Militarisation au Vénézuela

Dans le monde...

Message par Matrok » 26 Juil 2006, 21:31

a écrit :Hugo Chavez militarise le Venezuela en agitant la menace d'une "guerre asymétrique" avec les Etats-Unis

LE MONDE | 25.07.06 | 15h05  •  Mis à jour le 25.07.06 | 17h56
CARACAS ENVOYÉE SPÉCIALE

Soraida Vega se peint le visage : une raie verte, une raie noire. Son équipe ? L'armée de réserve vénézuélienne. Fusil sur l'épaule, la jeune femme s'apprête à défiler pour la première fois devant "son" président, Hugo Chavez. "Les Américains n'ont qu'à bien se tenir", rit-elle, en contemplant les tanks vénézuéliens stationnés derrière la tribune.

a écrit :Des kalachnikovs "made in Russie"

En provenance de la Biélorussie, Hugo Chavez est arrivé, lundi 24 juillet, à Moscou où il négociera de nouveaux contrats d'armement qui viendront s'ajouter aux hélicoptères et aux 100 000 fusils-mitrailleurs AK déjà achetés récemment à la Russie. A l'occasion de la livraison des 30 000 premières unités, début juin, Caracas a fait savoir que des négociations sont en cours avec Moscou pour la construction de deux usines d'armement afin de produire sur place des kalachnikovs et des munitions. A Moscou, M. Chavez négociera également la livraison d'avions de chasse Soukhoï 30. La flotte vénézuélienne de F-16 est au sol depuis longtemps, les Américains refusant d'en assurer la maintenance.

Le 15 mai, le département d'Etat américain a décidé d'interdire les ventes d'armes et de matériel militaire américain au Venezuela, parce que Caracas "ne coopère pas suffisamment à la lutte contre le terrorisme". En 2005, le gouvernement américain avait tenté, sans succès, de bloquer un contrat d'armement avec l'Espagne, qui s'est engagée à livrer dix avions de transport de troupes et huit corvettes. - (Corresp.)


A deux heures de route de Caracas, 15 000 réservistes et 30 000 membres de l'armée régulière ont commémoré, le 24 juin, la bataille de Carabobo que Simon Bolivar livra contre les Espagnols en 1821. Colonel du cadre de réserve, le président vénézuélien a fait du "Libertador" de l'Amérique du Sud, l'inspirateur de sa "révolution bolivarienne".

Depuis neuf mois, Hugo Chavez appelle ses concitoyens à rejoindre l'armée de réserve en prévision d'une "guerre asymétrique". Il dénonce les velléités interventionnistes américaines. Un million et demi de Vénézuéliens se seraient déjà enrôlés, en majorité des anciens appelés. L'armée de métier compte 82 000 hommes, selon l'Institut d'études stratégique de Londres.

"LA RÉVOLUTION JUSQU'AU BOUT"

Soraida aurait aimé "faire pilote d'avion ou servir dans la marine". Mais, devenue mère à 16 ans, elle n'a jamais passé son bac. Grâce aux programmes d'éducation populaire instaurés par le gouvernement Chavez, elle a fait une formation en tourisme. Et tous les samedis, elle s'entraîne militairement pour être "prête à défendre la révolution jusqu'au bout".

Pour le général du cadre de réserve Alberto Rojas Muller, auteur en 2005 de la nouvelle loi sur l'armée, "la défense stratégique de l'Etat incombe à la nation tout entière ; elle s'appuie sur la résistance à l'invasion par la population civile". L'armée de réserve et la garde territoriale qui la complète sont directement rattachées à la présidence de la République. A qui s'inquiète de voir se constituer une milice aux ordres du président Chavez, le vieux militaire rétorque que la réserve est ouverte à tous les citoyens, sans distinction d'opinions politiques. Pourtant, à Carabobo, il est difficile de trouver un réserviste qui ne professe une loyauté sans faille au "comandante" Chavez.

