Elections en Bolivie...

Dans le monde...

Message par canardos » 27 Déc 2005, 14:55

ce genre de commentaire sur la "sainte parole" que nous attendrions, franchement tu peux te le garder avec ton mépris..

je ne mets pas d'espoir dans un quelconque candidat nationaliste ayant fait sa campagne sur des bases plus ou moins "indigenistes" et sur la défense de la culture du coca.

non, à priori, je n'y vois pas le début d'un quelconque processus de radicalisation des masses boliviennes.

non je n'ai pas l'habitude de faire des élections le critère des mobilisations populaires

toi, si, manifestement, que ce soit en france ou en bolivie.....
canardos
 
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Message par Barnabé » 27 Déc 2005, 18:53

Puisqu'elle est évoquée par Barikad, la tribune de la fraction dans la dernière LO:
a écrit :Bolivie : Révolution... électorale


Même si les résultats officiels ne sont pas encore publiés, Evo Morales, le leader des paysans cocaleros (cultivateurs de la feuille de coca) et du parti MAS (Mouvement pour le socialisme) est donné gagnant de l’élection présidentielle bolivienne de dimanche dernier.
Cette élection suscite certainement bien des espoirs parmi les classes populaires. Morales serait le premier président indien de toute l’histoire du pays. Les Indiens représentent plus de 60 % de la population mais ils n’ont eu que très récemment leurs premiers députés, et ils sont parmi les plus démunis. Le futur président est lui-même issu d’une famille aymara très pauvre de la région minière d’Oruro, contrainte d’abandonner les mines pour l’agriculture, la seule possibilité pour les anciens mineurs, dans ces années 1985-1986 où le secteur minier a massivement licencié.
Il y a dix ans, Morales fondait le MAS et se faisait surtout connaître en organisant syndicalement les paysans cultivateurs de coca, en butte à de violentes opérations d’éradication patronnées par les Etats-Unis. Car pour un grand nombre de petits paysans boliviens, avec l’effondrement du cours du café notamment, la coca est devenue la seule culture qui permette de survivre. En 2003, Morales était à la tête de la marche sur La Paz de milliers de paysans de l’Altiplano pour défendre les cultures de coca mais aussi pour réclamer la nationalisation du gaz, principale richesse du pays, dans un mouvement où les paysans boliviens se sont retrouvés aux coté des mineurs, dirigés par la centrale syndicale COB, et des habitants d’El Alto, l’immense faubourg ouvrier de La Paz.
Depuis des années, le pays a connu une succession de luttes pour la survie des paysans, la nationalisation du gaz, dont 80 % est exploité par des compagnies étrangères (américaines, mais aussi Total) et contre la cherté de l’eau dont un certain nombre de compagnies (en particulier la Lyonnaise des Eaux) ont accaparé le marché. Ces luttes ont conduit à la chute de deux présidents. Le 17 octobre 2003, Sanchez Lozada donnait sa démission, alors que 200 000 manifestants encerclaient le siège du Congrès. Son successeur, Carlos Mesa, avait alors promis d’augmenter les royalties imposées aux sociétés étrangères pour l’exploitation des hydrocarbures et obtenu ainsi une trêve de la part du MAS de Morales, de la centrale syndicale COB et des autres mouvements d’opposition. Mais au printemps 2005, les luttes explosaient à nouveau : une nouvelle loi sur les hydrocarbures portait certes à 50 % le taux des taxes prélevées par l’Etat sur le gaz, mais légalisait les privatisations effectuées dans ce domaine. Une marche de 40 000 paysans arrivait à La Paz en mai, suivie par une grève générale, des blocages de route et l’occupation du centre de la capitale. Mesa démissionnait à son tour, provoquant la présente élection présidentielle.
« Bête noire de Washington », Morales, comme l’écrit Le Figaro  ? Peut-être. Révolutionnaire ? Sûrement moins. Son parti préconise la conquête du gouvernement par les élections. Il a certes promis de tripler le salaire minimum (48 euros mensuels actuellement), de « combattre l’impérialisme américain » et de nationaliser le secteur des hydrocarbures. Mais il affiche aussi son souci de rassurer les grandes compagnies étrangères, déclarant notamment que nationaliser, « cela ne veut pas dire confisquer les biens des multinationales, nous avons besoin de partenaires ».
Plus caractéristique encore est le choix du second de campagne du MAS, Garcia Linera, qui sera vice-président si Morales est définitivement élu. Il proclame vouloir « l’alliance du poncho et de la cravate », en clair de l’identité indienne et des cadres et hommes d’affaires. Il est lui-même de la « cravate », représentant, écrit le journal Le Monde des « jeunes universitaires et cadre promus conseillers du candidat ». Il promet aux chefs d’entreprise de Santa Cruz, la métropole économique et partie la plus riche du pays, l’autonomie régionale que ceux-ci revendiquent. Comme il promet la tranquillité pour les propriétaires fonciers soumis à la pression des paysans sans terre. Et d’entrée le futur vice-président se dit homme de l’ordre : « Nous avons isolé les leaders radicaux et signé un accord avec les mouvements sociaux, mais, le cas échéant, l’autorité de l’Etat devra prévaloir ». Quant à des alliances pour former leur futur gouvernement, Morales et Linera sont prêts à en passer avec le candidat centriste, Samuel Doria Medina, chef d’entreprise.
Ce nouveau président latino-américain de gauche, qui aime se dire le « petit frère de Lula », se veut donc rassurant vis-à-vis de la bourgeoisie bolivienne comme des hommes d’affaires et investisseurs étrangers. Washington ne s’y trompe pas, dont le porte-parole du Département d’Etat a déclaré qu’après « plusieurs années de chaos », il fallait respecter le choix démocratique et juger le futur président à ses actes, plus qu’à ses paroles passées. Autant dire que les ouvriers et les paysans pauvres de Bolivie ont toutes les raisons de se défier du futur gouvernement et eux aussi, de le juger à ses actes.
Dans ce pays, le plus pauvre d’Amérique après Haïti, où plus de 60 % de la population vit en dessous du seuil de pauvreté, ce ne sont pas les richesses naturelles qui manquent : l’or, l’argent, l’étain, le pétrole, et plus récemment découvert, le gaz. Travailleurs et paysans sont révoltés de voir que jamais cette richesse ne leur profite, accaparée par les multinationales. Le nouveau pouvoir pourrait bien, et nous l’espérons, ne pas réussir à désarmer les paysans et ouvriers boliviens qui ont une longue expérience de lutte.

