a écrit :...
Oui, c’est à tout ce système-là qu’il faut s’en prendre.
Ne soyons pas dupes des simagrées et des discours des hommes politiques qui tiennent le devant de la scène. Ils ne sont, tous autant les uns que les autres, que des exécutants, des figurants qui masquent les coulisses où tout se passe en réalité. Avec des grimaces et des mots différents, ils ne font que ce que le grand patronat industriel, commercial ou financier, exige ou impose à la société. Tous jouent le rôle du choeur antique qui couvre de ses chants les cris de tous ceux qui sont piétinés au fond de la scène.
C’est pourquoi nous ne devons pas nous laisser abuser par les chansons électorales. Elles sont interchangeables.
Cela ne veut pas dire qu’elles soient identiques et que les acteurs tiennent le même rôle dans la pièce. Leur masque peut être tragique ou rieur. Mais sans les uns et sans les autres, la pièce ne se déroulerait pas.
Aujourd’hui, dès qu’on en a assez de la droite, on nous sert la gauche sur un plateau. Et si la gauche déçoit, comme ce fut le cas du gouvernement Jospin, on se résignera à laisser la droite passer, voire à voter pour un réactionnaire tel Chirac qui cachait Sarkozy, comme la gauche nous l’a demandé lâchement au deuxième tour de 2002.
Dans la campagne électorale en cours, chacun joue sa partition...
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Alors, bien sûr, par rapport au langage d’un Sarkozy, celui des dirigeants socialistes sonne bien plus agréablement à l’oreille.
Je ne cite pour l’instant que l’un des trois candidats en cours pour l’investiture du PS : “Je n’accepte pas les salaires de misère, les cadences insupportables, les pensions qui ne permettent pas de vivre, l’écart écrasant des richesses, je n’accepte pas que des dizaines de milliers de familles ne puissent se loger décemment”. Qu’elle pourrait sonner juste cette dénonciation si elle ne venait pas de Laurent Fabius qui a tout de même été Premier ministre de Mitterrand pendant deux ans ! Et, à ce qu’on sache, en cette qualité, il n’a pas laissé une trace positive ineffaçable dans la mémoire ouvrière, au moins comme celui qui aurait essayé de limiter tout cela.
Mais il est vrai que le fils de famille bourgeoise réapparaît dans sa dénonciation, lorsqu’il s’en prend à “l’écart écrasant des richesses” ! Mais de quoi parle-t-il ? La majorité de la population ouvrière n’a pas droit à une richesse, même petite. Elle doit se contenter de salaires de misère, aussi vite dépensés que reçus, quand elle a la chance d’en avoir au lieu d’allocations chômage ou de RMI.
Voilà leur langage respectif pendant les campagnes électorales.
Mais une fois au gouvernement, ceux qui viennent d’y arriver reprennent là où leurs prédécesseurs se sont arrêtés. D’autant que si, avec les élections, les ministres changent et, encore, pas toujours, les hauts fonctionnaires des ministères, eux, ils ne changent pas. Ils préparent les projets et les dossiers, que le ministre fraîchement mis en place, n’a plus qu’à signer... et à justifier au Parlement et à la télévision.
Bien des mesures du gouvernement Raffarin ont été préparées dans les ministères au temps de Jospin. Et de son côté, le gouvernement Jospin n’a annulé aucune décision du gouvernement Balladur qui l’a précédé : ni les attaques contre les retraites, ni les privatisations, rien !
Serviteurs du véritable pouvoir, celui du grand patronat, les ministres sont cependant des serviteurs utiles. Pas seulement pour arranger les lois en faveur du patronat, mais aussi pour consacrer à ces derniers une part de plus en plus grande du budget, quitte à rogner sur les dépenses nécessaires pour les hôpitaux, qu’on veut rendre rentables, ou pour les écoles dans les quartiers populaires qui, faute d’instituteurs en nombre suffisant, se transforment en garderies ....