Personne pourtant ne semble prendre au sérieux le risque d'une attaque américaine. Mais "mieux vaut se préparer au pire", avance un professeur d'anglais dans le civil. Le lieutenant colonel Hernandez, qui commande le bataillon, acquiesce. Le coup d'Etat avorté d'avril 2002 a fourni au chef de l'Etat l'occasion d'épurer l'armée, qui lui est désormais acquise.

Depuis l'arrivée au pouvoir de M. Chavez, en 1998, le ton n'a cessé de monter entre Caracas et Washington, inquiet de l'alliance du Venezuela, 5e producteur mondial de brut, avec Cuba et l'Iran. Affaiblie, l'opposition vénézuélienne, qui contrôle les grands médias, n'est pas la seule à s'inquiéter des "dérives militaristes" et des alliances provocatrices. "Le gouvernement brandit la menace d'une intervention américaine et embrigade ses partisans pour faire oublier les problèmes de corruption et l'insécurité grandissantes", estime un fonctionnaire municipal de Valencia. Les pacifistes vénézuéliens s'indignent quant à eux des sommes allouées aux achats d'armement.

Avant d'immigrer au Venezuela et d'ouvrir une épicerie, William Perez a fait son service en Colombie, dans un bataillon antiguérilla. Selon lui, "les partisans de Chavez jouent à la guerre parce qu'ils ne savent pas ce que c'est (...) mais ils ont raison de se méfier des Américains".

Marie Delcas
Article paru dans l'édition du 26.07.06
Matrok
 
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Message par Matrok » 26 Juil 2006, 21:35

Un autre article du Monde:

a écrit :Hugo Chavez cherche des soutiens à Minsk et Moscou

LEMONDE.FR | 26.07.06 | 11h19  •  Mis à jour le 26.07.06 | 11h33

Le président vénézuélien, Hugo Chavez, a bu un verre de vodka posé sur un sabre, comme le veut la tradition cosaque, à son arrivée à l'aéroport de Volgograd, mardi 25 juillet. M. Chavez, qui a commencé une visite officielle de deux jours en Russie, a été également accueilli avec le pain et le sel, symboles de l'hospitalité russe.

Le chef d'Etat vénézuélien "a choisi Volgograd pour commencer sa visite en Russie (...) afin d'exprimer un hommage aux défenseurs de Stalingrad (ancien nom de Volgograd), une ville où la machine militaire de l'Allemagne hitlérienne a été cassée en février 1943", a déclaré l'ambassadeur vénézuélien en Russie, Alexis Navarro Rojas.

M. Chavez a rencontré le chef de l'administration régionale, Nikolaï Maksuta, ainsi que les représentants des milieux d'affaires de la région. Le président vénézuélien, lui-même ancien officier parachutiste, s'est également rendu dans une usine de Volgograd qui fabrique des véhicules blindés pour les parachutistes.

Avant de rejoindre Moscou, où il doit signer un contrat pour l'achat de trente avions de chasse russes Sukhoï, M. Chavez fera un crochet mercredi par Ijevsk, aux abords de l'Oural, où il visitera l'usine Ijmach, qui fabrique les célèbres fusils d'assaut Kalachnikov. Le Venezuela a récemment acheté à la Russie un lot de 100 000 kalachnikov AK130 et négocie l'installation d'une usine pour les produire sur son territoire.

UNE "ÉQUIPE COMBATIVE" AVEC LOUKACHENKO

Hugo Chavez est arrivé sur le territoire russe en provenance de la Biélorussie voisine, où il a passé deux jours en compagnie de son homologue et "ami"  biélorusse, Alexandre Loukachenko, qualifié de "dernier dictateur d'Europe" par les Etats-Unis. "Ici, je me suis fait un nouvel ami et nous devons fonder une équipe ensemble. Ce sera une équipe combative", a déclaré le leader latino-américain au début de sa rencontre avec M. Loukachenko.

