par Faber » 03 Nov 2005, 17:01
Je suis en accord global avec l'équipe Barnabé, Wegan, Vérié, Puig etc... mais aussi avec l'intervention nuancé de Pelon. Pour tout dire, et à mon étonnement, j'apprend que LO ne donne pas un point de vue claire sur cette question. Cette imprécision (soulignée à leurs manières et par Vérié et par Pelon) est source de cette discussion qui ne devrait effectivement se conclure en invectives diverses.
Une remarque cependant que j'espère clarificatrice. On peut quand même dénombrer trois phénomènes assez différents en ce qui concerne "l'insécurité".
1- le grand banditisme (trafics de drogues, de voitures, crime organisé, braquage etc...) dont les acteurs habitent traditionellement, les cités populaires pour des raisons sur lesquelles je ne revient pas. Auquel on peut ajouter à la marge le militantisme islamiste organisé (plus ou moins radical, plus ou moins imbriqué avec le grand banditisme, plus ou moins menacant pour l'état bourgeois)
2- la délinquance juvénile (comme l'appelait l'état bourgeois lorsqu'il ne cherchait pas comme aujourd'huie, pour des raisons éléctorales, à tout mélanger) faite de petit tracas quotidien infligé aux habitants, à la police pourquoi pas, mais aussi aux travailleurs sociaux, éducateurs etc... celle ci est le fait de très jeunes gens (entre 15 et 20 ans) incultes, immatures et desoeuvrés et peut atteindre des extremités dégueulasse (Souad).
3- les emeutes tels qu'on en voit actuellement dont le procédé consiste à faire venir la police par le bias notamment d'incendies de véhicules, d'attaques sur des batiments publics etc... pour pouvoir s'affronter avec les soit disant "forces de l'ordre". Ces emeutes sont le fait de quasiment tous les jeunes habitants le quartier lequel redevient ici le liant identitaire (à la place de la religion et/ou l'origine ethnique) sont courtes dans le temps, extremement rares, sont une réponse à une ou plusieurs provocations (pour ne pas dire bavures) policières.
1 peut (mais ne le fait que rarement) s'appuyer sur 2 et déteste 3 pour d'évidentes raisons de manque de discrétion. De fait, il est absolument inoffensif et invinsible pour les habitants des cités populaires, et ne peut être résolu que par les techniciens qu'à déjà évoqué Vérié.
2 fait chier (tout) le monde, a peur de 1 et se retrouve leader pendant 3... Globalement, dans une période d'absence de boulot et d'organisation ouvrière dans les cités, il est soluble (ou réduit à des proportions tout à fait correct à l'echelle d'une grande ville) dans le travail social (celui de l'état bourgeois : éducateurs, éducation national, sport etc). Accessoirement, elle ne constitue pas tellement, tout est question d'echelle, une cause de désagrement si important que ça. Voir les chiffres de Vérié, ma bagnole a beaucoup moins de chance de se retrouver brulée qu'elle n'en a de me tuer dans un accident de la route. Je préçise par ailleurs que l'argument de l'angélisme est un argument du coup sans rapport avec la réalité et très emprunt de préjugés réactionnaires de toutes sortes.
3 permet suite aux gonflement médiatique aux politiciens bourgeois de résortir la camelote de l'insécurité, laquelle sans propagande et tout à fait négligeable en fait.
J'irais même jusqu'à dire que mes (nombreuses) discussions sur la question de l'insécurité se résume bien souvent à l'exploration des préjugées réac de mes interlocuteurs, plutôt qu'au commentaire d'une longue litanie "d'incivilitées" subies. Pour conclure, sur la question de la police de proximité (avec quoi ?), elle ne sert à rien pour la délinquance jeune, est inopérante pour le grand banditisme, et dépassée dans le cas des émeutes. Mon avis est donc qu'on devrait s'abstenir d'en causer dans des éditos...