marc pechanski:"oui au referendum...italien

Et lutte contre les pseudo-sciences et les obscurantismes

Message par pelon » 12 Juin 2005, 11:58

a écrit :
Italie : les illuminés contre la liberté des femmes et le progrès

Le 12 juin prochain, les Italiens sont convoqués à voter pour un référendum concernant la procréation médicalement assistée. Celui-ci à déjà fourni au nouveau pape l’occasion de démontrer, s’il le fallait, qu’il est aussi réactionnaire que l’était son prédécesseur.

La loi italienne concernant la procréation médicalement assistée adoptée par le gouvernement Berlusconi est particulièrement restrictive et réactionnaire. Ainsi, quand une femme n’a d’autre choix que de faire un enfant par fécondation in vitro (FIV), un article de cette loi interdit de réaliser plus de trois embryons et oblige à les implanter tous les trois dans l’utérus. C’est une limitation véritablement ignoble. En effet, pour obtenir de tels embryons, il faut que la femme subisse des traitements hormonaux longs et pénibles, puis qu’on ponctionne ses ovaires en introduisant une aiguille à travers la paroi du vagin, afin de prélever les ovocytes qui seront ensuite fécondés «in vitro» pour former les embryons.

Techniquement, aujourd’hui, les médecins réussissent à ponctionner ainsi jusqu’à une dizaine d’ovocytes. Ceci permet ensuite d’obtenir plusieurs embryons, d’en implanter un ou deux et de conserver les autres, pour le cas où la première FIV ne marcherait pas, ce qui est souvent le cas, ou pour le cas où les parents désireraient un autre enfant. Mais la loi italienne n’autorise le prélèvement que de trois ovocytes, ce qui signifie en clair que, si la première tentative de FIV échoue, la femme doit recommencer le traitement, avec toutes les difficultés médicales et psychologiques qui s’ensuivent. Telle est la version moderne du «Tu enfanteras dans la douleur»!

Un autre article de la loi interdit toute recherche sur ces embryons issus de fécondation in vitro, sous prétexte que «la vie commence au moment de la conception», sans doute par pénétration de «l’âme» à l’intérieur de l’ovule.

Ce n’est pas tout. Il y a aussi un article de la loi qui interdit, par exemple quand un des membres du couple est porteur d’une maladie génétique et qu’ils ne veulent donc pas prendre le risque de la transmettre à leurs enfants, de faire appel à un donneur d’ovocytes ou de spermatozoïdes extérieur à ce couple; tout cela au nom des «valeurs de la famille».

Enfin, peut-être pire encore, un autre article de cette même loi accorde à l’embryon les mêmes droits qu’à une personne vivante. C’est la porte ouverte à ce que, demain, la loi autorisant l’avortement puisse ainsi être remise en cause.

C’est pour se prononcer sur l’abrogation de ces quatre articles que, le 12 juin, les Italiens sont appelés à se rendre aux urnes. En effet, en Italie, la Constitution prévoit la possibilité d’organiser des référendums d’initiative populaire pour abroger des lois en vigueur. Il faut pour cela réunir en trois mois la signature d’au moins 500000 électeurs. C’est chose faite depuis janvier, à l’initiative du Parti Radical, coutumier de ce type de combat. Mais c’est trop pour les suppôts de l’Église catholique.

Comme il faut un minimum de 50% de participation au scrutin pour que celui-ci soit validé, les évêques ont appelé à l’abstention, au nom la «défense de la vie humaine et de la famille». Et lundi 30 mai, le pape les a félicités de s’être ainsi impliqués, pour «illuminer le choix des catholiques et de tous les citoyens».

Mais jusqu’à quand ces illuminés castrés qui, deux mille ans plus tard, croient encore à l’ange Gabriel annonçant à Marie dite la Vierge l’intervention d’un saint-esprit, continueront-ils à peser sur la vie des femmes?

Sophie GARGAN
Lutte Ouvrière n°1922 du 3 juin 2005
pelon
 
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Message par Wapi » 14 Juin 2005, 09:02

Hélas ... le référendum est perdu en Italie, le quorum n'est pas atteint. Les noirs corbeaux ont encore de l'influence sur de larges couches de la population dans ce pays, en proportion du recul des idées progressistes dans la société, et de celui du mouvement ouvrier.