Lydie GRIMAL
Barnabé
 
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Message par pelon » 29 Déc 2005, 22:38

a écrit :
Bolivie : la victoire électorale d'Evo Morales signe la faillite des partis traditionnels

Evo Morales, candidat du MAS (Mouvement vers le Socialisme) a remporté l'élection présidentielle de Bolivie avec près de 54% des voix. Son principal adversaire, le candidat de la droite, n'a remporté que 28,5% des suffrages.

Evo Morales prendra ses fonctions le 22 janvier prochain. Mais même si cette victoire électorale de Morales, portée par une vague de contestation venue du fond des classes populaires, est le signe du discrédit profond de la classe politique traditionnelle de Bolivie, elle n'est pas ressentie par les classes possédantes comme la menace d'une révolution sociale mettant en jeu la survie de leur pouvoir économique.

Une population mobilisée face au pouvoir

Depuis 2000, la Bolivie est marquée par l'irruption des classes pauvres sur le devant de la scène. Cela a commencé à Cochabamba la deuxième ville du pays, au travers des mobilisations des quartiers populaires contre le racket de la compagnie privée américaine Bechtel sur la distribution de l'eau. En 2004, cette "guerre de l'eau" a rebondi dans une banlieue populaire de la capitale La Paz, El Alto, cette fois contre le racket de la filiale du trust français Suez-Lyonnaise des Eaux qui, en plus, privait d'eau 200000 personnes. À chaque fois, la mobilisation, massive, a obligé les trusts de l'eau à se retirer.

Parallèlement, la revendication centrale de l'utilisation de la principale ressource du pays, le gaz, pour satisfaire les besoins de la population plutôt que le brader aux grandes compagnies pétrolières internationales, parmi lesquelles le français Total, a été le principal moteur de la mobilisation populaire. Elle a débouché sur l'insurrection d'octobre 2003 du quartier d'El Alto, point fort d'une lutte relayée dans tout le pays. La répression, qui fit des dizaines de victimes, fut impuissante à briser l'élan populaire, ce qui contraignit le président Sanchez de Losada à la démission et à l'exil.

En juin 2005, ce fut au tour du président Carlos Mesa, successeur de Sanchez de Losada, de démissionner devant la contestation populaire. La classe politique désigna alors un homme réputé "indépendant" des partis traditionnels, le président de la Cour suprême Eduardo Rodriguez, qui entendait "convoquer un processus électoral pour rénover la représentation citoyenne". Mais les manoeuvres des partis traditionnels pour tenter d'empêcher les élections, dans un contexte du maintien de la mobilisation des quartiers populaires, le conduisirent aussi à la démission, et à la tenue des élections qui viennent d'avoir lieu.

