(gipsy a écrit : (Apfelstrudel a écrit :Tu parles aussi du mouvement lycéen, mais c'était un petit mouvement très timoré et respectueux des institutions dans l'ensemble, avec un certain nombre de revendications, notamment sur le bac, qui relevaient plus du souci individuel (par ailleurs légitime) de "s'en sortir" que d'une quelconque conscience de classe. Le mouvement de 1986 était quand même d'une plus grande ampleur.
Tu as du le vivre d'assez loin ce mouvement lycéen. Jusqu'à 120.000 lycéens dans les rues, on ne peut pas dire que ce soit un "petit" mouvement. Que ce qu'il te soit resté de ce mouvement soit la revendication sur le bac dénote encore que tu as vraiment vécu ce mouvement de très loin, peut être à travers le prisme de la presse. Car la réforme du BAc , les Tipe, n'était pas l'essentiel et les discussions avec les lycéens étaient bien plus profondes que cela d'autant que la réforme touchait tout un tas de catégories populaires: apprentissage à 14, marginalisation des filières professionnelles. Bref le mouvement était certes d'une moins grande ampleur qu'en 86 (numériquement mais pas politiquement) mais il touchait des jeunes de bahut populaires et était certainement moins axé sur le soucis individuel de lycéen petit bourgeois qu'en 86.
Désolé, ce n'est pas le sujet principal mais je ne peux pas ne pas répondre à ça. Pour 1986 non car j'étais effectivement très très loin, mais ce n'était pas le cas l'année dernière.
Je n'ai pas mis en question le nombre, encore que 120 000 une seule journée ce n'est pas si énorme car le nombre de journées de manifs importantes peut se compter sur les doigts de la main (d'une seule même je crois). Je vois par contre qu'on ne devait pas avoir les mêmes lunettes pour apprécier l'état d'esprit des lycéens en lutte, car il y avait des différences suivant les villes mais ça n'explique pas tout. Il est vrai que la presse a mis l'accent sur les revendication concernant la réforme du bac, celles sur lesquelles le gouvernement pouvait se permettre de lâcher du lest. Mais en réalité, seule une minorité de lycéens savaient un peu pourquoi ils descendaient dans la rue, et la plupart de ceux-là en savaient ce qu'ils avaient lu dans les journaux justement, et donc d'abord la réforme du bac.
En quoi c'est surprenant ? Tu crois peut-être que les objectifs des manifestations suscitaient des débats passionés dans les lycées, chacun cherchant à en apprendre le plus possible ? Eh bien non.
Et ceux qui étaient un peu plus impliqués et au courant ne perdaient pas complètement de vue ce qui les concernaient eux. L'apprentissage à 14 ans, ça suscitait tout au plus une désapprobation humaniste polie. Par contre dès qu'on parlait de la réforme du bac, ça intéressait plus ceux qui allaient le passer à la fin de l'année.
Tout ça est d'ailleurs parfaitement normal, et on ne peut que se réjouir que des préoccupations au départ assez individuelles aient quand même poussé du monde à se lancer dans une lutte collective. Mais ce n'est pas une raison pour voir dans ce mouvement plus qu'il n'a été, ni pour s'acharné à peindre en rouge ce qui n'a jamais été que d'un rose très pâle.