a écrit :Liban: les chars français se déploient à Beyrouth
BEYROUTH (AFP) - La Finul s'est renforcée avec le débarquement mardi dans le port de Beyrouth de 14 chars français Leclerc, 45 blindés légers et véhicules de liaison et 95 poids lourds qui seront suivis par une quarantaine d'autres blindés.
Ces chars apportent à la mission de paix de l'Onu au Liban une dimension dissuasive, au moment où des arrivées régulières de soldats européens gonflent les rangs de la Finul, qui compte déjà plus de 3.500 hommes.
Le déchargement des 14 chars Leclerc, dont un de dépannage, a commencé à 14H15 (11H15 GMT) en présence de l'ambassadeur de France au Liban, Bernard Emié.
Celui-ci a indiqué que "l'objectif" était de déployer les 2.000 hommes promis par le président Jacques Chirac "avant la fin du mois". La France, a-t-il relevé, sera "avant la fin de la semaine le premier contingent sur zone, tant en termes d'équipements qu'en termes d'effectifs".
Le déchargement du Fast Arrow, un navire civil affrété par les armées, avait commencé tôt le matin par 45 blindés légers et véhicules de liaison et 95 poids lourds avant de se poursuivre avec les chars Leclerc et une quarantaine d'autres blindés lourds.
Le cargo transportait également des dizaines de conteneurs mais surtout quatre puissants canons automoteurs AUF-1 de 155 mm, autre élément clé du dispositif "robuste" qui doit être déployé par la France au Liban sud.
Commentant l'ampleur de ce déploiement, la ministre française de la Défense, Michèle Alliot-Marie, a souligné qu'en "montrant sa force, souvent on évite d'avoir à l'utiliser".
Elle a insisté sur le fait que les militaires français envoyés au Liban pourraient se défendre, notamment s'ils étaient la cible de tirs de l'armée israélienne ou du Hezbollah.
Les chars Leclerc n'avaient été engagés sur un théâtre d'opération extérieure qu'une seule fois, au Kosovo, de juin 1999 à mai 2002, sous mandat de l'Otan. Leur déploiement au Liban est le premier sous les couleurs de l'Onu. Le président français Jacques Chirac a décidé d'engager 2.000 soldats au sein de la Finul.
Par ailleurs, la formation chiite du Hezbollah, soutenu par la Syrie et l'Iran, a exigé de nouveau la démission du gouvernement pro-occidental de Fouad Siniora. Côté israélien, sous la pression de l'opinion, le cabinet a dû accepter la formation d'une commission gouvernementale d'enquête pour analyser les erreurs militaires et politiques commises à l'occasion de cette offensive, en juillet et en août.
Lundi soir, devant des milliers de sympathisants réunis sur les décombres d'immeubles détruits dans le fief du Hezbollah, dans la banlieue sud de Beyrouth, un député du Parti de Dieu a exigé, avec une violence sans précédent, le départ du gouvernement.
"Ce gouvernement doit partir car il est soutenu par une majorité illusoire qui a usurpé le pouvoir", a lancé le député du Hezbollah, Ali Ammar, devant la foule qui scandait "Gouvernement, démission!".
Pour la première fois, le parti chiite a accusé la majorité anti-syrienne de faire le jeu d'Israël et d'"avoir planifié l'assassinat de la résistance (ndlr, la branche armée du Hezbollah) en collaboration avec l'Américain et l'Israélien".
"Les forces du 14 mars", qui regroupent la majorité anti-syriennne, ont immédiatement réagi en accusant le Hezbollah de faire le jeu de l'Iran et de la Syrie.
Le chef druze Walid Joumblatt, un des piliers de la majorité, a menacé de se livrer à une démonstration de force: "Le Hezbollah n'a pas le monopole de l'opinion publique. Il faut nous préparer à descendre dans la rue", a-t-il dit.
Le quotidien progouvernemental Al-Mostaqbal a accusé le Hezbollah de mener également, pour le compte de l'Iran et de la Syrie, une campagne contre la Force intérimaires des Nations unies au Liban (Finul). Selon lui, Damas voit avec hostilité le déploiement d'une "Finul navale" chargée d'empêcher tout trafic d'armes destinées au Hezbollah.
La demande du Liban concernant l'engagement de la marine allemande dans la Finul élargie est parvenue durant le week-end au gouvernement allemand.
La Chine pourrait envoyer jusqu'à un millier d'hommes et la Russie se prépare à envoyer dès la fin septembre un bataillon de soldats du génie pour y mener des travaux de reconstruction.