par toulaiev » 07 Déc 2005, 22:46
Qui est l'auteur de la préface de 1930 Biographie PANAIT ISTRATI ?
"Né à Braïla, en 1884, d'un père grec, épicier et contrebandier et d'une mère, belle femme fille de paysans pauvres, blanchisseuse, Panaït Istrati perd son père, tué par les gabelous lors d'une opération de contrebande, à neuf mois. Dès lors, après avoir repris quelques temps son métier et fait une tentative de remariage, sa mère va vivre quelques années chez un de ses frères, celui qui a repris l'exploitation familiale, il y fera l'apprentissage de la misère et de ses conséquences. Sa mère quitte l'exploitation quand il a sept ans pour regagner Braïla où elle reprend son métier de blanchisseuse.
Panaït va à l'école de sept ans à quatorze ans et y est un bon élève qui se découvre une passion pour la lecture.
En 1910, il anime une grande grève à Braïla avec Jeanette sa future première femme.
Premier voyage à Paris en 1913-1914, il rencontre Ionesco qui fera la relation de leurs rencontres. ( cahiers Panaït Istrati, n° 12 ). Il ne reste pas à Paris où il ne se lie pas à cause de la langue. Rentré en Roumanie, il se lance dans un élevage de porcs et se marie, en 1915, avec une militante révolutionnaire d'origine juive. Cette expérience, porcs et mariage, dure un an. Il vend ses porcs et quitte sa femme qui n'est pas faite pour cette vie pour aller soigner une tuberculose en Suisse.
Istrati avait appris le français seul puis avec l'aide d'un compagnon de sanatorium, Josué Jehouda, en quelques années, il fut capable de l'écrire assez bien pour en faire "sa" langue littéraire.
Le départ d'Istrati en littérature alors qu'il tente de suicider, en janvier 1921, et que la police adresse à Romain Rolland, par l'intermédiaire du journal l'Humanité la lettre confession qu'il avait écrite à son adresse en 1919, est devenu une sorte de légende. Le succès sera immédiat et ne se démentira plus plaçant cette figure atypique au coeur des querelles de la gauche de l'époque.
(...) A gauche il était indispensable et souvent déchirant de se situer par rapport aux soviets et à Staline. Istrati le fera après un séjour de 16 mois d'octobre 1927 à février 1929 ( voir Cahiers Panaït Istrati n° 11 ) et ce sera la rupture avec de nombreuses relations dont Romain Rolland ( mars 1930 ) qui reprendra sa correspondance avec lui en septembre 1933. En URSS il aura rencontré Serge, Kazantzakis avec lequel il rend visite à Gorki et bien d'autres personnages au coeur des débats et luttes.
Rentré en Roumanie il publiera dans la Croisade du Roumanisme et répondra à ceux qui l'attaquent par une apostrophe que la gauche aurait eut avantage à méditer et digérer rapidement plutôt que de continuer à s'égarer durant cinquante ans se détruisant ainsi en même temps : " puisque de purs intellectuels français ont adhéré à la terreur communiste et qu'ils veulent l'imposer au monde, je reconnais à mes compatriotes le droit d'adhérer eux, à la terreur fasciste et je déclare que des deux terreurs, la dernière est la moins inhumaine et la seule qui n'engage en rien la responsabilité de la classe ouvrière, puisque le fascisme ne prétend pas gouverner " par le peuple " ni " au nom du prolétariat ", comme le communisme.(...).
L'oeuvre d'Istrati est une oeuvre forte, d'homme libre et dur. Il décrit une vie difficile, riche, authentique, dans laquelle sa priorité est la chaleur humaine ce qui le rapproche tout naturellement d'une autre grande figure de la littérature européenne, qu'il connut, même si leurs oeuvres ont des tonalités parfois très différentes, Nikos Kazantzakis.
Malade, abandonné, Istrati mourut à Bucarest en 1935 avant l'effondrement de l'Europe dans le cauchemar nazi."
AB
Toulaiev