Il s'agissait de la première visite en Biélorussie d'un président vénézuélien. Et le leader biélorusse, qui reçoit rarement des visites de l'étranger (sauf ses "amis" de l'ex-URSS, d'Iran, du Vietnam ou de la Chine) avait l'air enthousiaste. "Vous êtes un homme aux grandes connaissances. Vous connaissez bien l'économie non seulement du Venezuela, mais aussi de la Biélorussie, vous vous y connaissez bien en activités militaires et en industrie militaire, cela me plaît et suscite l'espoir de bonnes perspectives de coopération entre nous", a déclaré le président biélorusse.

"Notre coopération peut s'étendre de la construction de logements à l'exploration pétrolière. Le Venezuela nous propose tout ce que nous n'avons pas", a assuré Alexandre Loukachenko. La Biélorussie est depuis l'époque soviétique un gros producteur de machines agricoles et de camions, tandis que le Venezuela est le huitième producteur mondial de brut.

"GARDER LA MAIN SUR L'ÉPÉE"

Les deux leaders ont signé une déclaration conjointe sur un "partenariat stratégique à long terme", a indiqué Minsk. Plusieurs accords de coopération dans le domaine de l'énergie, de la pétrochimie, de l'industrie militaire, des technologies et de la science ont également été signés en leur présence. M. Chavez, leader populiste de gauche et allié du président cubain Fidel Castro dans un front anti-américain, avait déclaré, à son arrivée, voir dans la Biélorussie "un modèle d'Etat social" tel qu'il veut le créer au Venezuela.

Visitant l'académie militaire biélorusse, M. Chavez s'est fait plus belliqueux."Nos pays doivent garder la main sur l'épée", a-t-il alors déclaré. "Nous sommes, avec la Biélorussie, pris dans les mâchoires de l'impérialisme et de l'hégémonie", a continué le président vénézuélien, appelant également  le gouvernement biélorusse à "s'opposer à une fausse démocratie qui est en fait une dictature de l'élite et des oligarques transnationaux".

Recommandation inutile pour un Alexandre Loukachenko qui concentre tous les pouvoirs et musèle l'opposition, et dont la dernière élection est sérieusement controversée. Le président biélorusse est interdit de séjour dans l'Union européenne.

Après la Biélorussie et la Russie, M. Chavez est attendu en Iran et au Vietnam, l'étape de Téhéran étant susceptible d'exacerber les tensions déjà très marquées entre Caracas et Washington.

Avec AFP et Reuters
Matrok
 
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Message par roudoudou » 26 Juil 2006, 21:40

Je crois que le venezuela va bientôt faire parti de l'axe du mal :roll: :33:
“J'ai décidé d'être heureux parce que c'est bon pour la santé.”
Voltaire
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Message par Louis » 26 Juil 2006, 22:41

ben tu date un peu mon cher roudoudou : ca fait longtemps qu'il en fait partie, et que la déstabilisation de ce régime fait partie des priorités du bas bush ! Et la "militarisation" du pays n'est pas de la parano ou des vieux réflexes de militaire, mais une mesure de protection élémentaire Qui se combine avec une mobilisation sociale (avec ses limites, évidemment)
Louis
 
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Message par Louis » 26 Juil 2006, 22:51

un article pour fixer les idées de roudoudou siur ce qui se passe là bas :

¨Parus dans "le grand soir info"

Venezuela : « Le communisme de Chávez est en train de nous tuer ! », par Ernesto J. Navarro et Romain Migus.
25 juillet 2006

En écoutant une conversation entre trois personnes âgées, à Baruta, dans l’Est de Caracas, lieu de résidence d’une partie de la classe moyenne caraqueñene, nous fûmes pris de stupeur. En effet, pour ces trois personnes, « le Communisme de Chavez est en train de nous tuer ! ».

L’inexactitude du terme utilisé est d’abord frappante. Il n’a jamais été question au Venezuela, pour l’instant tout du moins, de collectivisation des moyens de productions ou de nationalisation des banques privées. Les expropriations que fait le gouvernement sont, en réalité, un processus de négociation ou au final, l’exproprié accepte l’indemnisation financière que lui propose « l’Etat expropriateur ». Déduisons en que par « communisme de Chavez », ces trois personnes entendaient parler des stéréotypes sur ce paradigme économique et social, et craignaient par là « la fin de leurs privilèges particuliers ».

