Dans le Monde, une chronique sur le même sujet :
a écrit :La victoire du Père Noël, par Laurent Greilsamer
Ce qui est magique, avec Noël, c'est la croissance, l'expansion continue. On croit benoîtement fêter Noël en famille. Erreur ! Au moment où l'on fait cercle autour du sapin (qu'il soit de France ou de Norvège, vert ou blanchi d'une glu cotonneuse, en plastique ou naturel), on célèbre le plus universel des rites en communion avec plus de 6 milliards d'êtres humains.
C'est nouveau. Sans vouloir faire un cours d'histoire malvenu, Noël n'a pas toujours été Noël. Durant les trois premiers siècles après Jésus-Christ, Noël n'était pas fêté, puisque Noël n'existait pas. On fêtait alors le solstice d'hiver, on espérait la fin de l'hiver tout en sachant bien que l'hiver, le vrai, n'était pas fini. On espérait des nuits plus courtes et des journées plus longues. On attendait impatiemment que reviennent la lumière et les bourgeons. Dans cette aube encore indécise du christianisme, on négligeait l'aspect religieux, sacré de Noël, tout simplement parce qu'on savait que Jésus était né au printemps (probablement le 28 mars) , et que l'on ne confondait pas le printemps avec l'hiver...
Tout cela est révolu. Au fil des siècles, l'idée s'est imposée que Jésus est né durant l'hiver. L'anthropologue Martyne Perrot (CNRS) rappelle que c'est un papyrus du IVe siècle qui contient la plus ancienne liturgie de Noël, célébrée alors dans la nuit du 5 au 6 janvier.
Mais le Noël chrétien coexistait fort bien avec le Noël païen, celui du "cycle des douze jours" ou encore de la Fête des fous. Voilà longtemps que les deux Noël, à force de cohabiter, ont fini par confondre leurs codes génétiques. Et, désormais, Noël est une religion en soi. Une religion de la fête, le culte de la famille. Et cette fête-là est plus récente qu'on ne le croit.
Noël, notre Noël, est une invention du XIXe siècle. Une belle et grande idée consacrée outre-Manche par la reine Victoria (1819-1901) et son époux, Albert de Saxe ; une idée royale qui a immédiatement séduit la bourgeoisie britannique et, plus largement, la bourgeoisie européenne.
Noël, après mille avatars, devenait Noël. La fête des grands-parents, parents et enfants réunis dans la ronde chaleureuse des générations. Une fête confortable où l'enfant, poussé au centre du cercle familial, est admiré, adulé. Un enfant gâté, comblé de cadeaux : fruits exotiques (dattes et oranges) et jouets en bois.
Un Noël encore et toujours déchiré, contradictoire. Entre repli (sur la famille) et dépenses (en cadeaux et en agapes) cette fois. Les experts ont relevé une curieuse concomitance entre la naissance de ce Noël familial et l'inauguration des premiers grands magasins, véritables temples de la consommation moderne.
La débauche d'achats n'a fait que croître depuis. Au point que Noël devient chaque année une véritable foire aussi attendue que déprimante pour ceux qui n'ont pas de famille ou pas les moyens de se joindre à la débauche générale d'achats. Une foire universelle dont le totem est un grand sapin qui nous vient d'Allemagne et dont le dieu s'appelle le Père Noël, héros patriarcal adorable avec sa barbe blanche, sa hotte débordante et sa tenue flamboyante héritée de saint Nicolas. Une figure laïque célébrée sous toutes les latitudes, hémisphère Nord et hémisphère Sud, dans la même hébétude champagnisée...
Telle est la victoire du Père Noël : il a gagné tous les cœurs, balayé toutes les réticences. On se l'arrache d'un bout de la planète à l'autre. Les Américains veulent croire qu'il réside au pôle Nord ; les Finlandais l'imaginent sur leurs terres. Il est en réalité de partout et de nulle part, sans patrie, mondial ici et mondial là. Mondialissime et globalissime en diable.
En clair, il ouvre la voie au Nouvel An, cet autre grand succès de l'exportation occidentale, rayon fêtes en tout genre.
LAURENT GREILSAMER
Article paru dans l'édition du 27.12.05
On remarque que la deuxième date donnée pour l'anniversaire du petit Jésus, le 28 mars est toute aussi fantaisiste, et hautement symbolique : c'est le printemps à quelque chose près. Et que depuis l'Empire romain, le calendrier a changé (de Julien à Grégorien, plus 13 jours aujourd'hui), ce qui décale encore une date d enaissnace supposée !
De toute façon, si un homme nommé Jésus a sans doute existé dans l'Empire romain, parmi les multiples prédicateurs plus ou moins illuminés de l'époque, on n'a si je ne me trompe pas, aucune trace écrite de son passage, sauf une mention latine postérieure de plusieurs dizaines d'années, reprenant ce que disaient les chrétiens eux-mêmes. C'est-à-dire aucune source indépendante pour un historien.
Mais cela ne peut pas arêter l'Eglise et les niaiseies sur la crêche, l'enfant Jésus, etc.
Bon, à bas la calotte, nom de Dieu ! et champagne pour la nouvelle année !