avec le PCF : elle ne « pourrait trouver l’oreille d’une fraction des militants, des sympathisants et des électeurs du PCF qu’en demandant à Buffet de s’engager sur des objectifs sociaux compréhensibles pour l’électorat populaire. Des objectifs revendicatifs et sociaux simples et concrets à réclamer par le PCF au PS, voire à tenter de lui imposer mais sans réclamer au PC de rompre avec le PS. Ce qui n’est pas compris de l’électorat populaires très sensibles à l’unité » (6).
Pour le coup, le renversement de perspective est saisissant : la LCR en aurait-elle trop fait avec ses
critiques ? Pourtant, même les courants les plus favorables aux candidatures unitaires au sein de la LCR, au point d’avoir eu tendance à s’aligner sur la politique du PCF, n’étaient pas sans savoir que la direction de ce parti pouvait faire d’autant plus de concessions sur le programme que cela ne l’engageait pas à grand-chose tant que la possibilité d’une alliance avec le PS restait ouverte. La question du gouvernement et des alliances était forcément incontournable, il fallait donc inévitablement s’attaquer à « l’unité » de toute la gauche et aux illusions électorales qu’elle recouvre, et ne pas baisser la garde pour rester amis à tout prix. Ce qu’a fait la LCR, même au prix de biens des difficultés jusque dans ses propres rangs.
L’affaire n’était donc pas simple, pour le moins : il n’est pas si facile en effet de s’en tenir à une réelle
fermeté politique, tout en se donnant les moyens d’être vraiment entendus et surtout compris par les milieux militants et sympathisants du PCF. La question reste par conséquent ouverte : certes, la LCR n’a pas fait tout ce qu’elle aurait du faire, nous en sommes les premiers convaincus. Mais qu’aurait-il fallu faire si on avait suivi LO ? Et qu’a-t-elle réussi de mieux ?
A moins que sa difficulté à engager une politique ne soit tout simplement la raison de son abstention ?
… et avec la “ gauche de la gauche ” ?
La question ne concerne pas que le PCF. C’est un problème plus général, qu’illustre également son attitude à l’égard du mouvement altermondialiste et ce qu’elle appelle la « gauche de la gauche ».
« Aujourd’hui, altermondialisme, c’est pour ne pas dire anti-impérialisme. Se dire anti-libéral et anticapitaliste, c’est pour ne pas se dire socialistes et communiste » (7). Nul ne contestera que la plupart des altermondialistes ne poussent guère leur critique du capitalisme jusqu’à mettre en cause ses fondements.
Mais que faut-il en conclure ?
Le fait est que l’extrême gauche -en premier lieu Lutte ouvrière- a commencé à gagner un peu plus d’influence il y a une dizaines d’années en même temps que cette « gauche de la gauche », non pas à contrecourant, mais en profitant du même phénomène : la prise de distance par un nombre significatif de gens de gauche avec la gauche institutionnelle, celle qui a géré les affaires de la bourgeoisie au gouvernement.
Il y a bien sûr une divergence de fond, et même un antagonisme, entre le projet politique de l’antilibéralisme qui ne vise au bout du compte qu’à consolider le capitalisme sous une forme prétendument humanisée, et les révolutionnaires. Mais cette évidence pour nous ne l’est absolument pas pour la plupart des gens aujourd’hui, qui peuvent être déçus par la gauche de gouvernement, qui votent parfois pour l’extrême gauche, mais qui veulent aussi de manière un peu contradictoire une gauche plus « radicale », sans partager toutes nos idées « extrémistes ».
Il suffirait de dénoncer leur inconséquence, dire ce qui est, et « se dire socialiste et communiste » ? Et s’en détourner s’ils n’ont pas compris la leçon ?
En 1995, Lutte ouvrière n’a pas gagné du crédit en prenant une posture à contre-courant qui aurait consisté à se détourner à priori des milieux militants de la gauche politique et syndicale. Au contraire, elle a gagné de l’influence par un travail obstiné au contact de ces militants, dans les entreprises sinon ailleurs, en menant des bagarres avec eux -parfois contre eux, mais pas toujours- en faisant la démonstration de son utilité dans les luttes comme dans les discussions politiques, en faisant des propositions de programme, comme un vrai parti, ou du moins une ébauche avec le « plan d’urgence », en cherchant à convaincre.
C’est cette démarche qui aurait pu ensuite franchir une nouvelle étape : regrouper et unir celles et ceux qui voulaient bien se battre pour ce programme d’urgence dans un « Parti des travailleurs », que Lutte ouvrière a semblé un instant appeler de ses vœux. Mais cela aurait voulu dire aller jusqu’au bout de la démarche et prendre le risque de dépasser le cadre d’une petite organisation habituée à un fonctionnement
très monolithique.
