"Là-bas si j'y suis..."

Message par Albert » 08 Juin 2005, 08:56

Mercredi 1er juin, l'émission de D. Mermet était consacrée au "printemps lycéen", j'étais sur la route, j'écoutais donc assez distraitement et ... Oh ! surprise, j'entends un groupe de lycéens du 93 dont une fille considérée par le groupe de garçons comme la leader et qui se réclament, de l'extême gauche, du communisme, je tends l'oreille, ma curiosité est en alerte, et les questions de la journaliste deviennent assez malveillantes. Voilà en gros ce que j'ai retenu.
"C'est pas gênant d'être communiste ?" Comme si c'était une maladie !
- "On défend des idées, du coup, on est communiste, eh alors, on n'est pas des staliniens ! De toute façon, on n'est pas des bouts de viande sur lesquels on colle des étiquettes"
"Tu te réclames du trotskisme, c'est quoi la différence entre LO et la LCR ?" (histoire de poser une question piège)
-"Dans la cité, on est emmerdé par les " frères mu", nous, on est contre le voile alors avec LO, c'est clair, ils sont contre le voile".
Quelqu'un a-t-il écouté cette émission ?
Albert
 
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Message par Barikad » 08 Juin 2005, 09:51

J'etais egalment en voiture et l'emission était tres bien. Les questions de la journ,alistes aux differents jeunes interviewé n'etais absolument pas malvaillante, bien au contraire. Et c'est vrai qu'outre la jeune camarade sympathisante de LO qui dirigeait le mouvement sur son lycée, plusieurs jeunes se disaient proches de l'extreme gauche (LO et LCR), interressé par le communisme, etc...
C'etait vraiment une emission tres rafraichissante (surtout quand t'es bloqué dans les bouchons !).
Dommage qu'elle ne soit plus disponible en ligne.
Barikad
 
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Message par Wapi » 08 Juin 2005, 10:13

a écrit :
Dommage qu'elle ne soit plus disponible en ligne.



Si, elle l'est encore, ici (en fait c'était le 2 juin) :

http://www.la-bas.org/article.php3?id_article=700
Wapi
 
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Message par ianovka » 08 Juin 2005, 10:17

Quelqu'un a la possibilité de la mettre en MP3 ?
"Le capital est une force internationale. Il faut, pour la vaincre, l'union internationale, la fraternité internationale des ouvriers." Lénine
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Message par Barikad » 08 Juin 2005, 13:47

(ianovka @ Wednesday 8 June 2005 à 11:17 a écrit : Quelqu'un a la possibilité de la mettre en MP3 ?
je ferais ca ce soir, à moins que quelqu'un se devoue d'ici là...
Barikad
 
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Message par Albert » 08 Juin 2005, 13:48

(Barikad @ Wednesday 8 June 2005 à 10:51 a écrit :J'etais  egalment en voiture et l'emission était tres bien. Les questions de la journ,alistes aux differents jeunes interviewé n'etais absolument pas malvaillante, bien au contraire. Et c'est vrai qu'outre la jeune camarade sympathisante de LO qui dirigeait le mouvement sur son lycée, plusieurs jeunes se disaient proches de l'extreme gauche (LO et LCR), interressé par le communisme, etc...
C'etait vraiment une emission tres rafraichissante (surtout quand t'es bloqué dans les bouchons !).
Dommage qu'elle ne soit plus disponible en ligne.



Je te concède que le terme "malveillant" est trop fort, je pense que les questions étaient un peu douteuses, même si c'était, je suis d'accord, très rafraichissant. Mermet et ses équipiers sont quand même plus sympathiques avec les journalistes du Monde Diplo, ou autres altermondialistes, par exemple.
Albert
 
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Message par Wapi » 08 Juin 2005, 14:13

Barrikad

a écrit :je ferais ca ce soir, à moins que quelqu'un se devoue d'ici là...


je veux bien mais je sais pas faire ... mais si on m'explique, OK !
Wapi
 
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Message par Wapi » 08 Juin 2005, 14:22

Une interview de Pauline, une des lycéennes qui témoigne dans l'émission de Mermet :

a écrit :             Une lycéenne témoigne de la répression.

Entretien avec Pauline S. Par Silvia Cattori. 27 mai 2005

Pauline, blonde, souriante, élève du Lycée Joliot Curie à Nanterre 92, emprisonnée à deux reprises et mise en examen, nous livre ici son témoignage spontané sur le mouvement lycéen qui depuis janvier a mobilisé des centaines de milliers de lycéens, dans la quasi indifférence du monde adulte et des mouvements associatifs. SC.

S.C. Quand le Mouvement Lycéen en France a-t-il débuté et pour quelles raisons ?

Pauline S : Le mouvement a débuté le 20 janvier quand les lycéens sont descendus dans la rue contre la loi Fillon qui prévoyait, entre autre, une réforme du baccalauréat, des suppressions d’options de filières et de postes d’enseignants, la mise en place d’un policier référent dans chaque établissement, la mise en place d’un socle commun de connaissances réduit et n’offrant pas la possibilité à des élèves des classes défavorisées d’accéder à des connaissances correctes.

