Hélas ... le référendum est perdu en Italie, le quorum n'est pas atteint. Les noirs corbeaux ont encore de l'influence sur de larges couches de la population dans ce pays, en proportion du recul des idées progressistes dans la société, et de celui du mouvement ouvrier.
Vivement que renaisse, en Italie comme ailleurs un puissant mouvement ouvrier et un parti communiste qui organise les travailleurs et leur permette de se défendre face aux attaques de la réaction !
Tant qu'à faire ... l'article du Figaro :
a écrit :
L'Eglise catholique se félicite que la participation n'ait pas atteint le seuil nécessaire de 50%
Italie : échec du référendum sur la procréation assistée
Le référendum sur un assouplissement de la loi sur la procréation médicalement assistée en Italie a été invalidé, lundi, en raison d'une très forte abstention qui sonne comme une victoire pour l'Eglise catholique. Selon des résultats du ministère de l'Intérieur, seuls 25,9% des inscrits avaient voté dans 13 des 110 provinces italiennes à la fermeture des bureaux de vote à 15 heures.
Rome : Richard Heuzé [14 juin 2005]
L'Italie a profondément changé de visage depuis les grandes batailles des années 70 et 80 sur le divorce et l'avortement remportées à coups de référendum. La société civile ne s'est pas sentie concernée par le questionnaire compliqué qui leur demandait d'abroger les articles les plus controversés de la loi «40» de février 2004 sur la procréation médicalement assistée. Elle a préféré laisser le Parlement se charger d'amender cette législation.
Pour la sixième fois depuis 1997, le quorum de 50% des inscrits n'a pas été atteint dans une consultation de ce type. Ce taux de participation, l'un des plus bas jamais enregistrés, ne constitue pas seulement un échec cinglant pour les promoteurs de l'initiative populaire. Comme le souligne le Corriere della Sera, il pourrait bien marquer la fin des consultations référendaires conçues comme instrument au service de la démocratie directe.
Les partisans du si n'ont pourtant pas ménagé leurs efforts jusqu'au dernier moment pour tenter d'infléchir le vote. Une grande plume du journalisme italien, Enzo Biagi, n'hésitait pas dimanche matin à fustiger l'abstention et à recommander d'aller voter, alors que les urnes étaient déjà ouvertes. Le leader des Démocrates de gauche (DS, ex-PCI) Piero Fassino, s'est senti obligé, devant la maigre affluence, d'intervenir à la radio pour dénier toute valeur politique au référendum : «Ce n'est pas une élection législative.»
Les grands gagnants de la consultation sont ceux qui ont prôné l'abstention. Dans l'ordre : l'Eglise, le leader de la gauche modérée Francesco Rutelli, les centristes de droite et d'une certaine mesure Silvio Berlusconi.
Les grands perdants sont ceux qui ont appelé bruyamment à voter si : le Parti radical (libertaire) qui est à l'initiative du référendum, la gauche qui l'a soutenu à grands renforts de slogans, Romano Prodi et le vice-président du Conseil et leader de la droite Gianfranco Fini, dont la condamnation sévère de l'absentéisme l'a isolé au sein de sa propre formation, l'Alliance nationale. Au point de remettre en cause sa figure de leader d'un parti unique qui pourrait naître au sein de la majorité.
Camillo Ruini, le président de Conférence épiscopale italienne, devrait avoir le triomphe modeste. Il ne faut attendre de ce cardinal proche de Benoît XVI des déclarations tonitruantes. Et pourtant il a tout lieu d'être satisfait : une participation aussi faible, l'Eglise ne s'y attendait pas. Certains dans son entourage en ont tiré argument pour dire que Romano Prodi, qui s'était démarqué de l'appel à l'abstention en se proclamant un «catholique adulte», était «puni» pour avoir tenté de «profiter politiquement» du vote à des fins partisanes.
Satisfaction également des centristes, de droite et de gauche. A commencer par le président de la Marguerite (réformateur d'opposition) Francesco Rutelli, traité de judas par le reste de la gauche pour avoir déserté le camp du si, et qui montre une fois de plus que ses intuitions coïncident avec les perplexités du corps électoral.
Quant aux leaders centristes de l'UDC (Union des démocrates-chrétiens et du centre) catholique qui fait partie de la majorité au pouvoir, ils ont tout lieu de jubiler. Ils redoutaient un vote qui aurait privé l'embryon de son statut d'être humain et aurait permis un retour au Far West génétique prévalant avant la loi. Ce ne sera pas le cas.
En s'abstenant, les Italiens ont aussi montré qu'ils faisaient confiance, d'une certaine manière, aux présidents des deux chambres du Parlement, le catholique Pierferdinando Casini et le laïc Marcello Pera, pour qui il reste possible et souhaitable de modifier les aspects les plus controversés de cette législation par voie parlementaire.
Grande satisfaction pour Silvio Berlusconi, qui a prudemment observé le silence. Il s'est gardé de tout commentaire, mais les siens faisaient remarquer que «ceux qui ont cherché à diviser le pays à n'importe quel prix ont été battus».
Pour le philosophe de gauche et maire de Venise Massimo Cacciari, c'est une «certaine conception de la culture laïque, libérale et socialiste» qui sort battue de ce scrutin : «Il est évident que par rapport aux années 70, elle a moins d'influence aujourd'hui.» Aussi préconise-t-il un recours «plus prudent et parcimonieux» au référendum : «Celui-ci est efficace quand la question est simple, comme dans le cas de l'avortement. Plus elle est compliquée, plus il devient difficile d'atteindre le quorum.»