Pétition contre le rôle positif de la colonisation

Tout ce qui touche de près ou de loin à l'actualité politique en France

Message par Puig Antich » 16 Déc 2005, 15:23

Dans un journal gratuit ce matin à Lyon, ça disait en substance que chacun y ait allé de sa petite concession, et notamment l'extrême-gauche qui a "mis en sourdine la responsabilité de la SFIO dans la répression coloniale" (et le PC??) ; LO n'a tenu à se démarquer qu'en réclamant que toute la loi soit abrogé et " les participants restent évasifs quant à l'attitude à adopter en cas de refus de l'abroger de la part de Chirac"...


Bref, ca ne donnait pas spécialement une bonne image du truc et de ses signataires...
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Message par pelon » 16 Déc 2005, 16:06

(Puig Antich @ vendredi 16 décembre 2005 à 15:23 a écrit : Dans un journal gratuit ce matin à Lyon, ça disait en substance que chacun y ait allé de sa petite concession, et notamment l'extrême-gauche qui a "mis en sourdine la responsabilité de la SFIO dans la répression coloniale" (et le PC??) ; LO n'a tenu à se démarquer qu'en réclamant que toute la loi soit abrogé et " les participants restent évasifs quant à l'attitude à adopter en cas de refus de l'abroger de la part de Chirac"...


Bref, ca ne donnait pas spécialement une bonne image du truc et de ses signataires...
Peut-être que dans notre presse, à venir, on reviendra sur la gauche (y compris les partis ouvriers et le colonialisme).
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Message par pelon » 16 Déc 2005, 16:08

a écrit :
Le rôle de la gauche : Un long palmarès de colonialistes

«Nous avons manqué de vigilance lors du vote» de la loi du 23 février 2005 («portant reconnaissance de la nation et contribution nationale en faveur des Français rapatriés»), a avoué Jean-Marc Ayrault, le président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale.

Est-ce vraiment un «manque de vigilance», comme le dit Ayrault, ou la conséquence d’une fâcheuse tradition? Car il y a longtemps que le Parti Socialiste a cessé de s’opposer au colonialisme, en particulier au colonialisme français.

Il faut se souvenir en effet de l’attitude qui fut celle du Parti Socialiste, qui s’appelait à l’époque la SFIO, lorsqu’en 1925 il appuya l’intervention militaire française contre les insurgés marocains du Rif espagnol. En 1936, le gouvernement de Front Populaire, dirigé par le socialiste Léon Blum, qui avait le soutien du Parti Communiste, se garda bien de toucher si peu que ce soit aux intérêts des gros colons et maintint en Algérie le code de l’indigénat, qui soumettait la population algérienne à un arbitraire total. Les nationalistes algériens furent pourchassés. Ce fut à cette époque-là, en 1937, que leur dirigeant Messali Hadj fut emprisonné et que son organisation, l’Étoile Nord-Africaine, fut interdite.

Quelques années plus tard, en 1945, socialistes et communistes étaient au gouvernement lorsque la police et l’armée française menèrent une répression sanglante dans la région de Guelma et de Sétif en Algérie. En 1947, sous la présidence de la République du socialiste Vincent Auriol et tandis que Ramadier, un autre socialiste, était président du Conseil, la guerre contre le peuple indochinois s’intensifia. De la même année 1947 date la sanglante répression de l’insurrection de Madagascar. En 1955, François Mitterrand, alors ministre de l’Intérieur mais pas encore socialiste, déclarait: «L’Algérie, c’est la France» et «La seule négociation, c’est la guerre». Devenu ministre de la Justice en 1956, il refusa de donner un avis favorable à la grâce de Fernand Yveton, militant du Parti Communiste Algérien, qui fut condamné à mort et guillotiné le 11 février 1957, pour avoir posé une bombe qui n’avait même pas explosé. En mars 1956, les pouvoirs spéciaux avaient été votés, par l’ensemble des députés socialistes et communistes, au dirigeant socialiste Guy Mollet. Cela se traduisit par l’envoi massif du contingent en Algérie et par les pleins pouvoirs sur place à l’armée, c’est-à-dire à Massu, Bigeard et Aussaresses. Nombre de jeunes de l’époque doivent à Guy Mollet et à ceux qui s’en firent les complices d’avoir passé jusqu’à trente mois de leur vie dans cette sale guerre. Parlant des opérations militaires contre la population, Lacoste, ministre résident en Algérie et lui aussi socialiste, osait prétendre que «l’armée française est une armée de pacification».

