DECLARATION CGT AU CCE
DU 4 octobre 2006
« Nous ne résoudrons pas les problèmes avec les mêmes modèles de pensées qui les ont engendrés ! »
La CGT AIRBUS FRANCE constate que les propositions de la direction d’EADS-NV pour redresser la situation d’Airbus ne diffèrent en rien de celles qui ont été mises en œuvre pour arriver à la situation catastrophique que les salariés vivent aujourd’hui.
Comment une direction responsable a-t-elle pu imaginer que la réalisation d’un programme aussi novateur que l’A380 pourrait cohabiter sans problème avec des mesures de réductions de coûts comme « Route 06 » ?
Pourquoi, alors que les problèmes se faisaient jour, la direction a poursuivi sa politique visant à assurer une rémunération maximale des actionnaires au détriment de l’investissement humain et industriel ?
Ces questions, aujourd’hui, une très grande majorité des salariés les posent et sont amers de constater que les projets, étudiés par la direction, pour le règlement de la situation doivent encore se faire à leur détriment !
En effet, la direction propose de geler les embauches, ne pas reconduire les contrats CDD et intérimaires, de réduire de 40% le cycle de développement des nouveaux programmes, de faire au moins 2 milliards d’économie par an, etc…
Pour la CGT, c’est inadmissible en regard de la situation qui exige au contraire un changement radical de politique industrielle.
En fait, les problèmes de l’A380 sont en partie liés au fait que la direction avait décidé de faire des économies concernant l’harmonisation des outils informatique permettant la réalisation des interfaces de câblage. Ils sont aussi liés à la politique de sous-traitance dans les pays à bas coûts, y compris dans la zone dollar, sans même se soucier de sa maîtrise.
C’est aussi à cause de la pression de réduction des coûts exercée sur les fournisseurs et sous-traitants.
Or aujourd’hui, la direction propose de prendre les mêmes options !
Pourtant d’autres solutions existent, notamment en utilisant pleinement le potentiel interne à EADS. Ne serait-il pas judicieux d’utiliser le potentiel industriel et humain que représente la Sogerma Bordeaux pour absorber les réparations afin de satisfaire les engagements de livraisons de l’A380 ? Des bâtiments et des compétences sont disponibles pour remettre en conformité les harnais électriques des tronçons d’A380 déjà livrés à Toulouse.
Pour ce qui concerne l’avenir du programme A350, il est indispensable que la direction finance correctement, et non au rabais, le développement du programme.
Mais il est tout autant important d’utiliser les compétences internes au Groupe (Astrium, MBDA, etc…) pour s’assurer une bonne maîtrise d’œuvre et une fiabilité dans les délais et la qualité.
Au-delà de l’aspect industriel, il nous faut aussi mettre en avant la responsabilité des Etats fondateurs du groupe EADS.
En effet, aujourd’hui, chaque Etat doit prendre en compte que la société Airbus a fait moins bien que le GIE Airbus pour répondre aux besoins des clients. C’est principalement à cause de l’orientation financière qui prévaut depuis la mise en place de la Société Airbus.
C’est pourquoi la CGT considère que les Etats, fondateurs du groupe EADS, doivent être garants de l’avenir de l’aéronautique.
Pour cela, ils doivent devenir les actionnaires de référence pour contrôler les décisions du conseil de surveillance. Dans ce cadre, la CGT propose que les 15% de part dont Daimler-Chrysler et la société Lagardère veulent se séparer soient repris par l’Etat français d’une part et la banque publique allemande, KFW, d’autre part.
La CGT propose aussi que la SEPI, détenue à 100% par l’Etat espagnol, puisse détenir jusqu’à 10% du capital d’EADS-NV.
Enfin, la CGT considère comme anormal que des actionnaires ayant déclaré vouloir se désengager très rapidement du capital d’EADS-NV soient les artisans des décisions pour l’avenir du Groupe. En effet, leurs décisions viseraient peut être à faire « grimper » le cours de l’action jusqu’au moment de leur désengagement pour augmenter leurs plus values.
Toulouse, le 3 octobre 2006.