JERUSALEM (AFP) - Le correspondant de la première chaîne de télévision publique israélienne Dan Scemama a accusé vendredi soir des soldats américains d'avoir fait passer à un groupe de quatre journalistes israéliens et portugais qui se trouvaient en Irak, "les pires 48 heures de leur vie".
Dan Scemama est entré par ses propres moyens en Irak en compagnie d'un autre journaliste israélien, Boaz Bizmuth du quotidien Yédiot Aharonot, de Luis Castro de la télévision publique portugaise RTP et de son cameraman Victor Silva. Circulant en voiture, ils ont été arrêtés par une unité américaine mercredi en territoire irakien.
"Nous avons passé les pires 48 heures de notre vie. Les soldats américains ont décrété que nous étions des terroristes et des espions et nous ont traités comme tels (...) malgré nos explications, ils nous ont menacés pendant des heures avec leurs armes. Ils ont refusé de nous donner à manger et nous avons dû rester assis dans un véhicule militaire pendant 36 heures de suite avant qu'ils nous transfèrent au Koweït en hélicoptère", a raconté à la télévision israélienne Dan Scemama.
"Au Koweït, les militaires ont continué à nous traiter comme des suspects en nous interdisant de parler les uns aux autres, le journaliste portugais a été battu", a-t-il poursuivi.
A Lisbonne, le directeur d'information de la RTP José Rodrigues dos Santos a indiqué que Luis Castro avait reçu des coups de pied tandis que Victor Silva a été malmené par la police militaire américaine. Enfermés dans une jeep pendant 36 heures sous l'accusation d'espionnage, ils ont été interdits de tout contact avec l'extérieur, jusqu'à ce qu'un officier les libère.
L'équipe portugaise, arrivée mardi matin à Kerbala, avait dû rebrousser chemin jusqu'aux abords de Najaf, où elle a dormi près de chars américains, les militaires américains contestant la validité de l'accréditation de deux reporters israéliens qui l'accompagnaient.
"Lorsqu'ils se sont réveillés, ils étaient entourés de policiers militaires qui pointaient leurs mitrailleuses sur eux", a expliqué le responsable de la RTP.
Dan Scemama a également déclaré avoir vu lors de son transfert d'Irak vers le Koweït "des soldates américaines humilier un groupe de 150 prisonniers irakiens obligés de faire leurs besoins en plein air dans le désert". "Ces soldates se moquaient d'eux et n'ont pas cessé de rire, et je dois admettre que j'ai ressenti à ce moment-là une certaine solidarité avec ces prisonniers", a-t-il poursuivi.
En guise de conclusion, il a souligné que "les Américains font tout pour qu'aucun journaliste puisse circuler de façon indépendante en Irak". "Ils veulent que tous les journalistes en Irak aient auprès d'eux un de leurs officiers de liaison, qui supervisent les images diffusées et c'est sans doute pour cela qu'ils nous ont traité de façon aussi cruelle", a souligné Dan Scemama.
Plusieurs journalistes israéliens, dont la plupart disposent d'un passeport d'un autre pays, couvrent la guerre depuis l'Irak pour des journaux et télévisions de l'Etat hébreu.