:hein:
a écrit :- Dangereuse Amérique, de Noël Mamère et Patrick Farbiaz, Ramsay, 2003, 17 euros.
Noël Mamère et Patrick Farbiaz ont des engagements politiques qui diffèrent sensiblement des nôtres. Le premier est député-maire de Bègles et a porté les couleurs des Verts à la dernière élection présidentielle. L'autre est son attaché parlementaire, par ailleurs responsable de la commission transnationale du parti écologiste. Leur dernier ouvrage commun n'efface pas nos désaccords, mais il constitue une contribution utile à la nécessaire réflexion sur les enjeux de la guerre qui se profile contre l'Irak.
Non sans pertinence, les deux auteurs identifient, autour de l'actuelle administration Bush, un "sursaut bonapartiste américain qui peut embraser le monde". Ils en dessinent les acteurs : un clan représentant les intérêts du pétrole et de l'armement, agissant à la manière de maréchaux d'Empire rassemblés autour de leur chef suprême. Ils en décrivent aussi, tout aussi justement, les visées : "Une stratégie délibérée visant à mettre en coupe réglée le Moyen-Orient et l'Asie centrale, à contrôler les routes du pétrole, à imposer au monde une réorganisation à marche forcée, en assignant aux différentes régions des fonctions précises."
Sans doute, la caractérisation de la période ouverte par le 11 septembre 2001 - "une Quatrième Guerre mondiale" - a-t-elle de quoi laisser sceptique. Evidemment, une série de propositions avancées, pour répondre à la montée d'un "nouveau pacifisme" planétaire, se dérobent-elles aux ruptures qui s'avèreraient nécessaires pour hâter le surgissement de l'autre monde revendiqué par les mobilisations altermondialistes. Comme ce surprenant appel au "retour à un système de sécurité collective, fondée sur le droit", lorsque l'ONU n'a jamais été, depuis sa création, que l'instrument au service des puissances dominantes de la planète.
Reconnaissons néanmoins que l'analyse qui nous est ici livrée, solide et étayée, vient utilement compléter la lecture des grands ouvrages de référence dont nous avons déjà rendu compte dans ces colonnes.
Christian Picquet.