« Guerre » contre les Rroms

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Message par piemme » 20 Nov 2006, 11:20

Lu dans "Le Courrier des Balkans" (http://balkans.courriers.info/article7308.html), tiré de "Osservatorio sui Balcani" (organisme italien, je pense)

a écrit :
« Guerre » contre les Rroms : la Slovénie s’enflamme (17 novembre 2006)
Traduit par Jean-Arnault Dérens
Mise en ligne : lundi 20 novembre 2006

Avec la complicité tacite du gouvernement, l’insurrection xénophobe anti-rrom s’étend toujours en Slovénie, tandis que le Premier ministre Janez Jansa accuse le médiateur de la République Matiaz Hanzek et la presse indépendante, qui ont internationalisé le problème.

Par Franco Juri

Arbres abattus, tracteurs, barricades, assemblées enflammées, foules excitées, « gardes paysannes », qui rappellent les vaske straze, les points de contrôle des domobrani, les milices collaborationnistes de la Seconde Guerre Mondiale... Aux check-points qui bloquent tous les accès aux villages d’Ambrus et de Mala Huda, dans la commune d’Ivancna Gorica, les volontaires contrôlent tous les véhicules, tous les mouvements suspects, demandant même les papiers des passants.

L’ennemi à arrêter sont les Rroms que la foule a chassé d’Ambrus il y a deux semaines, en les menaçant de lynchage, et en les expulsant de leurs maisons, à quelques pas du village, aux limites de la forêt.

La famille Strojan, 25 personnes dont seulement quatre hommes adultes, a été obligée d’abandonner ses propres maisons, et elle a été conduite, sous bonne escorte de la police en tenue anti-émeute, dans le centre d’accueil pour étrangers de Postojna. Le gouvernement slovène s’est alors engagé à leur trouver au plus vite un autre hébergement, si possible dans la même commune.

Juste après les élections communales, l’hébergement proposé aux Strojan, et que ceux-ci étaient prêts à accepter, fut connu. Il se trouvait dans le village de Mala Huda, dans la même commune d’Ivancna Gorica.

La révolte a aussitôt éclaté. Les villages se sont insurgés, 300 paysans de Mala Huda ont bloqué les routes et dressé des barricades. La foule réunie dans la rue, à Ljubljana, hurle : « nous ne voulons pas de Rroms ». Une vieille dame du village crie à la télévision : « nous n’en voulons pas, nous savons que c’est tous des criminels ! »

La rage monte encore dans les villages voisins, et quand naît la rumeur que les hommes de la famille Strojan se prépareraient à rentrer dans leurs maisons d’Ambrus, la région se met à ressembler à la Srpska Krajina en 1991. Les images évoquent immanquablement celles de Knin. Les paysans organisent des comités d’autodéfense, les vaske straze, qui prennent le contrôle des voies de communication et lancent la chasse aux Rroms.

Que fait le gouvernement ? Que fait la police ? Ils démontrent une inexplicable compréhension envers « l’insurrection populaire ». L’unique arrestation a eu lieu il y a quelques jours à Ljubljana, où 700 manifestants anti-racistes s’étaient rassemblés devant le Parlement et le siège du gouvernement, en soutien aux Rroms, réclamant la démission du ministre de l’Intériueur Dragutin Mate. Un militant bien connu, Marko Brecelj, de Koper, auteur-compositeur d’une soixantaine d’années, tenta de franchir une barrière de sécurité et fut immédiatement arrêté.

Et le jour même où la région de Dolenjska semblait se préparer à la guerre, le Commissaire aux droits de la personne auprès du Conseil de l’Europe, Thomas Hammarberg, est arrivé à Ljubljana. Il a rencontré les Strojan, le ministre de l’Éducation Milan Zver, chargé de suivre la question des Rroms au sein du gouvernement, ainsi que le médiateur Matiaz Hanzek.

Thomas Hammarberg n’a pas hésité à manifester publiquement son désaccord avec le déplacement forcé de la famille rrom. Et il n’épargne pas ses critiques envers le gouvernement slovène, lui reprochant notamment d’avoir attaqué le médiateur Hanzek, en le présentant comme une sorte de « traître national », parce qu’il a informé le Conseil de l’Europe de l’affaire d’Ambrus.

Mais le Premier ministre Jansa ne recule pas, et lors de la conférence de presse qu’il a donné à son retour d’Irak et d’Arabie saoudite, où il se trouvait alors que les vaske straze prenaient en main la situation, il a tiré à bout portant sur ceux « qui utilisent politiquement et qui internationalisent le problème ». Une pointe a aussi été dirigée contre les journalistes, qui ont trop écrit et trop parlé à ce sujet.
piemme
 
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