(Raymond @ vendredi 18 août 2006 à 22:53 a écrit : On touche là effectivement une divergence stratégique. Je pense que le gouvernement Prodi qui n'a pas encore eu le temps de lever toutes les illusions que peut avoir une très grande partie de la classe ouvrière a son égard pourrait aisément mener ce type de campagne contre l'extrême-gauche si elle venait à le faire tomber dès sa prise de pouvoir. Et là ça fonctionnerait à merveille pour lui. De telle sorte qu'aux élections suivantes la gauche reviendrait avec encore plus de facilité au pouvoir puisqu'elle aura su éliminer une extrême-gauche émergente (ce qui est un fait historique en Italie quand on connait son absence depuis la fin des années de plomb).
L'afrontement doit se faire lorsque ce gouvernement aura clairement trahi un mouvement social et qu'alors la fraction de la classe ouvrière en lutte trouvera cette action légitime. Le faire aujourd'hui sur la base de rien si ce n'est si ce n'est "ce n'est qu'un affreux gouvernement bourgeois alors on ne vote pas pour lui" ça ne ménera à strictement à rien et l'extrême-gauche retournera à son plus strict anonymat. D'autant que la seule alternative c'est un autre gouvernement bourgeois ultra-réactionnaire aka la coalition de Berlusconi avec l'extrême-droite!
Mais qu'est-ce qui aura changé d'ici quelques années ? D'abord rien ne prouve que la classe ouvrière sera en lutte, et même dans ce cas, pourquoi accorderait-elle plus de crédit à l'extrême gauche simplement parce qu'elle aura fait tomber un gouvernement ou sera en position de le faire ? Et y aura-t-il alors une autre alternative qu'un autre gouvernement bourgeois ?
J'ai l'impression que tu surrestimes à la fois les illusions des travailleurs italiens en Prodi et sa clique, leur envie de se battre, et surtout la capacité qu'auraient ces sénateurs, même en cas de luttes importantes, à gagner d'un coup la confiance des travailleurs, simplement en retournant leur veste en fin de compte.
Car dans la situation que t imagines, débarquer en faisant mine d'avoir cru jusque là que Prodi était dans le camp de la classe ouvrière (d'où la justification d'avoir accepté la soupe offerte, en toute bonne foi), quand bien même ça serait possible, ça serait un peu prendre les gens pour des andouilles.
Les bonnes occasions de dire m****e à Prodi ne manqueront pas, avec les inconvénients qu'on a dit. Alors pourquoi se forcer à s'en solidariser pour des postes qui ne serviront de toute façon à rien, à part à nourrir ceux qui les ont ?
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