a écrit :TRIBUNE
Unité des travailleurs et pôle de radicalité
Nos critiques à la résolution adoptée par la dernière direction nationale de l’organisation sont dans la continuité de celles que nous formulions dans les colonnes de Rouge à l’égard de l’Appel des 200. Les généralités antilibérales qui y étaient formulées n’étaient contraignantes que pour les révolutionnaires et la dynamique elle-même de la campagne a démontré à quel point les révolutionnaires avaient toute légitimité à développer leur propre politique dans le cadre de l’unité. Nous l’avons fait en particulier par l’intermédiaire d’Olivier Besancenot, mais pas assez, et pas assez clairement.
Aujourd’hui, beaucoup rêvent de passer du « non » de gauche à la gauche du « non ». L’orientation majoritaire à la DN s’inscrit dans ce projet.
C’est une erreur : la tâche du moment est de continuer les collectifs pour qu’ils portent les exigences du monde du travail, aident à coordonner les luttes et les résistances dans la perspective d’une Europe des travailleurs et des peuples.
Le « non », bien plus qu’un « non » de gauche, est un « non » de classe, un « non » des classes populaires à la politique menée depuis plus de vingt ans par tous les gouvernements qu’ils soient de droite ou de gauche. Il est une amplification du 21 avril 2002, un rejet et un désaveu des partis de gouvernement. Il est une revanche sur le 5 mai 2002 où, en agitant l’épouvantail de Le Pen, la gauche a fait élire un adversaire des classes populaires. Cette fois, l’épouvantail n’a pas marché, les travailleurs ont dit ce qu’ils avaient sur le cœur et ils ont eu raison. Le « non », c’est aussi une revanche sur les défaites du printemps 2003, un désaveu des directions syndicales ralliées au « oui », de tous les partisans de la politique du « diagnostic partagé » qui ont étouffé les mobilisations.
Ce rejet de la droite, cette rupture avec le social-libéralisme sont riches de possibilités au sens où ils sont une étape dans le mûrissement d’une nouvelle conscience de classe. La tâche du jour est d’aider à ce mûrissement et surtout pas d’entretenir la moindre illusion en un remake d’Union de la gauche fût-il rebaptisé « gauche du “non” ».
La gauche du « non » ne rêve que de se rabibocher avec la gauche du « oui » pour retourner demain au pouvoir. Marie-George Buffet n’a cessé et ne cesse de le répéter.
Voilà pourquoi proposer à Mélenchon, Buffet et Bové de lancer une pétition pour la démission de Chirac et la dissolution de l’Assemblée n’a aucun sens ou plutôt ne prendrait qu’un sens, si cette initiative voyait le jour, celui du ralliement des révolutionnaires à la gauche du « non ».
Et cela d’autant que la proposition est assortie de la présentation de candidats communs à l’ensemble des forces politiques regroupées dans les collectifs en cas d’élections d’une nouvelle Assemblée.
Une telle orientation est en rupture avec l’orientation qui, depuis les élections européennes de 1999, a permis à la Ligue de se renforcer, de gagner de l’influence dans les classes populaires. La Ligue n’aurait pas pu occuper la place qu’elle a occupée durant cette campagne si en 2004, elle n’avait pas su s’allier avec LO, et nous regrettons que LO ne soit pas venue avec nous défendre, au coude à coude, dans les collectifs, les idées que nous défendions ensemble en 2004.
Aujourd’hui, la tâche des révolutionnaires est de travailler à l’unité du monde du travail et de ses organisations, pour préparer la riposte face aux attaques de l’attelage Chirac-Villepin-Sarkozy. Elle est de permettre aux collectifs d’être un instrument pour participer à la construction de cette unité de classe pour les luttes.
Agir dans ce sens suppose que nous militions pour regrouper autour d’un véritable plan d’urgence social et démocratique, celui que nous défendions avec LO en 2004, tous ceux qui entendent aider le monde du travail à faire valoir ses droits avec ses propres armes de classe.
Oui, il faut construire un pôle de radicalité en réponse à la politique des partis de la gauche institutionnelle et gouvernementale, fut-elle antilibérale, un pôle démocratique et révolutionnaire.
Michel Valmy, Yvan Lemaître