a écrit :Les "you-you" d'un député UMP créent un incident à l'Assemblée nationale
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PARIS (AFP) - Les annonces gouvernementales sur l'immigration, la crise dans les banlieues et les déclarations jugées "droitières" par le PS de certains UMP ont créé un tel climat de tension politique qu'un vif incident a éclaté mercredi à l'Assemblée nationale entre l'UMP, la gauche et l'UDF.
L'incident a été provoqué lors de la séance des questions au gouvernement par l'intervention du député-maire UMP de Woippy (Moselle), François Grosdidier, sur les mariages blancs à l'étranger.
"Dans ma commune, lors d'un mariage sur deux, l'Hôtel de ville résonne des you-you", a commencé M. Grosdidier. Aussitôt, huées, claquements de pupitres venus des bancs de la gauche ont rendu inaudible la suite de son propos sur "ces formidables moments de bonheur".
"Facho, raciste", ont crié des députés de gauche tandis que Gérard Bapt (PS) brandissait une feuille sur laquelle il avait dessiné une croix gammée.
A la sortie de l'hémicyle, les députés PS et UDF ont condamné plus vertement encore les "dérapages" de l'UMP tandis que ceux de l'UMP défendaient leur collègue.
"Il y a une majorité qui a des comportements inacceptables, des dérapages incontrôlés et incontrôlables", s'est exclamé Henri Emmanuelli (PS). "C'est ce genre de propos qui embrasent les banlieues", a renchéri Dominique Strauss-Kahn, jugeant "absolument scandaleux" ce "dérapage" sans que "ni le gouvernement, ni le président (de l'Assemblée) ne relèvent les faits".
Le président du groupe PS, Jean-Marc Ayrault, a dénoncé, plus tard, en séance, une "dérive de plus en plus droitière" de certains UMP, "qui vise à séduire un électorat d'extrême droite". "Quand on utilise les termes Kärcher, racaille, polygamie ... Ce sont des mots qui servent à instrumentaliser la peur", a-t-il dit.
Le président de séance, Yves Bur (UMP), a tenté de faire retomber la tension en affirmant, transcription à l'appui, que "les propos (avaient) pu paraître équivoques, mais (avaient) pu être mal entendus".
Le président du groupe UMP, Bernard Accoyer est lui aussi intervenu pour apaiser les esprits en évoquant une "surréactivité" des députés "après les événements" des banlieues et une "méprise". Une déclaration qui lui a valu les remerciements de M. Ayrault. Temporisant ses premiers propos, il a critiqué cette fois "le ton" de M. Grosdidier et évoqué "le climat créé et une dérive depuis un certain temps". "Ce sont des sujets graves mais il y a une façon de le dire, un respect à l'égard des personnes, des tonalités, des propos que l'on ne peut pas accepter", a-t-il ajouté toutefois.
Dans les couloirs de l'Assemblée, Thierry Mariani (UMP) s'en prenait aux socialistes "qui n'ont pas voulu entendre la fin de la question". Devant lui, le président du groupe UDF, Hervé Morin, apportait son soutien aux socialistes, en jugeant "ahurissant, après les événements que l'on a connus, d'aller dans le racisme, l'anathème et la xénophobie".
Cela montre "la perversion des esprits", a-t-il analysé. "Avant de râler, écoutez", a répliqué M. Mariani, alors que Jean Leonetti (UMP) les interrompait : "je n'évite ni les binious, ni les you-you".
Devant la presse, M. Grosdidier, qui s'était indigné la semaine dernière des chansons de rappeurs, a demandé "à être jugé sur (ses) mots". Il a accusé ses détracteurs "d'avoir réagi par réflexe conditionné" et leur a demandé de lui faire des "excuses".