Lecteurs !...........Qui peut croire un seul instant que l'Union Européenne, cet instrument d'abaissement généralisé du coût du travail au service du capital financier international, comme le dit fort justement Crockette, n'exerce pas de pressions, ou bien n'est sans aucune influence, sur les travailleurs suisses...?
Ci-dessous, l'exemple de Swissair, où le "Code des Obligations" qui constitue un code de garanties pour les travailleurs suisses, est attaqué par une directive européenne (lire notamment le texte en rouge), sournoisement utilisée comme
instrument de destruction des droits des travailleurs, par l'Office Fédéral de la Justice (OFJ), et cela date de 2002......
Combattre le capital dans son propre pays, pour nous autres, la France, c'est combattre
tous les instruments à sa disposition, y compris l'Union Européenne...
Si on omet de combattre
tous les instruments, on est complice avec le capital...
a écrit :SWISSAIR
Avis de droit de l’Office fédéral de la Justice sur l’art. 333/CO
En vertu d’une directive de l’UE...
L’Office fédéral de la justice (OFJ) a produit un avis de droit sur la question de la non-application de l’article 333 du Code des obligations dans le cas de Swissair.
Sa conclusion est la suivante: «L’Office fédéral de la justice procède à une interprétation littérale, systématique, historique et téléologique de l’art. 333 al. 1 CO et arrive à la conclusion que les arguments en défaveur de l’application de la disposition dans une procédure d’exécution forcée sont les plus convaincants.»
Il est intéressant de s’attarder sur quelques arguments utilisés par l’OFJ.
Commençons par l’interprétation littérale.
L’article 335 CO, qui a été rédigé en même temps que l’art. 333 al. 1 CO révisé et qui définit les délais de congé pour les contrats de durée indéterminée, précise explicitement qu’il ne s’applique pas en cas de cessation d’activité de l’entreprise intervenue sur ordre du juge.
L’article 333 ne contenant pas de disposition similaire, on pourrait penser qu’il doit s’appliquer.
Ce n’est pas l’avis de l’OFJ qui juge cette interprétation «formaliste».
L’OFJ trouve par contre plusieurs arguments moins «formalistes » pour justifier la non-application.
Nous ne nous attarderons pas sur les analogies avec le droit du bail (!) et nous nous limiterons à deux arguments particulièrement intéressants:
l’art. 333 al. 1 CO transpose, dans le droit suisse, la directive 77/187 de la Communauté européenne.
Cette directive, datant du 14 février 1977, définit les droits des employés en cas de transfert d’entreprise.
La Cour européenne de justice s’est prononcée sur des cas relatifs à l’application de cette directive.
Dans un premier jugement, en 1985, la Cour a décidé de ne pas appliquer la directive dans un cas de faillite.
Dans le deuxième jugement, en 1988, la Cour a décidé d’appliquer la directive dans un cas de liquidation judiciaire.
L’OFJ se base sur ces deux décisions pour argumenter en faveur de la non-application de l’art. 333 CO.
Pratiquement, cela signifie que, pour l’OFJ, la Suisse doit non seulement appliquer les directives de l’Union Européenne, mais également la jurisprudence de l’UE!
Le deuxième argument est économique: si l’art. 333 al. 1 CO est appliqué en cas d’insolvabilité, l’acheteur va déduire les coûts liés à son application du prix d’achat de l’entreprise.
Si on privilégie les revendications des travailleurs, ceci se fait au détriment des autres créanciers.
L’OFJ en déduit que pour protéger ces autres créanciers, parmi lesquels on trouve ceux qui ont volontairement provoqué la faillite de Swissair, il ne faut pas appliquer l’art. 333.
En conclusion, pour l’Office fédéral de la justice, l’intégration à l’Union Européenne et les besoins de l’économie doivent passer avant une interprétation trop «formaliste» de la loi.
Correspondant
Journal mensuel de l’Union des Cercles pour une¨Politique Ouvrière,
membre de l’Entente Internationale des Travailleurs et des Peuples
N° 248 du 21 mars 2002
a écrit :SWISSAIR
Questions à Rémy Pagani, secrétaire syndical SSP, responsable du secteur trafic aérien
«Nous combattons pour le respect du Code des obligations»
A quelques jours de la date fixée par «la place économique» avec l’aval du Conseil fédéral pour la reprise des activités de Swissair par Crossair, quelle est l’intervention du syndicat dans cette affaire?
.Nous nous sommes engagés, avec des membres du syndicat du personnel de cabine (Kapers), dans le combat pour la défense de l’article 333 du CO.
Ce qu’il faut savoir, c’est que nous sommes dans une situation où le personnel de cabine doit voter sur une nouvelle proposition de CCT.
Ce contrat comprend notamment la diminution de salaire de 11 à 16%, la suppression du 13ème salaire, la fin du paiement des heures supplémentaires, la perte de trois jours de vacances…
En outre, le maintien en vigueur de la précédente CCT permettrait de garantir les droits et les prestations des actuels préretraités, le paiement des plans sociaux qui sont compris dans la CCT, le respect et le paiement des délais de congé…
On estime que la mise en cause de l’actuelle CCT permettrait à la compagnie de voler quelque 150 millions qui reviennent aux travailleurs.
Pourquoi veulent-ils mettre la main sur ce pactole?
.Le «business plan» de la nouvelle compagnie Swiss, issue de la reprise des activités de Swissair par Crossair, prévoit un rendement des investissements de 14 à 19%.
Or il se trouve que, pour les compagnies concurrentes, le rendement moyen est de 8% environ.
L’application du «business plan» passe par cette remise en cause brutale de nos droits.
Il ne faut pas oublier que 1750 collaborateurs ont été mis à la porte, sans compter que des milliers quittent le navire.
Il s’agit de travailleurs hautement qualifiés, parlant quatre langues…
Quelle relation avec le Code des obligations?
.En cas de reprise des activités d’une compagnie par une autre, le Code des obligations prévoit que la nouvelle compagnie doit respecter les conditions contractuelles en vigueur dans l’ancienne.
Swiss essaiera de contourner la loi en proposant à chacun des travailleurs de signer un nouveau contrat de travail.
Cette démarche est illégale, comme nous l’expliquons dans le tract commun publié avec le personnel de cabine, ce d’autant qu’une plainte est pendante, et que le Tribunal de Genève (Chambre des relations de travail) statuera sur la question le 26 mars.
Autrement dit, nous appelons le personnel à ne pas accepter la nouvelle CCT, (il faut une majorité des trois quarts).
Nousnous prononçons pour le maintien et l’application des dispositions contenues dans l’actuelle CCT, comme le prévoit la loi.
Nous avons lancé une pétition à l’échelle nationale qui est soutenue par la fédération.
Journal mensuel de l’Union des Cercles pour une¨Politique Ouvrière,
membre de l’Entente Internationale des Travailleurs et des Peuples
N° 248 du 21 mars 2002