Les déclarations ambiguës d'Evo Morales

Les classes dirigeantes boliviennes et, derrière elles, les grands trusts internationaux attendent du nouveau gouvernement une pacification sociale du pays, c'est-à-dire la démobilisation populaire, afin de reprendre leurs affaires. Mais les classes pauvres qui ont voté pour Morales espèrent qu'il satisfera les revendications qu'elles mettent en avant depuis des années.

Or, Morales n'est pas un nouveau venu. Depuis 1997, cet ancien leader paysan des cultivateurs de coca est entré en politique. Il a créé le MAS, un regroupement hétéroclite sans idéologie précise, qui apparaît comme le porte-parole politique des révoltes populaires, du fait qu'il est en rupture avec la classe politique traditionnelle corrompue et inféodée aux grandes compagnies étrangères, auxquelles elle a livré, en échange de quelques prébendes, l'intégralité des richesses du pays. Depuis 1985, presque tout ce qui pouvait être privatisé l'a été. Et ce pays, malgré ses immenses richesses pétrolières et surtout gazières, reste le deuxième pays le plus pauvre d'Amérique, juste après Haïti.

En 2002, Morales, déjà candidat aux présidentielles, recueillait un peu plus de 20% des voix. En 2003, face au soulèvement populaire qui était pratiquement maître du pays, Morales défendit une "transition institutionnelle" en refusant de postuler à la direction du pays à la tête d'un soulèvement populaire. Et il a collaboré avec la classe politique en place pour assurer cette transition, ce qui a abouti à un accord du MAS de Morales, le 17 mai dernier, avec l'ensemble des partis pour porter de 20 à 50% la taxe sur les compagnies exploitant le gaz bolivien.

La revendication des quartiers pauvres est de permettre à tous d'avoir un travail permettant de vivre dignement, les paysans eux veulent la terre. Pour tous, l'expropriation des grandes compagnies exploitant le pays permettrait d'aller dans cette voie. Mais satisfaire ces attentes voudrait dire remettre en cause le pouvoir économique de l'oligarchie locale, s'attaquer à la propriété privée industrielle, commerciale et terrienne, ce qui n'est pas le programme de Morales et du MAS.

Tout dépendra de la mobilisation des masses

La porte-parole du gouvernement américain, Condoleezza Rice, a exprimé ses réserves et ses inquiétudes à propos de l'arrivée de Morales à la tête du pays: "La question pour nous est la suivante: le gouvernement bolivien gouvernera-t-il démocratiquement?" En fait de "démocratie", c'est surtout le sort réservé à ces grandes compagnies qui préoccupe le gouvernement des Etats-Unis. Comme le prouve la suite de la déclaration de Condoleezza Rice se demandant hypocritement si le nouveau gouvernement sera "ouvert à une coopération qui, en termes économiques, aidera incontestablement le peuple bolivien, parce que la Bolivie ne peut-être isolée de l'économie internationale".

Morales a signifié qu'il n'avait pas de leçon de démocratie à recevoir de Bush, en rappelant ce qu'il faisait en Irak. Mais il a aussi tenu à rassurer les grandes compagnies pétrolières étrangères, en déclarant que son gouvernement "n'exproprierait ni ne confisquerait les biens" des sociétés pétrolières étrangères.

D'un côté, Morales parle dans ses discours à la population de "nationalisation" des richesses du pays, de l'autre il s'affirme rassurant vis-à-vis des diplomates étrangers et demande seulement de négocier une nouvelle répartition.

Certes, échapper à la dictature des vingt-six compagnies pétrolières étrangères qui s'approprient les richesses du pays n'est pas facile. Cependant Morales pourrait s'appuyer sur une population qui a montré ses immenses capacités de mobilisation. Mais rien n'indique dans son comportement et dans son attitude passée que Morales a choisi d'être le défenseur des intérêts des classes pauvres face à tous leurs exploiteurs locaux ou étrangers, bien au contraire.

Mais les travailleurs boliviens ont une longue tradition de lutte qui ne s'est jamais éteinte sous les dictatures et la répression. En 1952, le pouvoir bourgeois a vacillé devant une classe ouvrière dont l'élan n'a pu être brisé que par ses chefs réformistes. C'est pourquoi rien n'est aujourd'hui fermé, si les prolétaires boliviens des villes alliés à ceux des campagnes parviennent à déjouer les pièges non seulement de leurs ennemis, mais aussi de tous leurs faux amis.

Paul SOREL

Lutte Ouvrière n°1952 du 30 décembre 2005
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Message par com_71 » 05 Jan 2006, 16:44

(pelon @ lundi 26 décembre 2005 à 16:39 a écrit : Tihuanaco ! (se méfier des érudits. Private joke :D . )
Not so private my dear. (private joke de 2ème degré)
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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