Un an après le référendum sur la Constitution européenne

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Message par interluttant » 08 Juin 2006, 00:51

Beaucoup de forumeurs ont dit que j'étais le seul à penser encore au Réfendum organisé par Chirac il y a un an, mais finalement, notre camarade Arlette a estimé utile d'en reparler dans son éditorial d'il y a une semaine !
a écrit :
Un an après le référendum sur la Constitution européenne : Les illusionnistes

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Lundi 29 mai 2006, anniversaire du référendum sur le projet de Constitution européenne et de son rejet, ceux qui avaient appelé à voter «oui» déplorent un vote qui serait responsable de l’enlisement de l’Europe. Ceux qui, à gauche, avaient appelé à voter «non» se félicitent, au contraire, du coup porté à la «dérive libérale de l’Europe», quand ils n’y voient pas, à l’instar de Marie-George Buffet, le lancement d’une «dynamique unitaire à gauche, rassemblée sur une volonté claire de rupture». Ce qui s’est passé le 29 mai 2005 ne mérite cependant ni cet excès d’honneur ni cet excès d’indignité.

La Constitution européenne a été rejetée, et c’est tant mieux! Elle n’aurait rien apporté de bon pour les travailleurs, comme elle n’aurait rien apporté aux peuples de la partie pauvre de l’Europe à qui elle aurait imposé, en plus de la dictature économique des trusts d’Europe occidentale, la dictature politique des pays les plus riches. Les électeurs des classes populaires avaient des raisons de se réjouir du désaveu infligé aussi bien à la majorité de la droite gouvernementale qu’au PS, dont la direction s’est retrouvée, une fois de plus, à la remorque de Chirac. Mais la joie s’arrêtait là.

Pour notre part nous avons dit, au lendemain du référendum, que ce désaveu n’allait pas changer en lui-même la situation sociale. Les licenciements et les fermetures d’entreprises allaient continuer tant que les possesseurs de capitaux ont des raisons de penser que c’est un moyen d’augmenter leurs profits. Le pouvoir d’achat des salariés allait continuer à baisser, et la précarité à s’aggraver.

C’était une évidence car la responsabilité des licenciements, des bas salaires et des multiples attaques contre les travailleurs n’incombait pas à une Constitution européenne qui n’existait pas, ni même aux institutions européennes, mais à la course au profit et à l’avidité du patronat bien français favorisé par tous les gouvernements. Et ce n’est pas le «non» au référendum qui pouvait arrêter la course au profit.

Les Chirac, Sarkozy ou Hollande, avant le référendum, nous présentaient l’Europe du projet de Constitution de Giscard comme une promesse de paix et de prospérité pour tous. Ils mentaient, bien sûr.

Mais ceux qui, à gauche, promettaient alors un «ébranlement», si le «non» l’emportait, et des changements majeurs pour les classes populaires, nous mentaient aussi. Ils sont responsables du désenchantement de ceux qui, un an après, ne peuvent que constater que la victoire du «non» n’a rien changé, si ce n’est le remplacement de Raffarin par Villepin. Comme avancée sociale, on fait mieux! La seule fois où le gouvernement a été obligé de reculer sur une mesure antiouvrière, ce n’est pas à cause de la victoire du «non» mais devant la mobilisation de la jeunesse scolaire contre le CPE.

Les faiseurs d’illusions à gauche expliquent aujourd’hui que, si rien n’a changé au lendemain du référendum, c’est la faute de Chirac qui ne respecte pas la volonté populaire. Quelle grande découverte! Leur obstination à se cramponner aujourd’hui encore à la fiction de la «dynamique du non» n’a d’autre raison d’être que de préparer les élections de 2007.

Mais le changement du rapport de forces entre le grand patronat et le gouvernement, d’un côté, et le monde du travail, de l’autre, ne viendra pas plus du résultat des élections de 2007 qu’il n’est venu du référendum de 2005. Tous ceux qui présentent les élections à venir comme une source d’espoir pour les travailleurs leur préparent de nouvelles désillusions.

Le changement ne peut se produire que par l’action collective, grèves et manifestations, de tous les travailleurs déterminés à imposer des objectifs qui, seuls, arrêteront la dégradation de leurs conditions d’existence. Pour mettre fin au chômage et à la précarité, il faut imposer que l’on prenne sur les profits patronaux gigantesques de quoi financer le maintien de tous les emplois existants et la création d’emplois nouveaux, en répartissant le travail entre tous. Il faut l’augmentation générale des salaires et des retraites.