Par classe moyenne, nous entendons ici les classes moyenne-moyenne et moyenne-supérieure qui s’opposent au gouvernement sur la base de la même sentence que celle des trois personnes de Baruta. Il nous semble donc intéressant d’énumérer certaines actions que le gouvernement “communiste de Chavez” avait entreprit en direction de la classe moyenne vénézuelienne, pour voir en quoi il « est en train de [la] tuer » ou plutôt en quoi les privilèges de cette minorité sont en train de disparaître.


La vie en rose continue

Alors que 911.250 vénézueliens en situation d’extrême précarité bénéficient d’un déjeuner et d’un dîner gratuits dans une des 6075 « casas de alimentación » qu’a mis en place le gouvernement bolivarien, c’est aussi l’heure de pointe dans les nombreux restaurants du Centre Commercial Sambil, de Las Mercedes, de Altamira, de El Paraiso ou dans les « tascas » du quartier La Candelaria. Ces restaurants ne désemplissent pas, et connaissent une affluence dense et régulière du lundi au lundi, midi comme soir.

Dans les « tascas » du quartier La Candelaria, le whisky et les aliments d’importation espagnole abondent. On y déguste sans compter paella, chorizo, chipirones et toutes les riches saveurs du pays ibérique. Des personnes élégantes, qu’on imagine mal sortir d’un supposé goulag, restent suspendues à leurs téléphones portables dernier cri (entre 700.000 et 1.200.000 bolivars-respectivement 235 et 558). Il s’agit ici de ces merveilles technologiques, qui permettent d’envoyer ou recevoir des vidéos, photos, musique,... et qui sont en rupture de stock dans les points de vente malgré leur prix élevé (bien au dessus du salaire minimum mensuel qui se situe à 465.750 bolivars-216). La demande ayant largement submergé l’offre, les demandeurs sont obligés de s’inscrire sur liste d’attente.

Dans l’un de ces restaurants espagnols, La Cita, le visiteur est accueilli à l’entrée, par une pata negra, le fameux jambon espagnol. Son prix élevé (46 dollars les 150 grammes) ferait réfléchir plus d’un vénézuélien. Mais les martyrs du communisme de Chavez s’arrachent cette ambroisie catalane. A tel point que le jambon de 8 kilos est remplacé toutes les trois semaines.

Ceux dont le passage dans un de ces nombreux restaurants n’est que le prélude à une nuit de divertissements peuvent jouir des nombreuses tournées internationales des derniers groupes à la mode, en visite dans un pays où, selon l’opposition, s’est perdue la liberté d’expression.

Moby, Shakira, Black Eyed Peas, The Rasmus, Juanes, Ricky Martín, Jamiroquai, Jennifer Lopez, pour ne citer que quelques uns de ces artistes, ont tous joué devant les 15.000 personnes que peut contenir le Poliedro, la plus grande salle de concert de Caracas. Le droit d’entrée de ces spectacles, très vite complets comme on peut s’imaginer, varie entre 75.000 bolivars (35) et 100.000 bolivars (46).

Ces quelques exemples illustrent que le train de vie de la classe moyenne vénézuelienne n’a pas connu de chute vertigineuse depuis l’arrivée au pouvoir de Hugo Chavez. Bien au contraire.


Le gouvernement stoppe la paupérisation des classes moyennes

En 1994, sous le gouvernement de Rafæl Caldera, eut lieu une crise bancaire comme celle que l’Argentine a connu fin 2001. Des milliers de vénézueliens perdirent leurs économies, englouties dans ces « dommages collatéraux » du néolibéralisme. Engloutis aussi furent les restaurants, le whisky, les week-end à l’île Marguerite ou à Miami, les concerts... Ce fut grâce aux efforts déployés par le « communiste » Chavez que les classes moyennes sortirent de leur tourmente. Le gouvernement bolivarien s’acquitta des erreurs économiques de son prédécesseur et remboursa leurs économies à la valeur du bolivar d’alors.

