6 pays face aux impérialismes

Message par pelon » 08 Mars 2003, 10:36

a écrit :
Des soucis pour six indécis à séduire


Par Pascal RICHE
samedi 08 mars 2003

Washington de notre correspondant



Le week-end promet d'être un grand moment dans l'histoire de la «diplomatie du carnet de chèque». Six pays, membres non-permanents du Conseil de sécurité, «indécis», ont refusé la logique de guerre américaine. Mais leur position pourrait changer en échange de concessions. Washington a besoin de convaincre cinq des six pour obtenir la majorité de neuf voix nécessaire à l'adoption d'une résolution au Conseil de sécurité. De son côté, Dominique de Villepin se rendra dans les prochains jours en Angola, au Cameroun et en Guinée pour défendre la position française.

Guinée

Plus d'argent et moins de droits de l'homme

La Guinée, qui préside le Conseil ce mois-ci, est un des 15 pays les plus pauvres de la planète. Les liens avec l'ancienne puissance coloniale française sont devenus très distants, depuis l'indépendance en 1958. En terme d'aide, les Etats-Unis arrivent même en tête devant la France, avec 50 millions de dollars par an. La majorité de la population est musulmane, mais la guerre en Irak n'est pas le sujet de préoccupation principal de l'opinion publique. Le mois dernier, Washington et Londres ont envoyé des émissaires à Conakry. Ils y ont promis au président Lansana Conte d'augmenter l'aide, notamment pour traiter le problème des 300 000 réfugiés de la Sierra Leone ou du Liberia. Pour obtenir la voix guinéenne, Washington (ou Paris) peuvent promettre de fermer les yeux sur la situation des droits de l'homme.

Angola

Le chantage aux contrats pétroliers

Jusque-là, l'Angola a tenu bon face à Washington, ce qui a surpris, tant ce pays dépend économiquement des Etats-Unis. Il sort d'une guerre civile de 27 ans. Plusieurs millions de réfugiés vivent dans des conditions précaires. C'est l'un des pays les plus corrompus au monde : près d'un milliard de dollars d'aides s'y volatilise chaque année. L'Angola est le sixième fournisseur des Etats-Unis en pétrole (devant le Koweït) et il ne tient pas à voir cette position remise en cause. Les investis sements américains soutiennent l'éco nomie. Exxon Mobil y a conclu un contrat de trois milliards de dollars. Washington accorde 90 millions de dollars par an d'aide au pays, qui pourrait baisser en cas de «non», ou augmenter en cas de «oui». Par ailleurs, l'Angola espère avoir accès aux bénéfices de l'Agoa (Africa Growth and Opportunity Act), système de préférence commerciale américain pour l'Afrique, jusque-là refusé à Luanda à cause de la situation des droits de l'homme.

Mexique

Accord sur l'immigration suspendu

Les élections législatives approchent et la très grande majorité des électeurs est contre la guerre. Mais 80 % du commerce extérieur mexicain a lieu avec son grand voisin du Nord. Par ailleurs, Mexico attend que les Etats-Unis acceptent de signer un traité régissant les questions d'immigration et régularisent les clandestins mexicains. Le président Fox appelle Washington et Paris à un compromis, un report de la guerre à la fin du mois, assorti d'un ultimatum à Saddam.

Chili

Un accord de libre- échange en otage

Le président Lagos a tenu des discours plutôt favorables à la paix. Mais le Chili s'est fait très discret sur ses intentions de vote. Les diplomates européens craignent que «si les Mexicains cèdent à Washington, les Chiliens suivent». Le principal levier américain, pour faire plier Santiago, est d'ordre commercial : le Congrès américain n'a toujours pas donné son feu vert à un important accord de libre-échange avec les Etats-Unis.

Cameroun

Aides commerciales troquées

Le président Paul Biya ne tient pas à se brouiller avec Paris, qui accorde au pays une aide importante, mais il craint de se mettre à dos la première puissance mondiale. L'ambassadeur américain lui a rendu visite pour préparer une «visite de prestige» à Washington. Mais les Etats-Unis peuvent aussi le menacer de réduire les liens commerciaux avec ce pays. Les pays africains n'ont droit au système préférentiel commercial de l'Agoa que s'ils ne participent pas à des activités nuisant à la sécurité nationale des Etats-Unis ou à sa politique étrangère.

Pakistan

Le Cachemire dans la balance

Le Pakistan a reçu de très larges montants d'aide américaine, en remerciement de son soutien dans la guerre contre le terrorisme. Le président Pervez Musharraf a clairement pour stratégie de resserrer ses liens avec la première puissance mondiale. Mais la population pakistanaise, musulmane, est très hostile à une guerre contre l'Irak, qui renforcerait par ailleurs le poids des islamistes extrémistes. Politiquement, Musharraf a donc plutôt intérêt à tenir tête à Bush. Mais Islamabad craint que s'il ne soutient pas les Etats-Unis, le balancier américain, dans la crise du Cachemire, penche vers l'Inde, son ennemi héréditaire.



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pelon
 
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