Aujourd’hui, le bilan est sans appel. Il ne tient pas en premier lieu aux « limites de la situation objective », même si cela existe. Après dix années passées sans même avoir gagné quelques militant-e-s de plus à l’organisation, Lutte ouvrière s’est repliée plus que jamais sur elle même. Elle est seule, elle est même « la seule » ! Pour se justifier, elle confond la politique des réformistes qu’il convient de dénoncer, avec les milieux qui sont influencés par le réformisme qu’il faudrait dénoncer de la même manière : des gens sans intérêt, voire des adversaires qu’il vaut mieux ne pas fréquenter, dans les collectifs ou ailleurs… Comme si les révolutionnaires pouvaient gagner de l’influence autrement qu’en gagnant des réformistes à leur cause !
Retrouver une cohérence…
Depuis une dizaine d’années, la situation a inévitablement bousculé l’extrême gauche. Le recul général du
mouvement ouvrier, en particulier le mouvement stalinien, lui a donné de fait de nouvelles responsabilités.
Une partie des travailleurs-euses et des électreurs-trices de gauche, écœuré-e-s par la politique de la gauche au gouvernement, aimeraient bien de leur côté lui voir jouer le rôle d’une « vraie gauche ».
Lutte ouvrière croit qu’en se détournant de ce milieu elle se préserve, et que cela suffit pour justifier son abstention. Avec les camarades de la LCR, nous avons au contraire le souci d’essayer d’avoir une politique en leur direction, même si cela peut entraîner bien des dérapages que nous critiquons. Mais la préoccupation est fondamentalement juste.
Lutte ouvrière confond la fermeté, indispensable lorsqu’on veut mener une politique révolutionnaire conséquente, avec l’isolement. Elle croit se préserver de cette manière des risques de l’opportunisme. Mais à tort.
C’est ainsi qu’après le 29 mai, on a assisté à un va-et-vient étrange de Lutte ouvrière, hésitant entre repli
sur soi et tentative de rompre un isolement de plus en plus pesant. Mais sans aucune cohérence politique.
Refusant tout débat à l’université d’été de la LCR puis à la fête de l’humanité en 2005, tout en acceptant à
cette même fête de figurer dans le « carré des personnalités », LO n’a pas hésité ensuite à répondre à
l’invitation de la LCR de participer à des meeting communs de toute la gauche ou d’une partie d’entre elle, d’abord à Marseille en soutien à la lutte de la SNCM, puis à la salle Japy à l’occasion d’un débat sur le service public de l’énergie (où il s’agissait cette fois d’une discussion entre forces de gauche et non du
soutien à une lutte… qui n’existait pas), acceptant même de côtoyer à d’autres occasions Strauss-Kahn pour dénoncer ensemble l’article 4 de la loi faisant l’apologie du colonialisme, ou signant un appel commun à l’initiative de la LDH au moment où démarrait la révolte des banlieues, qui approuvait pourtant une éventuelle utilisation des forces de l’ordre (que la LCR a heureusement refusé de signer !).
Depuis, la tendance a été à nouveau au repli. LO a décliné une nouvelle fois en 2006 l’invitation faite par
la LCR de venir débattre à son université d’été, alors que les débats et les conclusions de sa conférence
nationale en juin ouvraient explicitement de nouvelles perspectives politiques…
C’est cette politique incohérente, et au jour le jour, qui arrive à épuisement. Mais c’est aussi la
responsabilité de la LCR de lui offrir d’autres perspectives.
… et reconstruire des perspectives communes
La campagne électorale qui s’annonce aura pour le moins un aspect paradoxal : deux candidatures d’extrême gauche qui diront la plupart du temps les mêmes choses, tout en étant très différentes.
LCR et LO défendront le même programme : un plan d’urgence anticapitaliste fondé sur la nécessité de
s’en prendre au droit de propriété privée pour commencer à résoudre les problèmes immédiats du monde du travail ; la nécessité pour les travailleurs d’exercer un contrôler sur l’économie et l’Etat ; la nécessité des luttes sans lesquelles rien ne sera possible.
Sur bien des points, les positions des deux organisations ne seront guère différentes non plus. La réflexion
de LO sur la question du 2ème tour est à cet égard intéressante (8) : pas question bien évidemment de
s’engager aujourd’hui à voter pour la candidate socialiste, mais sans perdre de vue non plus la préoccupation d’être réellement compris, et sans s’arrêter à des formulations trop définitives. L’essentiel est bien pour l’extrême gauche de proposer un programme pour les luttes, quel que soit le gouvernement élu en 2007. Le moral de la classe ouvrière et l’écho que nous rencontrerons sur cette question au 1er tour seront déterminants, bien plus que le nombre de travailleurs qui s’abstiendront de choisir entre Sarkozy et Royal ou qui choisiront quand même Royal plutôt que Sarkozy au nom du « moindre mal ».
C’est sur notre programme et sur nos perspectives qu’il faudra convaincre. Mais pour en faire un
programme d’action pratique, Lutte ouvrière devra se dépasser elle-même. Depuis bien longtemps, LO ne
cesse de répéter que seules les luttes changeront la vie, mais sans jamais dépasser le cadre de la propagande à l’occasion des élections. Que peut-on attendre d’une organisation qui explique qu’elle est maintenant la « seule » dans le camp des travailleurs, et que prendre des initiatives même sur le terrain des luttes, c’est s’illusionner soi-même (9) ? De quelle impuissance veut-elle nous convaincre ?