Lorsque le lock-out de l’hiver 2002-2003 s’est terminé par l’échec de l’entreprise de déstabilisation, un nombre non négligeable de petits commerçants, qui avaient aveuglement suivi l’opposition se sont retrouvés ruinés. En ouvrant le rideau de fer qu’ils avaient baissé durant deux mois (et notamment durant la période des fêtes de fin d’année), ils trouvèrent les partis auxquels ils avaient fait confiance sourds à leurs appels au secours, et un gouvernement qui leur tendait la main avec sa politique de micro-crédit, grâce à laquelle beaucoup purent se remettre à flots.

Le gouvernement du « communiste » Chavez a maîtrisé l’inflation, les taux d’intérêts chutèrent de 15,7% en 2005. Les députés « communistes » de l’Assemblée Nationale, déposèrent une plainte devant le Tribunal Suprême de Justice et réussirent, par là, à faire supprimer les Crédits indexés qui permettaient aux banques de toucher des intérêts sur les intérêts des prêts octroyés.

Selon la Banque Centrale Vénézuélienne, le pays de Bolivar a connu lors de l’année 2005 une croissance économique de 9.3%, ce qui confirme les bons résultats de l’année précédente. Or si l’on en juge la faible croissance de l’économie pétrolière (2,7%), on peut penser légitimement que cette bonne nouvelle économique a eut une retombée positive pour les classes moyennes et supérieures. Le P.I.B a, quant à lui, augmenté de 2,1%.

Fin août 2005, le gouvernement bolivarien décida, à travers le programme Venezuela Movil, de supprimer la TVA (14,6%) sur 12 marques de voitures « à usage familial » (Chevrolet Aveo, Ford Ka, Hyundai Accent, Renault Twingo, ...) ainsi que d’octroyer des prêts a faible intérêt pour favoriser l’achat de ces véhicules. Le prix de ces voitures oscille entre 16.800.100 bolivars (7800 dollars) et 21.500.000 bolivars (10.000 dollars), c est à dire pour cette dernière 47 fois le salaire minimum !

Cette mesure, qui n’était pas tournée vers les classes populaires, a eu un succès retentissant. A la fin du mois de décembre, c’est à dire 4 mois après le début du programme, 210.000 véhicules neufs ont été vendus dans le pays du « communiste » Chavez.
Beaucoup d’autres citoyens se sont inscrits sur des listes d’attentes dès octobre 2005 pour pouvoir profiter de l’offre en mai 2006, la capacité des assembleurs nationaux étant dépassée.

Le 10 novembre 2005, le Président Chavez, a annoncé le débloquement de 12 milliards de Bolivars (5.582.000 dollars) qui seront consacrés à des prêts à faible intérêt destinés à l’acquisition d’un logement pour les classes moyennes. « Tout le Venezuela peut être un pays de classe moyenne » déclara-t-il sous les applaudissements des intéressés, présents à l’évènement.

Actuellement sont en construction les métro de Maracaibo, Valencia, Barquisimeto, ainsi qu’une prolongation du métro de Caracas. De même, un système ferroviaire est en construction au Venezuela, il permettra sûrement à cette classe moyenne de pouvoir se déplacer plus rapidement qu’en bus, moyen moins coûteux , bref plus ...populaire.

Le gouvernement a ouvert une compagnie nationale aérienne (Conviasa) qui bénéficiera à ceux qui peuvent se payer un vol intérieur ou un vol international vers la Colombie, Puerto Rico ou l’Espagne. L’ancienne compagnie nationale (Viasa) avait été liquidé par le gouvernement de Caldera, notamment par la frénésie ultralibérale du Ministre de la Planification, « l’ancien guérillero » Teodoro Petkoff. [1] Il est toujours bon de le rappeler.

De même, le gouvernement bolivarien poursuit à travers Barrio Adentro II sa construction d’un réseau de santé totalement gratuit de haute technologie (Clinique populaire, Centre de Diagnostique Intégral, Salle de Réhabilitation Intégrale) qui bénéficient a tous : classes populaires, ou classes moyennes qui ne peuvent ou ne veulent pas payer les prix exorbitants des cliniques privées.

