L'urgence, la véritable urgence

Message par Front Unique » 01 Déc 2005, 02:32

Informations ouvrières N° 720 - Semaine du 1er au 7 décembre 2005


L’urgence, la véritable urgence


Sept morts en sept jours : c’est le bilan encore provisoire de la petite vague de froid qui vient de traverser le pays. On n’ose imaginer ce que serait le bilan avec quelques degrés de moins au thermomètre.

On meurt de froid en France en 2005…

En haut lieu, on s’émeut quelque peu. Le Premier ministre demande au SAMU social « de proposer un hébergement stable et d’une durée minimale d’un mois pour les personnes qui sont sans toit et qui ont un contrat de travail, et sont confrontées à une difficulté spécifique pour se rendre à leur travail ».

Un mois, c’est toujours mieux que sept jours pour les personnes concernées. Mais que se passe-t-il après un mois ? Et que se passe-t-il pour ceux — la grande majorité de ceux qui n’ont pas de domicile fixe — qui n’entrent pas dans ces critères ?

Par exemple, cet homme de 45 ans découvert sans vie à Paris, ce 28 novembre. « Il était à la rue à la suite d’un chômage et d’une expulsion, parce qu’il ne pouvait plus payer ses loyers », rapporte une voisine (AFP). Celui-là, même avec les mesures qui viennent d’être annoncées, il serait resté dehors ! Peut-on l’accepter ?

« Les déclarations du Premier ministre souhaitant proposer aux salariés sans domicile fixe un hébergement de plus longue durée vont dans le bon sens, mais restent très insuffisantes », déclare la mairie de Paris, qui propose de maintenir toute l’année les capacités d’hébergement hivernal du SAMU social.

Quant au PCF, il réclame un « plan d’urgence » passant par un renforcement « des moyens des associations qui, par leurs efforts, sauvent de nombreuses vies ».

Bref, il y a quelques variations sur l’échelle des mesures de charité envisagées.

Quant au fond, tous sont dans le même registre : l’associatif, le caritatif, le SAMU social…
Mais au fait, comment est-il possible que plus de 100 000 SDF, selon les statistiques officielles — dans leur majorité, des travailleurs pourvus d’un emploi ou au chômage —, soient menacés de perdre la vie dans ces conditions atroces et indignes ?

Peut-on ne pas parler de la privatisation du logement social liquidant les logements HLM ou les rendant inaccessibles ? Peut-on ne pas évoquer les vagues incessantes de licenciements et la précarisation généralisée, qui fait que, même avec un petit salaire en CDD, il est impossible de se loger ?

Peut-on ne pas dire que c’est l’Union européenne qui fixe ce cadre auquel tous les gouvernements successifs se sont pliés, réduisant leur « programme social » à quelques cuillerées de charité dans un océan de déréglementation ?

Qu’un plan de construction soit mis en œuvre, permettant l’attribution d’un logement HLM aux centaines de milliers de familles qui en font la demande, que les loyers soient plafonnés, afin de rester compatibles avec les ressources, que les saisies et expulsions locatives soient interdites : n’est-ce pas de cette façon que seront rétablies les conditions d’une vie décente pour tous ? N’est-ce pas la voie de la reconquête de la démocratie, c’est-à-dire de l’égalité entre les citoyens ?

Et si, pour cela, il faut remettre en cause le carcan de Maastricht, comme la majorité l’a explicitement formulé le 29 mai dernier, l’urgence — la véritable urgence — n’est-elle pas de s’engager dans cette voie ?


Daniel Gluckstein
Front Unique
 
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Message par logan » 01 Déc 2005, 08:05

(PT a écrit :Peut-on ne pas dire que c’est l’Union européenne qui fixe ce cadre auquel tous les gouvernements successifs se sont pliés, réduisant leur « programme social » à quelques cuillerées de charité dans un océan de déréglementation ?


oui
logan
 
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Message par Jacquemart » 01 Déc 2005, 08:13

a écrit :il faut remettre en cause le carcan de Maastricht

Un "carcan" dont l'Etat français ne respecte pas les préceptes élémentaires depuis plusieurs années.
Alors, il doit y avoir une faute de frappe. Un truc aussi peu contraignant dont on parle aussi souvent, ce n'est pas un carcan, c'est un cancan.
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Jacquemart
 