Arlette LAGUILLER

Éditorial des bulletins d’entreprise du 29 mai


Il y a une phrase qui me gène, c'est "Les électeurs des classes populaires avaient des raisons de se réjouir du désaveu infligé aussi bien à la majorité de la droite gouvernementale qu’au PS" : il y a eu trop de vote d'extrème droite dans ce "non" populaire pour qu'on puisse dire cela.

Et puis, il y a l'axe général de cet édito, qui est de régler ses comptes avec les illusionistes de la gauche de la gauche. Alors on vote "non" pour ne pas se couper des masses, et ensuite on se retourne pour taper sur la gauche de la gauche et expliquer aux électeurs les raisons pour lesquelles nous sommes les seuls à avoir voté "non" intelligemment...
Vous l'aurez compris : je pense qu'il aurait été plus simple d'affronter le problème à l'époque et de s'abstenir de participer au scrutin. On en aurait bavé sur le coup, mais l'éditorial du 29 mai 2006 aurait eu des chances d'être plus limpide et même péchu :smile: .
Maintenant, au moment où il va falloir convaincre les travailleurs de l'utilité de voter Arlette dans quelques mois, la "une" de LO met en garde : "Le changement ne viendra pas par les urnes". Vous ne croyez pas que tout ça tombe un peu à contre temps ?
interluttant
 
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Message par Beatlechris » 08 Juin 2006, 01:15

(interluttant @ jeudi 8 juin 2006 à 01:51 a écrit : Il y a une phrase qui me gène, c'est "Les électeurs des classes populaires avaient des raisons de se réjouir du désaveu infligé aussi bien à la majorité de la droite gouvernementale qu’au PS" : il y a eu trop de vote d'extrème droite dans ce "non" populaire pour qu'on puisse dire cela.
Ah parceque le vote d'extreme droite n'est pas (au moins en partie) aussi un vote de desaprobation du gouvernemant et de la gauche? :33:
Beatlechris
 
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Message par Jacquemart » 08 Juin 2006, 05:32

a écrit :Maintenant, au moment où il va falloir convaincre les travailleurs de l'utilité de voter Arlette dans quelques mois, la "une" de LO met en garde : "Le changement ne viendra pas par les urnes". Vous ne croyez pas que tout ça tombe un peu à contre temps ?

:nono2:
Tu voudrais quoi ? Qu'on se mette à raconter que les élections ne changeront pas le monde, sauf si c'est AL qui est élue ? Navré, mais on a un minimum de principes.
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Message par artza » 08 Juin 2006, 09:36

(Beatlechris @ jeudi 8 juin 2006 à 03:15 a écrit :
(interluttant @ jeudi  8 juin 2006 à 01:51 a écrit : Il y a une phrase qui me gène, c'est "Les électeurs des classes populaires avaient des raisons de se réjouir du désaveu infligé aussi bien à la majorité de la droite gouvernementale qu’au PS" : il y a eu trop de vote d'extrème droite dans ce "non" populaire pour qu'on puisse dire cela.

Ah parceque le vote d'extreme droite n'est pas (au moins en partie) aussi un vote de desaprobation du gouvernemant et de la gauche? :33:

L'édito ne dit nul part que le Non de droite et d'extrême droite n'est pas un désaveu du gouvernement et de la gauche!

Il rappelle simplement que ce désaveu part d'un point de vue hostile aux intérêts des travailleurs et réactionnaires. Ce n'est donc pas réjouissant.

Par contre pour beaucoup de travailleurs qui ont voté Non, c'était par-delà des idées plus ou moins nationalistes (et encore faut pas tout confondre) l'expression passive parcequ'électorale du rejet des politiques anti-ouvrières.


En votant Non c'est de ça qu'on pouvait être proche et solidaire et payer notre ticket pour participer à la suite du jeu.
artza
 
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Message par Ottokar » 08 Juin 2006, 10:18

(interluttant @ jeudi 8 juin 2006 à 01:51 a écrit : Alors on vote "non" pour ne pas se couper des masses, et ensuite on se retourne pour taper sur la gauche de la gauche et expliquer aux électeurs les raisons pour lesquelles nous sommes les seuls à avoir voté "non" intelligemment...

sans vouloir en rajouter une troisième couche (mais il s'en remettrra) cette phrase n'est pas juste. LO a expliqué qu'elle votait Non parce qu'à la question posée "voulez-vous cette constitution européenne" ? la réponse était "NON, nous n'en voulons pas, elle est antidémocratique, favorise le pouvoir des grands Etats par rapport aux petits, et n'apporte aucune avancée ni même aucun garantie en termes de droits sociaux, ou de droits démocratiques comme le droit au divorce et à l'avortement".

