a écrit :lundi 6 novembre 2006,
Les chauffeurs de bus bloquent 117 lignes en Seine-Saint-Denis, Val-d'Oise et Seine-et-Marne
Par Anne-Sophie MOREL
BOBIGNY (AFP) - Les 450 chauffeurs de bus des courriers d'Ile-de-France (CIF) ont commencé lundi à 20h00 un arrêt de travail, bloquant 117 lignes en Seine-et-Marne, Seine-Saint-Denis, et dans le Val-d'Oise après le début d'incendie d'un bus dimanche à Tremblay-en-France (Seine-Saint-Denis).
Les conducteurs de bus sont arrivés les uns après les autres au dépôt de Tremblay-en-France, où ils ont cessé aussitôt le travail avant une réunion avec la direction. Une quarantaine de chauffeurs se trouvaient sur place peu après 20h00, a constaté une journaliste de l'AFP.
"L'intersyndicale (CGT, SUD, SNCR, FO-CGC, CFDT, CFTC), représentant 450 chauffeurs sur les trois départements a décidé d'arrêter le travail à partir de 20H00 ce soir. Le mouvement représente 117 lignes. Nous voulons que la solidarité fonctionne envers les chauffeurs et que la direction débloque plus d'argent pour la sécurité", avait expliqué à l'AFP Idrisses Talhi, représentant du syndicat CGT à CIF.
L'intersyndicale de CIF a été reçue par la direction au site de Tremblay-en-France afin "de faire baisser la tension et trouver des solutions avec les chauffeurs", a précisé à l'AFP Mohammed Ghodbane, responsable d'exploitation du site CIF à Tremblay-en-France.
"Nous avons vu notre collègue qui s'est fait attaquer dimanche soir à Tremblay à l'arrêt Léon Blum. Il est choqué, dans un état psychologique grave. Il repartait de son terminus quand trois individus cagoulés sont montés dans le bus après quelques passagers et l'ont aspergé avec un liquide qui lui a brûlé les yeux", a poursuivi Idrisses Talhi.
Toujours selon M. Talhi, "les passagers sont descendus et ont pris la fuite car ils avaient peur. Les trois individus avaient chacun un cocktail Molotov à la main qu'ils ont jeté à l'intérieur du bus avant de s'enfuir. Malgré son état le conducteur a utilisé l'extincteur et a réussi à éteindre le début d'incendie".
Pour le responsable CGT, l'endroit où s'est déroulé l'incident "ne fait pas partie des endroits sensibles de la ville: cela est grave car les personnes qui s'en prennent aux transports ciblent maintenant des lieux où il n'y a pas de présence policière", a-t-il observé.
"Cela ne relève plus d'un problème de sécurisation des transports mais d'un problème de société. C'est assez inquiétant car ça nous empêche de faire notre travail", a ajouté Mohammed Ghodbane.
"Sur le département de la Seine-Saint-Denis, nous avons déjà 18 médiateurs qui se relaient chaque demi-journée sur les lignes les plus sensibles", a-t-il dit, notant que "pour le moment il n'est pas d'actualité d'accompagner tous les chauffeurs de toutes les lignes du réseau, ce n'est pas possible".
De son côté, la mairie de Tremblay-en-France a salué lundi dans un communiqué "le sang-froid et le courage" du chauffeur qui "lui-même habite ce quartier et est donc doublement victime de cet acte odieux", tout en condamnant "la répétition de tels faits qui n'autorise pas à les banaliser".