Le christianisme hédoniste

Message par Valiere » 06 Juil 2006, 11:34

« Le christianisme hédoniste »
deuxième livre de la série :
« contre-histoire de la philosophie »
de Michel Onfray
Editions Grasset
314 pages
20,90 €
mars 2006

L’HEDONISME SURVIT MALGRE LES PERSECUTIONS

Michel Onfray poursuit sa quête à travers les âges pour aborder le haut Moyen Age et la Renaissance.
Le Monde antique disparaît et avec lui l’idéal païen, laissant la place, toute la place, ou presque à l’Etat totalitaire chrétien, triomphe de la secte qui a réussi à s’imposer contre toutes les autres.
Malgré la répression féroce, cléricale qui frappe tous les « hérétiques », des philosophes hédonistes, gnostiques résistent. Ils s’appellent Simon le Magicien, Basilide, Valentin, Carpocrate, Epiphane, Cérinthe, Marc, ou Nicolas.
« Les gnostiques, persécutés comme hérétiques et païens, subissent les foudres chrétiennes : destruction des bibliothèques, autodafés, inquisitions des autorités, passages à tabac, tortures »
Les ralliements au christianisme sont légion, certains mus par la peur, d’autres par intérêt.
Les Frères et Sœurs du Libre-Esprit reprennent le flambeau, ils inversent les valeurs véhiculées par l’Eglise pour promouvoir et essayer de vivre le raffinement , les plaisirs et la sexualité. Pour eux, « Dieu réside dans les plaisirs de la nature et non dans l’autorité qui les réprime ».
Ce refus d’obtempérer et d’attendre un hypothétique Paradis qui n’existe pas, coûtera très cher aux porteurs de cette idéologie « subversive »… Le bûcher attend beaucoup de ces adeptes de la nouvelle philosophie et ceux qui en réchappent sont punis à titre posthume.
Les os d’Amaury de Bene seront déterrés puis broyés avant d’être dispersés parmi les ordures !
Rien n’arrête la réflexion, le relais se transmet, la résistance se poursuit, d’autres philosophes apparaissent, ils sont persécutés, leurs livres détruits mais qu’importe ou presque, un nouveau venu arrive sur la place publique : il s’agit là de l’épicurisme chrétien, un ennemi d’autant plus redoutable qu’il critique délibérément l’Eglise.
Erasme de Rotterdam (1467- 1536) n’épargne pas les puissants :
« Ce chrétien n’aime pas le clergé, il manifeste même un réel anticléricalisme…Les prêtres ? Bien souvent des complices de la misère des pauvres…Les moines ? Des paillards…Les Papes ? Des guerriers assoiffés de conquêtes, d’argent, de pouvoir, de puissance militaire et politique…Le rire d’Erasme dévaste une partie de l’édifice chrétien… »
Pour Michel Onfray, la Réforme et la Contre-Réforme ainsi que les guerres de religion auraient pu ne pas voir le jour : « En passant à côté des potentialités du christianisme épicurien, l’Eglise se prive de se revitaliser en s’humanisant »…Aurait-elle pu le faire ?
La fin de ce volume, un chapitre regroupant plus du tiers du nombre de pages est consacré à Michel de Montaigne, sa vie, ses réflexions, ses essais.
Ce philosophe est chrétien, il l’affirme, il vit comme tel mais voilà, lui aussi considère que « philosopher c’est apprendre à vivre » ici et maintenant, pleinement comme un épicurien.
Le corps est important et d’ailleurs Montaigne aurait fondé un corps athée… pour un chrétien, il faut le faire !
Du vivant de Montaigne, l’Eglise n’a rien dit, même à la lecture des essais mais voilà, les écrits du philosophe ont été édités, repris, présentés… « Les enfants de Montaigne poursuivent l’entreprise avec bonheur »… C’en est trop pour l’Eglise catholique, apostolique et romaine, les Essais sont mis à l’index en 1676.

Après cette lecture, je n’ai qu’un regret : il faut attendre, semble t-il, la rentrée de septembre pour découvrir le troisième volet…Vivement la rentrée !

Valière
Valiere
 
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