Le rôle des USA dans le massacre de plus de 500 milles Indon

Message par Combat » 25 Mai 2006, 17:34

Voila ou la politique stalino-maoiste de front populaire et d'alliance avec la bourgeoisie dite progressiste a mene. Lisez plutot:

Le rôle des Etats-Unis dans le massacre de plus de 500 milles Indonésiens en 1965
Kathy Kadane, States News Service, 1990
Traduit de l' anglais par Jean-Marie Flemal


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"(…) en quatre mois, cinq fois plus de personnes sont mortes en Indonésie qu'au Viêtnam en douze ans. Bertrand Russell, 1966.


L'article que voici a été publié le 19 mai 1990 dans le Herald-Journal, de Spartanburg, en Caroline du Sud, puis dans le San Francisco Examiner du 20 mai 1990 et, enfin, dans le Boston Globe du 23 mai 1990. La version que voici est celle de l'Examiner.


WASHINGTON - Le gouvernement américain a joué un rôle de tout premier plan dans les pires massacres de ce siècle en fournissant les noms de milliers de dirigeants du Parti communiste à l'armée indonésienne, qui s'est mise à traquer les gens de gauche et à les liquider, déclarent d'anciens diplomates américains.

Pour la première fois, des fonctionnaires américains reconnaissent qu'en 1965, ils ont systématiquement dressé des listes complètes d'agents communistes, à partir des échelons du sommet jusqu'aux cadres villageois. Cinq mille noms au moins ont ainsi été fournis à l'armée indonésienne et, plus tard, les Américains ont coché les noms des personnes qui avaient été tuées ou capturées, prétendent ces mêmes fonctionnaires américains.

Tous ces meurtres ont fait partie d'un bain de sang massif qui, estime-t-on, a coûté la vie à 250.000 personnes.

Ces purges à l'encontre du Partai Komunis Indonesia (PKI - Parti communiste indonésien) faisaient partie de la volonté américaine de s'assurer que les Communistes ne prendraient pas le pouvoir dans le plus grand pays de l'Asie du Sud-Est, où les Etats-Unis menaient déjà une guerre non déclarée au Viêt-nam. L'Indonésie est en effet le cinquième pays le plus peuplé au monde.

Silencieux durant un quart de siècle, les anciens responsables diplomatiques américains et fonctionnaires de la CIA ont expliqué, au cours de longues interviews, comment ils avaient aidé le président indonésien Suharto, à l'époque chef de l'armée, dans son nettoyage systématique du PKI.

" Ce fut vraiment une aide considérable pour l'armée ", a déclaré Robert J. Martens, ancien membre de la section politique de l'ambassade américaine, aujourd'hui consultant au département d'Etat. " Ils ont sans doute tué un tas de gens et j'ai probablement beaucoup de sang sur les mains, mais ce n'est pas si regrettable que cela. Il arrive un temps, lors d'un moment décisif, où il vous faut frapper fort. "

Les porte-parole de la Maison-Blanche et du département d'Etat se sont refusés à tout commentaire sur ces révélations.

Bien que l'ancien chef adjoint local de la CIA, Joseph Lazarsky, et l'ancien diplomate Edward Masters, à l'époque patron de Martens, ait dit que les agents de la CIA avaient contribué à dresser les listes de personnes à tuer, le porte-parole de la CIA, Mark Mansfield, a déclaré, de son côté : " Il n'y a aucun fondement dans les affirmations prétendant que la CIA a été impliquée dans la préparation et/ou la diffusion d'une liste utilisée pour traquer et tuer des membres du PKI. C'est faux, tout simplement. "

Le porte-parole de l'ambassade d'Indonésie, Makarim Wibisono, a dit que, personnellement, il n'était nullement au courant des événements décrits par d'anciens fonctionnaires américains. " Pour ce qui est de combattre les Communistes, et en ce qui me concerne, c'est le peuple indonésien qui a de lui-même lutté pour éliminer les Communistes ", a-t-il déclaré.. Martens, analyste expérimenté des questions communistes, dirigeait un groupe de diplomates du département d'Etat et de fonctionnaires de la CIA qui ont passé deux ans à établir ces fameuses listes qu'il remit, plus tard, à un intermédiaire de l'armée.

Les personnes citées sur les listes furent capturées en nombres incroyables, déclara Martens, ajoutant : " C'est ce qui explique en grande partie pourquoi le PKI n'est plus jamais revenu dans le parcours. "

Le PKI était le troisième Parti communiste au monde, avec un nombre de membre évalué à 3 millions. A travers des organisations affiliées, comme les groupements ouvriers et les mouvements de jeunesse, il pouvait se targuer des sympathies de 17 millions d'autres personnes.

