je ne résiste pas au plaisir de mettre ici un extrait de la chronique "tranches de vie" de Jean-Louis Hartenberger, paléontologiste au CNRS, spécialiste réputé des mammiferes, cofondateur du "journal of mammalian évolution" et auteur du livre Une brève histoire des mammifères. Bréviaire de mammalogie" (Éditions Belin - Pour la Science) que je vous recommande par ailleurs, soit-dit en passant.
cette chronique intitulé "le meilleur et le pire" est parue dans le numéro de janvier 2006 du journal "pour la science".
je vous passe le meilleur qui concerne un autre chercheur pour arriver au pire, c'est à dire à Anne Dambricourt et au "documentaire" d'Arte.
a écrit :
....ce qui n'est pas le cas (le meilleur) de l'héroine de la deuxième histoire que je qualifierai de regrettable. Je veux parler de la publicité outrageusement accordée par le grand média de télévision qu'est Arte aux élucubrations de Madame Dambricourt Malassé. Ce chercheur, très marginal dans notre communauté, soutient depuis des années une théorie qui envisage que la fabrique de l'homme fut décidée voici plusieurs millions d'années et "mise en mémoire dans notre patrimoine héréditaire" (sic). Selon ses dires, l'élément porteur de notre destin d'humain est le sphénoide, petit os du crâne, dont la courbure prolongée au cours des siècles et des siècles a ouvert la voie à notre avenir radieux. Est-il besoin de préciser que ces sornettes n'intéressent personne parmi les scientifiques, n'éveillant tout au plus que des sourires amusés? Au point qu'aucune revue sérieuse ne cite cette soit-disant paleoanthropologue.
Et voilà que le plus renommé média culturel européen lui consacre un reportage à une heure de grande écoute, et un samedi soir! Le pire est qu'informée de la médiocrité scientifique de cette fabulatrice, la chaine en question n'a pas renoncé à la diffusion du document, et s'est contentée de lui adjoindre un débat critique au cours duquel deux évolutionnistes ont taillé en pièces les inepties distillées l'instant précédent. Mais chacun sait qu'il y a deux mesures entre le poids des mots et celui des images, que les plus avertis se laissent prendre au piège de ces dernières, et que les moins avertis sont dubitatifs devant ce qu'ils assimilent à une ennuyeuse querelle d'experts.
....
voilà, le passage à Arte de Anne Dambricourt, auteur de l'"erreur darwinienne" et connu pour ses liens avec les chretiens fondamentalistes de l'UIP et du Vatican, n'est pas une erreur, mais un mauvais coup, programmé en connaissance de cause, contre la théorie de l'évolution, contre le darwinisme, contre le matérialisme, et pour l'origine divine de l'homme.