Pour ceux qui seraient durs à la détente, je signale qu'Arlette l'a répété encore récemment à l'émission de FR 3 où elle était invitée. La solidarité avec l'électorat de gauche (de gauche critique), est aussi un élément, mais ce n'était pas le principal dans la campagne de l'an dernier, les déclarations d'Arlette et de LO.

En votant "Non" je n'ai pas fait une connerie pour être avec les autres, j'ai dit ce que je pensais, simplement, et en plus, j'étais avec les autres. Je sais aussi parfois ne pas être avec les autres, comme lors du vote Chirac...
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Message par interluttant » 09 Juin 2006, 08:45

I agree Beatlechris. Je suis d'accord avec lui : les électeurs d'extrème droite ont en commun avec ceux d'extrème gauche de rejeter la droite et la gauche. Evidemment, on a avantage à trouver le moyen, dans notre politique, de se démarquer...

Une part de l'électorat populaire rejete les arabes, les noirs, la gauche, la droite, et pensait qu'avec le "non", elle allait se prémunir contre les Polonais, les Tchèques et les turcs. Dans ce contexte, dire qu'on avait "des raisons de se réjouir du désavoeu infligé" à la droite comme à la gauche, ce n'est pas faux, c'est maladroit. Le Pen s'est réjoui aussi, et c'est un problème qu'on ne peut pas zapper comme ça.
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Message par interluttant » 12 Juin 2006, 11:40

Jacquemart, ne sois pas si navré, je crois que nous avons un peu les mêmes principes : il ne s'agit pas de raconter aux travailleurs que les élections peuvent changer les choses.
Cette "une" de LO "le changement ne viendra pas des urnes", au moment de l'anniversaire du référendum, était rendue necessaire par les illusions que ce referendum avait propagé. LO ne s'étant pas donné les moyens de combattre ces illusions au moment du scrutin, il fallait logiquement en mettre une couche de ce côté là un an plus tard. Cette stratégie était contenue dans le choix de départ.

Mais bon, je ne voudrais pas dire par là que la stratégie, meilleure selon moi, de ne pas appeller à voter "non", ne comportait pas d'embuches, loin de là !
Simplement, elle aurait été plus directe. L'abstention, c'était un chemin plus raide, mais qui tordait le cou aux illusionnistes (de la gauche de la gauche de la gauche comme de l'extrème droite) dès le départ.
Artza dit qu'en votant "non", on payait notre ticket pour participer à la suite. Il est vrai que si on s'était abstenu, il aurait fallu avoir ensuite une politique très entreprenante vis à vis de la gauche de la gauche pour recoller les morceaux du clash inévitable.
En fait, on aurait été dans la situation inverse de celle d'aujourd'hui, et au lieu de taper sur la gauche de la gauche, on aurait à la féliciter de ne pas s'aligner complètement sur la gauche. Et on aurait à se saisir de tous les points du programme qui nous partageons avec cette gauche de la gauche pour montrer que nous sommes pour l'unité ...sur un programme de lutte !

Le referendum était un petit problème tactique pas simple à résoudre, mais pour aller de l'avant (comme le demande très justement Zelda :smile: ), je pense qu'en principe, il faut que nous fassions tout pour être la locomotive de l'extrème gauche.
Or appeler à voter "non" au referendum, c'était raccrocher son wagon, pour le décrocher ensuite comme il est fait dans l'édito ci-dessus. Bref, ce n'était pas à mon avis la posture qu'il fallait prendre pour être une locomotive.
interluttant
 
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Message par Raymond » 12 Juin 2006, 12:03

Oui enfin surtout en appelant à l'abstention LO aurait été complétement en décalage par rapport à son électorat.
Sinon si tu penses qu'il vaut mieux s'abstenir à une élection pour ne pas donner d'illusions sur leurs possibilités autant ne pas engager de candidatures LO à toutes les élections et appeler à voter blanc...
Raymond
 
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Message par com_71 » 12 Juin 2006, 17:36

(interluttant @ lundi 12 juin 2006 à 12:40 a écrit : si on s'était abstenu, il aurait fallu avoir ensuite une politique très entreprenante vis à vis de la gauche de la gauche pour recoller les morceaux du clash inévitable.
...je pense qu'en principe, il faut que nous fassions tout pour être la locomotive de l'extrème gauche.

Ce genre de raisonnement, on le rencontre (trop) souvent. ce n'est pas étonnant.

Ce qui étonne plus c'est qu'on le prête à LO. Parceque là, j'y vois un contre-sens total.
Recoller les morceaux, être la locomotive d'un train dont les wagons ne sont pas encore sortis de l'usine... C'est le monde de fantasmes d'Interluttant, mais celui de LO ?
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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