En 1966, le Washington Post publia une estimation prétendant que 500.000 personnes avaient été tuées au cours des purges de la brève guerre civile qu'elles avaient déclenchée. Dans un rapport de 1968, la CIA estimait qu'il y avait eu 250.000 morts et que le carnage " avait été l'un des pires crimes de masse du 20e siècle ".


L'approbation de l'ambassade américaine

L'approbation nécessaire pour la diffusion des noms émanait des hauts fonctionnaires de l'ambassade américaine, y compris de l'ancien ambassadeur Marshall Green, du chef adjoint de la mission, Jack Lydman, et du responsable de la section politique, Edward Masters. Les trois hommes l'ont reconnu au cours de leurs interviews.

Des télégrammes de l'ambassade et des rapports du département d'Etat, restitués aux archives publiques et remontant aussi loin qu'octobre 1965 - c'est-à-dire avant que les noms eussent été livrés - montrent que les fonctionnaires américains savaient que Suharto avait entamé la capture des cadres du PKI. Ces mêmes documents prouvent, en outre, que l'ambassade disposait de rapports - non confirmés - selon lesquels des pelotons d'exécution avaient été constitués pour fusiller des prisonniers membres du PKI.

Au cours d'une interview, l'ancien directeur de la CIA, William Colby, a comparé la campagne de l'ambassade en vue d'identifier les dirigeants du PKI au tristement célèbre programme " Phoenix " de la CIA au Viêt-nam. En 1965, Colby était directeur de la division Extrême-Orient de la CIA et responsable de la direction de la stratégie secrète des Etats-Unis en Asie.

" C'est ce que j'ai organisé dans ce programme Phoenix au V - on m'en a fait voir de toutes les couleurs à ce sujet, par la suite ! ", ajoute-t-il. " Mais c'était exactement la même chose : une tentative d'identifier la structure du Parti communiste. "

Phoenix était un programme commun aux Etats-Unis et aux Sud-Viêt-nam confectionné par la CIA en décembre 1967 et qui visait à neutraliser les membres du Front national de Libération et les cadres politiques du Viêt-cong. Le programme fut abondamment critiqué pour ses prétendues violations des droits de l'homme. .


"Vous les abattez !"

"L'idée d'identifier l'appareil local était destinée à… - eh bien ! une fois sur place, vous les obligez à se rendre, ou vous les capturez, ou bien vous les abattez ", a déclaré Colby à propos du programme Phoenix. " Ce que je veux dire, c'est que c'était la guerre, et ils combattaient. Ainsi, cela visait surtout à fournir une idée des opérations plutôt qu'une image d'ensemble de toute l'affaire."

En 1962, quand il était devenu chef de la division Extrême-Orient de la CIA, Colby déclara qu'il avait découvert que les Etats-Unis ne possédaient pas des listes complètes des militants du PKI. Le fait de ne pas disposer de toutes ces listes " aurait pu être critiqué comme une lacune dans le système de renseignements", dit-il, ajoutant qu'elles étaient utiles pour la "planification des opérations" et qu'elles fournissaient une image de la façon dont le parti était organisé. Sans ces listes, ajoutait Colby, "vous vous battez à l'aveuglette".

Quand on lui demanda si la CIA avait été responsable de l'envoi de Martens, un fonctionnaire des Affaires étrangères, à Djakarta, en 1963, afin qu'il constitue les fameuses listes, Colby répondit : "Peut-être, je ne sais pas. Il est possible que nous l'ayons fait. J'ai oublié."

Les listes représentaient en quelque sorte un bottin bien détaillé de la direction du Parti, qui comptait 3 millions de membres, déclara Martens. Elles comprenaient les noms des membres des comités PKI au niveau des provinces, des villes et au niveau local, ainsi que les dirigeants des "organisations de masse", telles la fédération ouvrière nationale du PKI ainsi que les groupements de femmes et de jeunes.


Une meilleure information

"Je savais que nous disposions de plus d'informations" sur le PKI "que les Indonésiens eux-mêmes", déclara Green. Martens "me dit à plusieurs reprises (…) que le gouvernement n'avait pas de très bonnes informations sur l'organisation des Communistes, et il me donna l'impression que ses informations étaient bien meilleures que celles du gouvernement."