De la même manière, le budget de l’Education Nationale a augmenté entre 2001 et 2005 de 288%, passant dans cette période de 4,3 milliards de Bolivars à 12,4 milliards, c’est a dire 15% du budget total de l’Etat. La récupération d’un système nationale d’éducation de qualité, de même que pour la santé a largement contribué aux classes moyennes.

Le gouvernement bolivarien a inversé la tendance ultralibérale des gouvernements précédents qui condamnait la classe moyenne à la paupérisation. Et pourtant, malgré tout et contre tout, le « communisme de Chavez est en train de la tuer ».




Un rejet d’ordre cognitif

Ce paradoxe est une constante chez les membres de la classe moyenne qui soutiennent l’opposition. Il convient de s’interroger sur la dimension cognitive de cette haine pour le gouvernement.

Une des principales réussites du gouvernement bolivarien est d’avoir réintégré dans le chemin de la citoyenneté et de la dignité des millions de vénézueliens des classes populaires, ignorés par la « démocratie » punto-fijiste.
Soudainement, des millions de pauvres ont acquis une visibilité sociale, et chose plus rare, une franche respectabilité de la part des gouvernants, y compris en période hors électorale.

Pour beaucoup de membres de la classe moyenne, accepter Chavez, c’est donc accepter que le Venezuela tel qu’ils se le sont toujours représenté est une image d’Epinal, à cent lieues de la réalité du pays. Il nous est tous arrivé un jour ou l’autre d’être brutalement sorti d’un rêve plaisant par la sonnerie impertinente de notre horloge. Rien de plus désagréable, nous en convenons tous.

Le réveil de millions de pauvres fut le réveil-matin des classes moyennes et supérieures. Brusquement, apparaissaient au centre de l’attention politique une foule immense de spectres sociaux qui allaient désormais bénéficier d’un appui gouvernemental. La frustration de ne plus être le centre de l’attention des politiques s’est couplée avec la non-reconnaissance de ces « hordes de sauvages », comme il est de bon ton de les appeler dans les beaux quartiers de Caracas. Ainsi, l’on entend souvent de la part des membres des classes moyennes et supérieures l’argument qui soutient qu’il y a plus de pauvres depuis Chavez. Le nombre de pauvres est en baisse. En revanche, il est vrai qu’ils ne se terrent plus forcément dans leurs barrios, et donc sont plus nombreux à la surface de la visibilité sociale.

Accepter Chavez, c’est accepter que cette pauvreté vienne de quelque part. C’est accepter que sa fortune personnelle s’est faite au détriment de la majorité, aujourd’hui visible et soucieuse de ses droits.

Accepter le président zambo et ses semblables, c’est accepter que le mythe d’un Venezuela antiraciste où le blanc, le noir, l’indigène sont tous égaux, vole en éclats. La couleur de la peau est souvent un indicateur de la classe à laquelle on appartient.

Ces acceptations ne vont pas de soi. Des blocages d’ordre psychologique sont aisément compréhensibles. Surtout lorsque certaines illusions sont inlassablement entretenues par les média commerciaux.


Le rôle des média

Le rôle des media commerciaux pour tromper les classes moyennes sur les acquis de la révolution bolivarienne est double. D’une part, ils construisent une représentation terrifiante des quartiers populaires afin de faire croire à des gens, qui n’iront jamais vérifier, que les résultats dans les secteurs populaires ne sont que mensonges. D’autre part, les media commerciaux vont jouer un rôle directement ciblé sur les peurs des classes moyennes de perdre leurs acquis économiques afin de les fédérer.

La seule image des barrios qui parvient à une grande partie de la classe populaire sort du petit écran ou des colonnes des journaux d’opposition. Ils en ressort le pire que contient chaque quartier populaire : délinquance, insalubrité, surpopulation, ... La vie quotidienne des habitants de ces quartiers est toujours décrite au prisme de ce type de problèmes, auxquels est réduite la représentation des quartiers pauvres des grandes villes. Qu’une « casa de alimentación » ou un module de Barrio Adentro ne fonctionnent pas comme ils devraient à Petare (barrio de 1,5 millions d’habitants qui compte des dizaines de ces mesures gouvernementales) et c’est l’intégralité de l’initiative gouvernementale qui va être remise en question dans les media.