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Message par Ottokar » 01 Déc 2005, 11:01

et si ça claque dans les tournants, c'est un cardan
Ottokar
 
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Message par piemme » 01 Déc 2005, 11:17

a écrit :Sept morts en sept jours

a écrit :En haut lieu, on s’émeut quelque peu
C'est faire beaucoup d'honneur à la bourgeoisie que de lui reconnaitre ces quelques grammes de compassion sociale.
a écrit :Le Premier ministre demande au SAMU social « de proposer un hébergement stable et d’une durée minimale d’un mois pour les personnes qui sont sans toit et qui ont un contrat de travail, et sont confrontées à une difficulté spécifique pour se rendre à leur travail ».
C'est gentil de rappeler le propos d'un premier ministre de la Veme République, d'autant qu'il est rappelé ensuite que
a écrit :Un mois, c’est toujours mieux que sept jours
Il faudrait simplement préciser que c'est du flanc, et que "demander qch au SAMU social", ça coûte pas cher. Il se trouvera bien quelques commentateurs, pensent-ils, pour critiquer, mais l'important est qu'ils reconnaissent en passant qu'une volonté d'améliorer les choses existe dans les salon décrépis de la vieille République bourgeoise et qu'un petit qch a été fait. D'ailleurs, un social-démocrate ne le reconnait-il pas lui-même ?
a écrit :« Les déclarations du Premier ministre souhaitant proposer aux salariés sans domicile fixe un hébergement de plus longue durée vont dans le bon sens, mais restent très insuffisantes », déclare la mairie de Paris, qui propose de maintenir toute l’année les capacités d’hébergement hivernal du SAMU social.
L’analyse marxiste essaie de saisir toutes les déterminations de la vie sociale sur la base du processus historique objectif dont elles sont issues : il faut donc être un social-démocrate pour croire que des discours peuvent aller dans le bon sens.

Critiquer l'insuffisance de certaines déclarations, c'est dire qu'elles sont suffisantes en partie... C'est à ce genre de lubbie que se nourrissent les réformistes.
a écrit :Quant au PCF, il réclame un « plan d’urgence » passant par un renforcement « des moyens des associations qui, par leurs efforts, sauvent de nombreuses vies ». Bref, il y a quelques variations sur l’échelle des mesures de charité envisagées. Quant au fond, tous sont dans le même registre : l’associatif, le caritatif, le SAMU social…
On l'a compris : l’associatif, le caritatif, le SAMU social… c'est insuffisant. Il doit bien y avoir qch de plus efficace ! Mais quoi ?
a écrit :La reconquête de la démocratie, c’est-à-dire de l’égalité entre les citoyens
pour le rétablissement des
a écrit :conditions d’une vie décente pour tous"
De quelle façon ? "Plan de construction", "plafonnement des loyers" et "interdiction des saisies et expulsions locatives".
Qui doit imposer ces mesures ? Ceux qui
a écrit : remettent en cause le carcan de Maastricht
et tous ceux qui, sans rire, disent
a écrit : que c’est l’Union européenne qui fixe ce cadre auquel tous les gouvernements successifs se sont pliés, réduisant leur « programme social » à quelques cuillerées de charité dans un océan de déréglementation

Ceux qui, en somme, se fixent pour dessein de sauver l'Etat issue de la révolution bourgeoise de 1789, aujourd"hui lâchement dévoyé par l’Union européenne, cette garce, et ce, de la manière la plus consternante qui soit pour tout humaniste qui se respecte ! Cette garce, oui, qui empêche notre nation de s'occuper de nos exclus comme l'exige la dignité !

L'Etat bourgeois est dégénéré (en partie, à cause d'un texte enfanté à Maastricht), mais il a encore un bon fond (cf. les propos de ses dirigeants, cités plus haut).

Quand on évoque des discours (de la bourgeoisie), quand on critique des textes (de la bourgeoisie), quand on reconnait des déclarations (de la bourgeoisie), que dénonce-t-on vraiment ? Qu'espère-t-on vraiment ?
piemme
 
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Message par pelon » 01 Déc 2005, 14:47

(txi @ jeudi 1 décembre 2005 à 14:40 a écrit :
(Jacquemart @ jeudi  1 décembre 2005 à 09:13 a écrit : Alors, il doit y avoir une faute de frappe. Un truc aussi peu contraignant dont on parle aussi souvent, ce n'est pas un carcan, c'est un cancan.

Quoi, Jacquemart, sous-entendrais-tu que les camarades du PT dansent mal le French Carcan ?

Ou le tango reculant : un pas en avant, deux pas en arrière, la République nous appelleeeu.
pelon
 
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