Masters, le chef de la section politique de l'ambassade, déclara qu'il croyait que l'armée avait ses propres listes, mais qu'elles n'étaient pas aussi complètes que les listes américaines. Il déclara qu'il ne pouvait plus se rappeler si la décision de fournir les noms avait été mise au point avec Washington.

Les listes furent constituées petit à petit, dit Martens, en commençant par le sommet de l'organisation communiste. Durant plusieurs mois, Martens, selon ses propres dires, fournit des milliers de noms à un émissaire indonésien. L'émissaire était un collaborateur d'Adam Malik, un ministre indonésien qui avait été l'allié de Suharto lors de ses opérations contre les Communistes.

Interviewé à Djakarta, ce collaborateur, appelé Tirta Kentjana ("Kim") Adhyatman, confirma avoir rencontré Martens et reçu de celui-ci des listes comportant des milliers de noms, listes qu'à son tour, il remit à Malik. Malik, quant à lui, les avait transmises à l'état-major de Suharto, ajouta-t-il.


"La liste des gens à abattre"

Les fonctionnaires de l'ambassade suivirent soigneusement la destruction de l'organisation du PKI qui débuta aussitôt. Utilisant les listes de Martens comme guide, ils cochaient les noms des dirigeants du PKI capturés et assassinés, suivant ainsi à la trace le démantèlement progressif de l'appareil politique, allaient déclarer les anciens fonctionnaires américains.

Des informations sur ceux qui avaient été capturés et tués émanaient du quartier général de Suharto, déclare Joseph Lazarsky, ancien chef adjoint local de la CIA à Djakarta en 1965. Le QG de Suharto à Djakarta était le point de ralliement central de tous les rapports militaires en provenance de tout le pays et détaillant la capture et la liquidation des dirigeants du PKI, reconnut Lazarsky.

"Nous recevons de bons comptes rendus, à Djakarta, des personnes qui ont été ramassées", ajouta Lazarsky. "L'armée dispose d'une 'liste de gens à abattre' de 4 ou 5.000 personnes." Des centres de détention furent organisés afin d'enfermer les gens qui ne devaient pas être abattus sur-le-champ.

"Ils n'avaient pas assez de pelotons de tueurs pour les liquider tous et certains individus valaient la peine qu'on les interroge", dit Lazarsky. "L'infrastructure fut liquidée presque immédiatement. Nous savions bien ce qu'ils faisaient. Nous savions qu'ils allaient en garder quelques-uns et les sauver des tribunaux expéditifs, mais Suharto et ses conseillers disaient que si on les gardait en vie, il fallait également les nourrir."

Masters, le chef de la section politique, déclara : "Nous avions ces listes" établies par Martens "et nous les utilisions pour contrôler ce qui arrivait au parti, quel était l'effet" des tueries "sur le parti".

Lazarsky dit que le travail de cochage fut également mené par la direction des renseignements de la CIA, à Washington.


Liquidation de la destruction du PKI

Fin janvier 1966, poursuivit Lazarsky, les noms cochés étaient si nombreux que les analystes de la CIA à Washington conclurent que la direction du PKI avait été anéantie.

"Personne n'y prêtait attention, puisque c'était des Communistes qu'on massacrait", déclara Howard Federspiel qui, en 1965, était le spécialiste de l'Indonésie du Bureau de Renseignement et de Recherche du département d'Etat : "Personne n'a jamais éprouvé beaucoup de souci à ce sujet."

Questionné à propos des cochages, Colby déclara : "Nous en sommes venus à la conclusion qu'avec le genre de méthode draconienne utilisée, on les avait réellement renvoyés" - les Communistes - "des années en arrière, et pour longtemps".

Quand on lui demanda s'il pensait que les cochages étaient la preuve de ce que la direction du PKI avait été capturée ou liquidée, il répondit : "Ouais, ouais, c'est exact… les éléments dirigeants, ouais."





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Autre chose encore de Kathy Kadane...
Une lettre au rédacteur en chef de New York Review of Books, 10 avril 1997

Aux Editeurs :

J'ai beaucoup admiré l'article de Madame Laber sur la politique indonésienne et sur les origines du régime de Suharto. En relation avec son affirmation selon laquelle on sait très peu de chose du rôle de la CIA (ou des Etats-Unis) dans le coup d'Etat de 1965 et dans les massacres perpétrés par l'armée qui s'ensuivirent, j'aimerais faire savoir à vos lecteurs que tout un ensemble accablant de preuves à ce sujet est disponible publiquement, encore qu'on ait fait peu de publicité sur la possibilité du public d'en prendre connaissance.