Dès maintenant, l’extrême gauche devrait pouvoir faire entendre des propositions concrètes pour riposter
sans attendre aux mauvais coups du patronat et de la droite, tous ensemble, tout en continuant sans relâche à œuvrer au regroupement de celles et ceux qui cherchent une issue anticapitaliste à la crise actuelle du
mouvement ouvrier. Combiner, sans les confondre, une politique de front unique avec l’ensemble du
mouvement ouvrier, et une politique pour la construction d’un parti des travailleurs.
Notre perspective va donc bien au-delà des péripéties électorales. Ce qu’il nous faut anticiper, c’est bien
sûr la possibilité d’accumuler de nouvelles forces militantes, notamment dans la jeunesse et en dehors des
organisations. Il nous faut aussi nous adresser aux militants du mouvement ouvrier, en particulier à celles et ceux qui ne supportent plus les renoncements de leurs organisations.
Il nous faut construire un nouveau parti des travailleurs, mais, pour ce faire, la politique de LO a
d’évidentes limites. On ne construira pas un parti anticapitaliste conséquent, c’est-à-dire un parti
révolutionnaire, en commençant par faire une croix sur le capital politique et militant que représente malgré tout cette organisation. Ce qui ne veut surtout pas dire, bien au contraire, qu’il faudrait renoncer à la confrontation politique avec les militants de LO.
D’ailleurs, en ce sens, proposer ou accepter des accords électoraux sans lendemain à Lutte ouvrière, sans
même une véritable discussion sur le fond, comme l’a fait la LCR ces dernières années, a montré d’évidentes limites.
Ce qui fait cruellement défaut aujourd’hui, c’est la possibilité de reconstruire pas à pas avec ces
camarades des perspectives communes, comme nous essayons de le faire par ailleurs avec d’autres courants militants, non sans mal, et non sans mesurer parfois la profondeur des divergences qui nous séparent. Dans le cas de Lutte ouvrière, les accords et les désaccords devront être à l’évidence plus sérieusement circonscrits, si l’on veut progresser sérieusement dans la discussion, loin des caricatures.
Ainsi, pour ne prendre qu’un exemple, les camarades de Lutte ouvrière ont raison de dire que la seule
force anticapitaliste conséquente que l’on devrait vouloir construire ensemble serait un parti révolutionnaire.
Mais même la direction de LO en 1995 n’a pas commencé par le décréter, sur la base d’un programme qui
aurait été le décalque d’un programme trotskyste !
Un parti qui défend exclusivement les intérêts politiques de la classe ouvrière ne se construira pas d’un
seul coup, dans les luttes, mais aussi par une série de regroupements larges, au travers de crises et de
décantations politiques. Il y aura dès le départ des délimitations indispensables, notamment sur
l’indépendance de classe, les institutions et l’Etat, et la construction d’un tel parti ne pourra se faire sur des bases aussi réformistes que l’antilibéralisme, qui ne sont pas seulement insuffisantes mais tournent le dos à une perspective révolutionnaire. Cependant, prétendre sérieusement défendre la perspective d’un parti révolutionnaire à notre époque nécessite de rompre sans retour avec le sectarisme et le caporalisme d’une organisation comme Lutte ouvrière. C’est aussi la question qu’il nous faudra aborder sans détour…
La LCR a aujourd’hui une grande responsabilité, celle d’œuvrer au dépassement des organisations
existantes, dans la perspective de construction d’une nouvelle force. L’impasse dans laquelle se trouve
aujourd’hui Lutte ouvrière, par delà l’échéance présidentielle, doit être pour nous une raison non pas de nous en détourner, mais d’avoir la volonté d’engager sérieusement le débat dans cette perspective.
Jean-François CABRAL
1- Texte du 36° congrès de Lutte ouvrière, Lutte de classe n° 101, page 35. retour au texte
2- Texte de congrès, LDC n° 101, page 46. retour au texte
3- LDC n°98, été 2006, page7. retour au texte
4- Texte de congrès, LDC n° 101, page 46. retour au texte
5- Articles de la majorité : La situation politique à l’approche de la campagne électorale (LDC n° 98, été 2006) ; Les
avatars d’une “ dynamique unitaire ” fictive (LDC n° 99, octobre 2006) ; Pré-campagne pour la présidentielle et
manœuvres en tout genre (LDC n° 100, novembre 2006). Article de sa minorité : Réforme ou révolution… entre poire et
fromage (LDC n°97, mai-juin 2006). Et bien sûr les textes de congrès. retour au texte
6- Texte de congrès, LDC n° 101, page 34. retour au texte
7- Texte de congrès, LDC n° 101, page 36. retour au texte
8- Textes de congrès, LDC n°101, pages 43 à 45 et 48 à 50. retour au texte
9- Ainsi, dans la lutte contre le CPE, sa Fraction et nos camarades des JCR auraient eu tort de croire qu’ils auraient joué
le moindre rôle au travers de la coordination qu’ils ont pourtant fortement contribuée à impulser… Textes de congrès,
LDC n°101, pages 51 et 52. retour au texte