La liste est longue des opérations coloniales de l’impérialisme français menées avec le soutien des partis de gauche et, chaque fois qu’ils ont été au gouvernement, avec leur participation active. Aujourd’hui, l’empire colonial français s’est effondré, mais pas l’emprise des capitalistes français sur l’économie des ex-colonies, ni même l’influence politique de la France sur les régimes qui se sont mis en place après l’indépendance et qui sont pour l’essentiel des régimes de dictature contre les peuples.

Le texte de loi incriminé témoigne de la façon dont les traditions colonialistes imprègnent toujours nombre de politiciens et la partie de l’électorat à laquelle le vote de ce texte est destiné.

Michel ROCCO

Lutte Ouvrière n°1950 du 16 décembre 2005
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Message par pelon » 16 Déc 2005, 16:09

a écrit :
Leur passé et le nôtre

Les politiciens, les journalistes et les historiens polémiquent sur le passé colonial de la France et la façon dont il faudrait le considérer aujourd’hui. Certains, à droite et à l’extrême droite, veulent l’exalter. D’autres, à gauche, le condamnent avec une mauvaise foi plus ou moins grande, selon qu’ils ont été plus ou moins souvent et plus ou moins longtemps aux affaires. Mais tous semblent dire que la politique coloniale a été celle de «la France» comme si, à cette époque lointaine et révolue, le pays tout entier avait soutenu ce qu’on appelait l’Empire Français, l’exploitation quotidienne des esclaves coloniaux et les massacres perpétrés régulièrement pour assurer la domination de la métropole sur ses territoires.

Pourtant, non seulement il y a toujours eu une résistance à la colonisation dans les pays qui en ont été victimes, mais il y a toujours eu aussi, malgré les mensonges répandus sur «l’œuvre civilisatrices de la France», des femmes et des hommes opposés à cette politique dans la métropole même. En particulier le mouvement communiste a été, dès sa fondation, anticolonialiste et ne nourrissait aucune illusion sur les bienfaits que la colonisation aurait apportés aux peuples colonisés: «La construction des chemins de fer semble être une entreprise simple, naturelle, démocratique, culturelle, civilisatrice.... En réalité les liens capitalistes ont fait de cette construction un instrument d’oppression pour un milliard d’hommes» (Lénine, préface à l’Impérialisme, 1920).

Dans le Manifeste du premier congrès de l’Internationale Communiste, réuni à Moscou en 1919, on pouvait lire: «La dernière guerre, qui a été dans une large mesure une guerre pour la conquête des colonies, fut en même temps une guerre faite avec l’aide des colonies. Dans des proportions jusqu’alors inconnues, les peuples coloniaux ont été entraînés dans la guerre européenne. (...) Au nom de quoi? Au nom de leur droit à demeurer plus longtemps des esclaves de l’Angleterre et de la France.» Ce passage se terminait par l’appel suivant: «Esclaves coloniaux d’Afrique et d’Asie: l’heure de la dictature prolétarienne en Europe sonnera pour vous comme l’heure de votre délivrance.»

À cette époque, le mouvement communiste était fort du soutien de millions de prolétaires de par le monde et s’efforçait de créer des sections dans tous les pays colonisés. Les Partis Communistes des métropoles impérialistes, le parti français tout particulièrement, avaient obligation d’aider les militants des colonies par tous les moyens. Et c’est ce qu’ils firent, au moins au début des années 1920.

En 1938, dans le Programme de transition, Trotsky, alors seul véritable continuateur de la tradition communiste, écrivait: «Les problèmes centraux des pays coloniaux et semi-coloniaux sont: la révolution agraire (...) et l’indépendance nationale, c’est-à-dire le renversement du joug de l’impérialisme.» «La politique des Fronts Populaires et de “défense nationale” a comme une de ses tâches de faire avec les centaines de millions d’hommes de la population coloniale de la chair à canon pour l’impérialisme “démocratique”. Le drapeau de la lutte émancipatrice des peuples coloniaux et semi-coloniaux, c’est-à-dire de plus de la moitié de l’humanité, passe définitivement aux mains de la IVeInternationale.»

Ces positions de principe, le mouvement communiste les avait illustrées de la manière la plus claire, la plus honnête et la plus frappante qui soit: une des premières mesures du pouvoir des Soviets, après la Révolution russe d’octobre 1917, fut l’émancipation sans condition de tous les peuples et nations opprimés de l’empire tsariste déchu.

Paul GALOIS

Lutte Ouvrière n°1950 du 16 décembre 2005
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Message par Puig Antich » 16 Déc 2005, 21:11

a écrit : Peut-être que dans notre presse, à venir, on reviendra sur la gauche (y compris les partis ouvriers et le colonialisme).