Cet ensemble consiste en une série d'interviews enregistrées sur bandes des hommes qui dirigeaient l'ambassade américaine à Djakarta ou qui occupaient de hautes fonctions dans les institutions de Washington en 1965. J'ai publié dans The Washington Post tout un article qui repose sur ces interviews (intitulé "Les listes des fonctionnaires américains ont contribué au bain de sang de l'Indonésie dans les années 60" et publié le 21 mai 1990) et, depuis lors, j'ai transféré les bandes, mes notes et une petite collection de documents, y compris quelques télégrammes réintégrés dans le domaine public et sur lesquels l'histoire s'appuyait, aux Archives de la Sécurité nationale, à Washington, D.C. Ces archives constituent un institut de recherche non gouvernemental ainsi qu'une bibliothèque et tous deux sont installés à l'Université George Washington.

Les anciens fonctionnaires interviewés comprenaient l'ambassadeur Marshall Green, le chef adjoint de la mission, Jack Lydman, le conseiller politique (plus tard, ambassadeur) Edward E. Masters, Robert Martens (un analyste du fonctionnement de la gauche indonésienne sous la supervision de Masters) et William Colby, à l'époque directeur de la division Extrême-Orient de la CIA.

Les bandes, ainsi que des notes prises au cours des entretiens, montrent que les Etats-Unis ont fourni des renseignements d'une importance capitale - les noms de milliers de militants de gauche, tant communistes que non communistes - à l'armée indonésienne qui, ensuite, les utilisa pour organiser une chasse à l'homme sanglante.

Il y avait d'autres détails illustrant la gravité de l'implication et la culpabilité des Etats-Unis dans les tueries et je les ai appris de la bouche d'anciens hauts fonctionnaires diplomatiques, mais je ne les ai pas publiés jusqu'à présent. Par exemple, les Etats-Unis ont fourni de l'équipement logistique de première importance, acheminé en hâte à la toute dernière minute lorsque Suharto se rendit compte du risque qu'il y avait de passer à l'attaque. des Jeeps furent fournies par le Pentagone pour acheminer en vitesse les troupes le long des routes indonésiennes, bien connues pour leur état déplorable, ainsi que des "douzaines et des douzaines" de radios de campagne qui faisaient défaut à l'armée. Comme l'a fait remarquer Madame Laber, les Etats-Unis (à savoir, le Pentagone) fournissent également des "armes". Les télégrammes mentionnent qu'il s'agit d'armes légères, utilisées pour tuer à faible portée.

La livraison des radios est peut-être le détail qui en dit le plus. Elles servirent non seulement dans les communications de campagne, mais devinrent également un élément d'une vaste opération américaine de collecte de renseignements montée progressivement au fur et à mesure que la chasse à l'homme se poursuivait. Selon un ancien fonctionnaire de l'ambassade, la CIA se hâta de fournir les radios - des Collins KWM-2, le nec plus ultra de l'époque, des émetteurs-récepteurs à haute fréquence et bande de fréquence monoface, l'unité mobile la plus puissante disponible à l'époque sur le marché civil et commercial. Les radios, stockées à Clark Field aux Philippines, furent acheminées en secret en Indonésie par l'US Air Force. Elles furent ensuite distribuées directement au QG de Suharto - désigné par son acronyme, KOSTRAD - par des représentants du Pentagone. Les radios comblèrent un trou important dans les communications de l'armée : à cette époque critique, il n'existait aucun moyen pour les troupes de Java et des îles extérieures de communiquer directement avec Djakarta.

Alors que l'ambassade avait dit aux journalistes que les Etats-Unis ne disposaient d'aucun renseignement sur l'opération, c'était justement le contraire qui était vrai. Il y eut au moins deux sources directes d'informations. Au cours des semaines pendant lesquelles les listes américaines furent remises à l'armée indonésienne, des fonctionnaires de l'ambassade rencontrèrent en secret, et à intervalles réguliers, des hommes des unités de renseignement de Suharto, à propos des personnes qui avaient été arrêtées ou tuées. En outre, les Etats-Unis, de façon plus générale, disposaient d'informations du fait qu'ils étaient systématiquement à l'écoute des radios de l'armée indonésienne. Selon un ancien fonctionnaire américain, les Américains écoutèrent pendant des semaines d'affilée, c'est-à-dire tout le temps que dura la chasse à l'homme, tous les messages diffusés sur les radios qu'ils avaient fournies aux Indonésiens, entendant, entre autres choses, les commandements émanant des services de renseignement de Suharto ordonnant de tuer certaines personnes en certains endroits donnés.

