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• LE MONDE | 10.03.03 | 13h09
Jacques Chirac à la télévision lundi soir et peut-être à l'ONU mardi
Jacques Chirac devait intervenir sur l'Irak lundi 10 mars sur TF1 et France2, après les journaux de 20 heures, à la veille de ce que l'Elysée appelle "la semaine cruciale". Pour empêcher les Etats-Unis de réunir les neuf voix qui leur donneraient l'aval des Nations unies (ONU), avant de lancer la guerre contre l'Irak, M. Chirac a téléphoné à de "nombreux interlocuteurs", parmi lesquels le président russe Vladimir Poutine.
L'objectif était de "mesurer l'équilibre au sein du conseil de sécurité. Dimanche soir, et même lundi matin, cet équilibre n'était pas modifié", " déclarait-on, lundi 10 mars au matin, à l'Elysée. Mardi matin au plus tard, M. Chirac aura décidé s'il se rend au Conseil de sécurité pour voter.
Dans ce contexte, la déclaration du secrétaire d'Etat américain, Colin Powell, dimanche 9 mars, selon laquelle un veto de la France au Conseil de sécurité de l'ONU aurait "des conséquences graves sur les relations bilatérales" a produit peu d'effet à l'Elysée. "On ne peut pas appeler cela des menaces. Il s'agit de présenter ses arguments avec peut-être un peu trop d'ardeur", tempèrent les proches du président, qui ajoutent : "Il a dit que nous étions un pays ami, et cela aussi a son importance."
La droite divisée.
Au sein de la majorité, la menace agitée par M. Powell donne lieu à des analyses très contrastées. "Propos déplacés", tranche le député (UMP) du Vaucluse Thierry Mariani, l'une des personnalités de droite hostiles à une guerre, qui dénonce "une entreprise de culpabilisation extraordinaire". "Ce sont des enfantillages", lui fait écho le député des Yvelines Jacques Myard, estimant que, "de toute façon, la position française est comprise dans le monde". "Nous avons en face de nous une administration américaine assez brutale", relève François Baroin, porte-parole de l'UMP, qui interroge : "Est-ce qu'eux-mêmes n'ont pas l'intention de créer une fracture ?"
"On est parti pour une collision majeure entre alliés majeurs", juge le député (UMP) de Paris Pierre Lellouche, l'un des représentants des élus réputés atlantistes. "Si la stratégie de la France l'emporte, vous imaginez les conséquences sur l'équilibre mondial", lance ce dernier, aux yeux de qui "le message envoyé est celui de démocraties déchirées, ce qui signifie que les gens qui construisent des armes de destruction massive et sont prêts à les utiliser contre nous peuvent dormir tranquilles".
"Pour les Etats-Unis, la position de l'ONU en tant qu'entité est secondaire. On se dirige vers une marginalisation de la communauté internationale", redoute le député (UMP) de l'Oise Axel Poniatowski. Le député européen UDF Jean-Louis Bourlanges est catégorique : "Les principaux instruments d'une gestion multilatérale et juridiquement organisée du monde, l'ONU, l'OTAN, l'UE, sortiront de l'épreuve humiliés, ignorés, divisés", assure-t-il dans une tribune publiée par Libération lundi 10 mars. "Ce qui importe, c'est de ne pas envenimer les choses et de se situer dans l'après guerre car la France aura un rôle important à y jouer", indique Guy Teissier, président de la commission de la défense à l'Assemblée.
La gauche invite M. Chirac à "tenir".
Au PS, favorable à l'usage du veto, les déclarations de M. Powell sont perçues comme "une menace quand on n'arrive pas à convaincre". Pour François Hollande, "la position de l'administration Bush confirme que la démarche américaine est fondée sur la pression, la menace et le chantage". "Face à un Etat qui menace et éventuellement sanctionne en fonction de ses intérêts politiques, il faut mettre son veto", ajoute le premier secrétaire du PS. "C'est un coup de canif dans l'amitié franco-américaine tout à fait regrettable", estime Pierre Moscovici. "Cela traduit le désarroi et la nervosité des Etats-Unis face à une attitude française robuste car elle repose sur des principes. Il faut tenir bon", souligne l'ancien ministre des affaires européennes.
Les propos de M. Powell sont jugés "inacceptables" par Marie-George Buffet, secrétaire nationale du PCF. "C'est une forme de chantage. C'est dans la logique actuelle de l'administration américaine : on impose son opinion, son ordre à toute la planète. Il faudrait que celle-ci admette qu'elle ne dirige pas le mond." "M. Powell se conduit comme un truand. Ses propos auront l'effet inverse à celui recherché sur l'opinion publique française", estime Alain Krivine, porte-parole de la LCR, "à fond"pour l'utilisation du veto.
Voila! Les divisions de la droite, tel que l'a justement dit reval, les intérêt contradictoires de la bougeoisie française peuvent faire faire à Chirac un drôle de numéro de contorsionnisme.
La Gauche ex-plurielle + sensibilités affines? Elle est unanime.