Vivement que renaisse, en Italie comme ailleurs un puissant mouvement ouvrier et un parti communiste qui organise les travailleurs et leur permette de se défendre face aux attaques de la réaction !

Tant qu'à faire ... l'article du Figaro :

a écrit :
L'Eglise catholique se félicite que la participation n'ait pas atteint le seuil nécessaire de 50%

Italie : échec du référendum sur la procréation assistée


Le référendum sur un assouplissement de la loi sur la procréation médicalement assistée en Italie a été invalidé, lundi, en raison d'une très forte abstention qui sonne comme une victoire pour l'Eglise catholique. Selon des résultats du ministère de l'Intérieur, seuls 25,9% des inscrits avaient voté dans 13 des 110 provinces italiennes à la fermeture des bureaux de vote à 15 heures.

Rome : Richard Heuzé [14 juin 2005]
 
L'Italie a profondément changé de visage depuis les grandes batailles des années 70 et 80 sur le divorce et l'avortement remportées à coups de référendum. La société civile ne s'est pas sentie concernée par le questionnaire compliqué qui leur demandait d'abroger les articles les plus controversés de la loi «40» de février 2004 sur la procréation médicalement assistée. Elle a préféré laisser le Parlement se charger d'amender cette législation.


Pour la sixième fois depuis 1997, le quorum de 50% des inscrits n'a pas été atteint dans une consultation de ce type. Ce taux de participation, l'un des plus bas jamais enregistrés, ne constitue pas seulement un échec cinglant pour les promoteurs de l'initiative populaire. Comme le souligne le Corriere della Sera, il pourrait bien marquer la fin des consultations référendaires conçues comme instrument au service de la démocratie directe.


Les partisans du si n'ont pourtant pas ménagé leurs efforts jusqu'au dernier moment pour tenter d'infléchir le vote. Une grande plume du journalisme italien, Enzo Biagi, n'hésitait pas dimanche matin à fustiger l'abstention et à recommander d'aller voter, alors que les urnes étaient déjà ouvertes. Le leader des Démocrates de gauche (DS, ex-PCI) Piero Fassino, s'est senti obligé, devant la maigre affluence, d'intervenir à la radio pour dénier toute valeur politique au référendum : «Ce n'est pas une élection législative.»


Les grands gagnants de la consultation sont ceux qui ont prôné l'abstention. Dans l'ordre : l'Eglise, le leader de la gauche modérée Francesco Rutelli, les centristes de droite et d'une certaine mesure Silvio Berlusconi.


Les grands perdants sont ceux qui ont appelé bruyamment à voter si : le Parti radical (libertaire) qui est à l'initiative du référendum, la gauche qui l'a soutenu à grands renforts de slogans, Romano Prodi et le vice-président du Conseil et leader de la droite Gianfranco Fini, dont la condamnation sévère de l'absentéisme l'a isolé au sein de sa propre formation, l'Alliance nationale. Au point de remettre en cause sa figure de leader d'un parti unique qui pourrait naître au sein de la majorité.


Camillo Ruini, le président de Conférence épiscopale italienne, devrait avoir le triomphe modeste. Il ne faut attendre de ce cardinal proche de Benoît XVI des déclarations tonitruantes. Et pourtant il a tout lieu d'être satisfait : une participation aussi faible, l'Eglise ne s'y attendait pas. Certains dans son entourage en ont tiré argument pour dire que Romano Prodi, qui s'était démarqué de l'appel à l'abstention en se proclamant un «catholique adulte», était «puni» pour avoir tenté de «profiter politiquement» du vote à des fins partisanes.


Satisfaction également des centristes, de droite et de gauche. A commencer par le président de la Marguerite (réformateur d'opposition) Francesco Rutelli, traité de judas par le reste de la gauche pour avoir déserté le camp du si, et qui montre une fois de plus que ses intuitions coïncident avec les perplexités du corps électoral.

Quant aux leaders centristes de l'UDC (Union des démocrates-chrétiens et du centre) catholique qui fait partie de la majorité au pouvoir, ils ont tout lieu de jubiler. Ils redoutaient un vote qui aurait privé l'embryon de son statut d'être humain et aurait permis un retour au Far West génétique prévalant avant la loi. Ce ne sera pas le cas.