Je crois que l'édito portait déjà sur ça cette semaine (ou la dernière?)
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Message par pelon » 16 Déc 2005, 21:19

(Puig Antich @ vendredi 16 décembre 2005 à 21:11 a écrit :
a écrit : Peut-être que dans notre presse, à venir, on reviendra sur la gauche (y compris les partis ouvriers et le colonialisme).


Je crois que l'édito portait déjà sur ça cette semaine (ou la dernière?)

Cette semaine. Et ce que l'on écrit devrait enlever tout doute à ceux qui croient que l'on se rapproche politiquement du PC et du PS :
a écrit :
Et comment oublier que tous les partis qui ont été au gouvernement, les partis de droite mais, aussi, les partis qui se disent socialiste ou communiste, ont participé aux infamies commises dans les colonies
Lorsque les avions de l'armée française ont écrasé sous les bombes la population insurgée dans la ville algérienne de Sétif en 1945, tous les partis étaient représentés dans le gouvernement de l'époque, y compris le Parti communiste dont un des dirigeants était ministre de l'Aviation.
Tous les partis gouvernementaux ont cautionné également la répression, en 1947, de l'insurrection du peuple de Madagascar. Et si le peuple algérien comme la génération de jeunes soldats qui ont été envoyés en Algérie pour tuer et se faire tuer ont des raisons de se souvenir des généraux tortionnaires à la Massu, Bigeard ou Aussaresses, ils ont aussi des raisons de se souvenir que c'est le "socialiste" Guy Mollet qui avait décidé l'envoi du contingent et que Mitterrand était un de ses ministres les plus concernés par la répression.?
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Message par artza » 16 Déc 2005, 21:20

Dans cette histoire si on se place du point de vue des diverses parties de l'opinion LO n'avait guère le choix.

Cette loi par ailleurs inutile est votée une première fois par les socialistes a finalement provoqué quelques remous parmi ceux qui sont sensibles à ces questions, sincérement ou pour simplement se donner une position.

Du coup la gauche la plus officielle celle d'Ouvéa etc... prend la balle au bond en fait une petite affaire pour biller dans le gouvernement... sans conséquence, c'est pas ça qui va faire vaciller la bourgeoisie.

Que peut faire LO? Parler d'autre chose? Dénoncer la gauche quand elle dénonce la droite?

Ben non cette loi est choquante on le dit. Et LO en profite pour revenir sur la question et en dire le maximum. Déclaration d'AL à la réunion. L'édito excellent. Le communiqué, bonne mise au point. Les articles dans la LO de cette semaine. On peut ressortir les vieux CLT pour les plus curieux. Et surtout ça peut aider tous les camarades dans les discussions.
Ils n'ont pas à s'expliquer, pourquoi LO n'a pas signé?
LO a signé des deux mains et a encore plus à dire sur la question.
Car l'important c'est celà les petites discussions qui ont pu être menées dans les coins.
J'ai le souvenir qu'à la Poste beaucoup de collègues antillais étaient sensibles et intéréssés par ces questions et nous avions beaucoup de choses à dire bien différentes de se qui se dit d'ordinaire par exemple le rôle de la lutte des esclaves.

L'abolition de l'esclavage n'est pas du a la bonne grâce de Schoelcher.

Les collègues étaient contents de l'apprendre par nous et nous voyaient avec d'autres yeux. Pour le coup nous n'étions plus des blancs ils n'étaient plus des noirs.
artza
 
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Message par titi » 16 Déc 2005, 21:38

oui, pareil quand on réclame en une du journal le départ des troupes françaises hors d'afrique, ça surprend pas mal d'africains de voir ça écrit dans un "journal français"
et ça lance des discussions, et ça tisse des liens
titi
 
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Message par Crockette » 17 Déc 2005, 14:35

je suis content d'avoir vu Arlette à la TV s'associer à cette pétition.

Ca me dérange pas de la voir à la même table que les autres socialos.

Si, un truc m'aurait dérangé, comme l'a dit Ottokar, j'ai vu les extraits à la télé, et après il y en a quelques uns qui se sont fait la bise...je pense pas qu'Arlette ait participé à cette "embrassade" si ? non c'est impossible.

En souvenir de tous les gosses d'Afrique et des Antilles qui ont souffert du complexe de supériorité de la République française au 19 ème et 20 ème, et comme l' a très bien décrit l'Huma la semaine dernière avec des images qui remuent les tripes, je suis vraiment heureux qu'Arlette s'est associée à cette pétition.

voter des lois à l'assemblée par indadvertance... :dry:
Crockette
 

Message par manu31 » 17 Déc 2005, 18:59

(Crockette @ samedi 17 décembre 2005 à 15:35 a écrit : voter des lois à l'assemblée par inadvertance... :dry:
En effet, n'y croiront que les naïfs.
manu31
 
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