Etait également décrite la méthode utilisée pour pratiquer les interceptions de messages. Les radios mobiles transmettaient vers une large antenne portable située en face du KOSTRAD (elle avait également été fournie par les Etats-Unis - à bord d'un avion C130, paraît-il). La CIA s'arrangea pour que les fréquences utilisées par l'armée indonésienne soient connues à l'avance de la National Security Agency. La NSA interceptait les messages sur un site situé en Asie du Sud-Est, où ses analystes les traduisaient ensuite, puis les expédiait à Washington, où d'autres analystes les comparaient aux rapports expédiés par l'ambassade. Les rapports combinés, c'est-à-dire les messages interceptés plus les renseignements "humains", constituèrent la toute première base permettant à Washington d'être sûr de l'efficacité de la chasse à l'homme au fur et à mesure qu'elle détruisit les organisations de la gauche, y compris, entre autres, le Parti communiste indonésien, le PKI.

Un mot encore au sujet de l'importance relative des listes américaines. Il s'avère que la CIA eut accès - avant 1965 déjà - à des dossiers de renseignement concernant le PKI et gardés dans la section G-2 de l'armée indonésienne, section dirigée à l'époque par le major-général S. Parman. Les fonctionnaires de la CIA avaient négocié avec Parman des renseignements concernant le PKI, entre autres choses, au cours des années qui avaient précédé le coup d'Etat, s'il faut en croire un ancien fonctionnaire américain qui fut impliqué dans l'affaire (Parman fut tué, durant le coup d'Etat). L'ancien fonctionnaire, dont le récit a été corroboré par d'autres personnes interrogées par mes soins, déclara que les listes indonésiennes, ou les dossiers, étaient considérés comme non fiables par les analystes américains parce qu'ils identifiaient les dirigeants du PKI au niveau "national", mais ne tenaient pas compte de milliers d'autres personnes qui dirigeaient le parti aux niveaux régionaux et municipaux, ou qui étaient des agents sous le manteau, ou jouissaient d'un certain standing, comme financiers, par exemple.

Lorsqu'on l'interrogea sur la raison possible de ce manque de fiabilité apparente, l'ancien ambassadeur Marshall Green, dans une interview donnée en décembre 1989, expliqua ce qu'il entendait par-là :

Je sais que nous disposions de beaucoup plus d'informations que les Indonésiens eux-mêmes. (…) Pour une raison, entre autres : cela aurait été plutôt dangereux [pour des militaires indonésiens d'établir ce genre de liste] parce que le parti communiste était si envahissant et [que les collecteurs de renseignements] auraient été découverts (…) en raison des personnes occupant le sommet de la hiérarchie [les très hauts gradés, dont certains sympathisaient avec le PKI]. Dans les forces armées [indonésiennes], il aurait été mortel d'agir de la sorte. Et cela aurait probablement été vrai aussi avec la police, les marines, la marine de guerre - avec l'armée, cela dépendant. Je pense qu'une fois qu'elle a su cela, l'armée [indonésienne] a désespéré au sujet de ses renseignements quant à savoir qui était qui [au sein du PKI].

Fin janvier 1966, les documents des services de renseignement américains lorsqu'ils comparèrent les listes américaines et les rapports des personnes arrêtées ou tuées leur permirent d'établir que l'armée (indonésienne) avait bel et bien détruit le PKI. L'attitude générale fut un grand soulagement. "Personne ne se soucia" du massacre et des arrestations de masse, puisque les victimes étaient de toute façon des Communistes, me dit un fonctionnaire de Washington.

Kathy Kadane


Consulter également :

- Peter Dale Scott, " The United States and the Overthrow of Sukarno, 1965-1967 " (Les USA et le renversement de Sukarno), Pacific Affairs, 58, été 1985, pp. 239-264. Disponible sur http://www.pir.org/scott.html
- Ford Country: Building an Elite for Indonesia (au pays de Ford, bâtir une élite pour l'Indonésie)http://www.cia-on-campus.org/internat/indo.html
Combat
 
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Message par pelon » 25 Mai 2006, 18:09

Si tu veux que des textes relativement longs soient lus, essaie d'en améliorer la présentation. Les titres en gras ou soulignés par exemple, des lignes blanches mais pas n'importe où ...
pelon
 
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