En s'abstenant, les Italiens ont aussi montré qu'ils faisaient confiance, d'une certaine manière, aux présidents des deux chambres du Parlement, le catholique Pierferdinando Casini et le laïc Marcello Pera, pour qui il reste possible et souhaitable de modifier les aspects les plus controversés de cette législation par voie parlementaire.

Grande satisfaction pour Silvio Berlusconi, qui a prudemment observé le silence. Il s'est gardé de tout commentaire, mais les siens faisaient remarquer que «ceux qui ont cherché à diviser le pays à n'importe quel prix ont été battus».

Pour le philosophe de gauche et maire de Venise Massimo Cacciari, c'est une «certaine conception de la culture laïque, libérale et socialiste» qui sort battue de ce scrutin : «Il est évident que par rapport aux années 70, elle a moins d'influence aujourd'hui.» Aussi préconise-t-il un recours «plus prudent et parcimonieux» au référendum : «Celui-ci est efficace quand la question est simple, comme dans le cas de l'avortement. Plus elle est compliquée, plus il devient difficile d'atteindre le quorum.»
Wapi
 
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Message par Wapi » 16 Juin 2005, 09:41

Dans LO cette semaine :

a écrit : Italie - Pour abattre l’obscurantisme, il faudra compter sur des luttes

En Italie, le 12 juin dernier, au référendum d’initiative populaire organisé pour réformer la loi sur la procréation médicalement assistée, seuls 25,9% de votants se sont déplacés. Et, comme il faut un minimum de 50% de participation pour que le résultat d’un tel type de scrutin soit validé, la loi italienne ne sera pas amendée.

Les femmes qui sont contraintes de faire appel à une fécondation in vitro vont continuer de souffrir inutilement. En effet, comme, au nom du «respect de la vie», il n’est pas question de faire plus de trois embryons et qu’il faut absolument les implanter tous les trois, après chaque échec -et il y en a souvent plusieurs- ces femmes devront subir des traitements hormonaux et chirurgicaux lourds et dangereux pour tout recommencer.

Les couples souffrant de stérilité ne pourront toujours pas faire appel à un don d’ovocyte ou de spermatozoïdes. Les plus fortunés se paieront un voyage à l’étranger, comme c’est déjà le cas depuis 2004, date de la promulgation de cette loi rétrograde, qui a vu le nombre de couples stériles allant chercher de l’aide ailleurs être multiplié par quatre.

Les chercheurs ne pourront pas faire progresser les connaissances, faute de pouvoir travailler sur ce qu’on appelle des «embryons» et qui ne sont que des ovules fécondés.

Et, selon la loi, on continuera à accorder à ces microscopiques «embryons» dénués de toute vie les même droits qu’à n’importe quel homme ou femme en chair et en os. Et ainsi, à terme, le risque est grand de voir le droit à l’interruption volontaire de grossesse remis en cause, le droit des femmes à disposer de leur corps bafoué. Les partisans réactionnaires de la remise en cause du droit à l’avortement annoncent déjà que ce sera leur prochaine bataille.

Le référendum consistait en fait en quatre consultations puisqu’il fallait voter pour les quatre aspects de la loi ci-dessus évoqués. C’est peut-être une des raisons du peu de mobilisation des électeurs. Et, du reste les bigots réactionnaires avec leur chef en tête, le pape, ne s’y sont pas trompés. Ils ont appelé leurs ouailles à s’abstenir. S’appuyant sur la loi référendaire qui exige un minimum de 50% de votants pour que les résultats soient validés, ils ont pensé que les abstentionnistes naturels venant s’ajouter à ceux qui s’abstiendraient à leur appel, il serait facile d’arriver à 50% d’abstentions. Ils ne leur ont pas demandé de se déplacer pour voter NON, ne voulant sans doute pas prendre le risque de voir le quorum atteint et, avec lui, le OUI l’emporter. En effet, sur les 26% d’électeurs qui ont voté, le OUI à l’abrogation des articles de la loi a atteint de 78% à 89%.

Quoiqu’il en soit, la loi sur la procréation médicalement assistée, une des plus restrictives d’Europe, reste en vigueur. Le référendum n’a pas suffi. Et, pour combattre les absurdités véhiculées par les adeptes de principes religieux vieux de deux millénaires, c’est sur le combat des femmes et des hommes qu’il faudra compter.

Sophie GARGAN
Wapi
 
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