Cela entraîne pour conséquence dans certains secteurs de la classe moyenne une méfiance sur les résultats du gouvernement. Si les quartiers populaires soutiennent à ce point un gouvernement qui les laisse dans l’horreur vue sur Globovision, c’est certainement que le gouvernement leur ment ou que ces gens sont « endoctrinés » et/ou payés. Des arguments qui reviennent régulièrement. Dans ce cas, si le gouvernement leur ment sur les résultats acquis dans les secteurs populaires, il peut très bien mentir sur l’impartialité du Centre National Electoral (C.N.E) ou sur le respect de la démocratie. Dans tout les cas, la réalité construite par les média ne concordent pas avec celle du gouvernement et que vit l’immense majorité des vénézuéliens.

Même si de nombreux problèmes restent à régler dans les barrios, personne au Venezuela ne vit l’enfer décrit dans les media commerciaux. Mais pour la classe moyenne, cela a pour effet de marquer une nette fracture entre leur mode de vie et la « vie des quartiers pauvres selon l’ Evangile Cisneros ». Dès lors, la crainte, la méfiance envers les classes populaires, et la haine envers le Président qui leur ressemble et les soutient, ont alors libre cours.

C’est là un rôle clé qu’ont eu et continue d’avoir les média commerciaux pour fédérer les divers secteurs de la classe moyenne et manipuler ses peurs, notamment en ce qui concerne la petite propriété.

Il n’a jamais été question pour le gouvernement bolivarien de toucher à la petite propriété. Cependant, cette peur est régulièrement exploitée. Les membres de la classe moyenne qui ne possèdent ni terre, ni immeubles, ni usines sont bien plus terrifiés par les « expropriations » que les propriétaires eux-mêmes. Il faut dire que ces derniers bénéficient d’une marge de négociation avec le gouvernement, qui relativiserait les peurs des classes moyennes.

Les media commerciaux entretiennent ainsi la crainte que « le gouvernement communiste de Chavez » puissent un jour tuer la classe moyenne, c’est à dire puisse un jour s’attaquer à la petite propriété. Qu’importe la réalité en rose décrite en introduction, qu’importent les efforts déployés par le gouvernement en direction de la classe moyenne, qu’importe que l’on continue à vivre comme avant Chavez, la simple illusion que « cela » puisse se dérouler un jour suffit à mobiliser tout un arsenal défensif contre le gouvernement bolivarien.

Le travail opéré par les media a notamment pour conséquence de fédérer une partie des classes moyennes autour de représentations sociales communes. Il s’organise d’une part autour du rejet de l’image donnée des classes populaires par les media (nous ne sommes pas eux, soyons nous) et le partage d’un même ensemble de craintes, d’autre part.

Le rejet et la haine de Chavez, c’est à dire la désignation d’un ennemi commun, achèveront de réunir une partie des classes moyennes autour de l’idée du retour à une vie « normale ».


« Ahora, Venezuela es de to-dos......dring ! »

Chavez comme président de tous les vénézueliens doit composer avec cette partie de la population du Venezuela qui le hait de manière irrationnelle. Malgré les efforts gouvernementaux en direction de cette minorité, son impopularité reste constante dans ces secteurs. Même si les différentes stratégies de l’opposition (lock out, boycott des élections parlementaires) ont fait perdre du crédit aux partis politiques, le chemin pour faire admettre rationnellement les faits et réussites de la révolution bolivarienne au sein des classes moyennes et supérieures est loin d’être atteint. Et pourtant, malgré les mensonges médiatiques et les blocages psychologiques, « le Venezuela, comme le dit le slogan gouvernementale, maintenant, appartient à tous ».

Ernesto J. Navarro (journaliste vénézuélien)
Romain Migus
Louis
 
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