Alors, autant dire que les promesses que les uns et les autres font à l’électorat populaire pendant la campagne électorale n’engagent que ceux qui les croient. Mais, de toute façon, des promesses, ils en font peu. Ils ne vantent aucune marchandise, l’emballage doit suffire...
Ne nous y trompons pas, nous ne disons et ne dirons pas que gauche et droite c’est pareil ! Elles sont, comme je le disais plus haut, les acteurs d’une même pièce. Il y a ceux qui jouent le rôle des méchants et ceux qui jouent le rôle des bons. Et il est vrai qu’il vaut mieux avoir affaire à des faux bons qu’à de vrais méchants. Mais il faut savoir que derrière eux, on trouve toujours les mêmes fauves qui ne changent pas au hasard des résultats électoraux. Les Lagardère, les Dassault, les Bouygues, personne, à part leur conseil d’administration ne les élit et encore, car leurs capitaux sont majoritaires dans les entreprises les plus importantes où ils participent ; et ces trois-là, à eux trois, ont plus de mainmise sur toute la société française que le gouvernement n’en a.
Beaucoup d’électeurs populaires disent, et à juste titre, que “la gauche est moins pire que la droite”. C’est vrai ! Mais le moins pire, cela ne veut pas dire le meilleur ou même le bon ! Et, littéralement, c’est pire quand même.
Alors, chasser ce gouvernement de droite, ces hommes de droite répugnants, cyniques, menteurs, viscéralement hostiles aux pauvres, aux travailleurs et aux classes populaires en général, hostiles à tout ce qui n’est pas leur classe sociale, oui, cela ferait plaisir de les chasser et de les renvoyer dans leur foyer, qui n’en doutons pas est loin d’être misérable. Cela nuirait peut-être seulement à leur amour propre et peut-être aussi à leurs revenus car ce n’est plus eux qui auraient tous les avantages, voire les pots de vin !
Evidemment, on ne peut pas, dans les circonstances actuelles, chasser cette droite sans ramener la gauche que nous connaissons pourtant déjà bien. Mais il ne faudrait pas la ramener au pouvoir les yeux fermés, sans rien lui demander en échange. Et par rien lui demander, j’entends rien exiger d’elle.
Que veulent dire de concret les slogans inscrits sur les tribunes de Fabius, de Strauss-Kahn ou de Ségolène Royal lors de leurs récentes réunions respectives ?
Pour Fabius, c’est “Réussir ensemble le changement”. Quel changement ? Mystère ! C’est aussi creux que “la force tranquille” de Mitterrand et aussi menteur que “réduire la fracture sociale” de Chirac.
Pour Strauss-Kahn, c’est “Avec vous, préparons la France que nous voulons”. Ce que nous voulons, nous le savons, mais ce que lui, il veut, nous ne le saurons pas, en tout cas pas tout de suite. Et comment un chômeur voudrait-il la même chose que Strauss-Kahn ?
Quant à Ségolène Royal, son slogan est plus net sinon franc : “Préparons la victoire de 2007". Elle n’a pas osé écrire “préparons ma victoire” mais on a beau retourner la phrase en tous sens, c’est cela qu’elle veut dire.
Ces hommes et femmes politiques n’en sont même plus à faire des promesses...
Je souhaite que les voix qui se porteront sur ma candidature soient une menace pour la gauche. Je souhaite que le maximum d’électeurs populaires qui voteront pour le candidat socialiste au 2ème tour disent ouvertement qu’ils ne sont pas dupes des marsh-mallowes déguisés en phrases des candidats socialistes....
Cela fait longtemps que les grands partis qui se revendiquent, directement ou indirectement, ne serait-ce que par leur nom ou par leur passé, du camp des travailleurs, le Parti Socialiste et Le Parti Communiste n’ont plus d’autre ambition que d’enrégimenter électoralement les travailleurs dans un des camps politiques de la bourgeoisie.
Eh bien, il est important de faire la démonstration, chaque fois que l’occasion se présente, qu’une fraction au moins du monde du travail ne se laisse pas enrégimenter dans un camp qui n’est pas le sien....