S.C. Les Lycéens ont-ils perçu cette loi comme répressive ?

Pauline S : Oui. C’est une loi à caractère répressif et qui favorise l’émergence d’une élite, au détriment d’une majorité d’élèves. Elle va encore aggraver la situation là où les lycées qui tombent déjà en ruine.

S.C. Le mouvement était-il soutenu par d’autres groupes dès le départ ?

Pauline S : Au début les lycéens étaient seuls. Il y a eu deux journées interprofessionnelles en février et en mars, avec dans certains cas des professeurs qui se sont mobilisés au niveau local. Mais les syndicats n’ont jamais appelé à la grève. Lors des manifestations massives du 15 février, il y a eu jusqu’à 200 000 lycéens dans la rue en France. Les vacances de mars n’ont pas éteint le mouvement ; à la rentrée 60 000 lycéens ont manifesté à Paris. Décision a été prise d’occuper les lycées. Mon lycée a été bloqué pendant 15 jours quasiment à l’unanimité. 500 lycées ont été bloqués par des votes quotidiens. C’était quelque chose d’énorme. Il y a eu quantité d’action en parallèle. On a occupé le rectorat, le bâtiment de l’Instruction académique, une annexe du Ministère de l’Education Nationale...

S.C. Le mouvement est-il allé en se radicalisant ?

Pauline S : Fillon a donné des consignes que là où il y aurait eu des blocages les CRS interviendraient. Le 18 et 19 mars il y a eu l’appel de bloquer tous les établissements. Des comités d’action ont été créés dans de nombreux établissements.

S.C. Du jamais vu ?

Pauline S : De cette ampleur là, sur une si longue durée, seuls, c’était quelque chose d’assez nouveau. On se réunissait en AG après les manifs. Jusqu’à 40 villes de provinces venaient à Paris. La répression été très forte. Il y a eu des jeunes qui commençaient à se faire arrêter dans les manifs pour outrage, violences ( !)...Quand on a occupé l’inspection académique à Bobigny 93 tout le monde s’est fait arrêter. Il y a eu 17 gardes à vue qui ont duré 24 heures. J’en faisais partie. Quatre lycéens sont passés en procès. La dernière occupation en date c’était l’annexe du ministère de l’Education nationale en avril par 200 élèves. Les CRS sont intervenus, ils nous ont embarqués tous par cars dans de nombreux commissariats, au total 180 gardes à vue...

S.C. Avez-vous eu peur ?

Pauline S. : Ils ont prolongé la garde à vue de 48 heures. 9 élèves ont été mis en examens. J’en fais partie. Sur les 9 il y a 2 majeurs. 4 filles, 5 garçons. Les chefs d’accusations : violence volontaire sur la force publique avec armes et destructions de bien d’utilité publique ( risque de 5 ans d’emprisonnement et 75 000 euros d’amende)

S.C. Avez-vous causé des dégâts matériels ?

Pauline S. : Quand la police est intervenue les élèves, pris de panique, ont jeté des objets. Rien de méchant. Les dégâts c’est la police qui les a faits en défonçant le toit pour entrer.

S.C. Les mises en examens ne vous effrayent-elles pas ?

Pauline S. : Il y a un collectif de soutien contre la répression qui collecte des fonds, et appelle à l’abandon des poursuites. C’est aujourd’hui le seul moyen de nous défendre car il s’agit de procès d’un mouvement politique et non pas d’individus isolés.

S.C. Les syndicats ont-ils bougé ?

Pauline S. : Le SNES pas encore : le CNT et CGT sont avec nous. Ils ont été forcés après qu’il y ait eu 180 arrestations dont 20 mises en examen. Quelque chose d’exceptionnel.

S.C. Cela devait être pour les enfants que vous êtes en prison ?

Pauline S. : C’était dur, c’était crade. Ceux qui avaient 15 ans, étaient le plus choqués. Ils ont avoué tout ce que les policiers voulaient. Chose qu’il ne faut jamais faire. La première nuit je me suis fais interroger cinq fois. Fouille intégrale, à poil. J’ai reçu des baffes. Il y a eu des commissariats où les policiers faisaient tourner les clubs de golf au dessus de la tête pour effrayer, faire parler. Il y a eu de nombreuses plaintes contre les policiers.

S.C. Le gouvernement ne va-t-il pas miser sur l’essoufflement, les examens qui se rapprochent ?

Pauline S. : Quand les lycéens ont appris qu’il y avait eu des arrestations : 3000 personnes sont descendues dans la rue. Mais il est évident que l’on ne peut pas gagner tous seuls. Une explosion est peu probable ; mais tout est possible à la rentrée.

S.C. Vous êtes si jeune et déjà si investie !

Pauline S. : J’ai fais ce que je devais. Je n’ai rien à me reprocher. J’ai tenu face à la police.

S.C. Le bras de fer lycéen n’a-t-il pas échoué puisque la loi Fillon est passée en mars ?

Pauline S. : Pas forcément. En 1986 la loi Devaquet, déjà adoptée, a dû être retirée suite à une énorme mobilisation. Cette fois nous avons en face un gouvernement très dur. Très répressif.

S.C. Votre mouvement a-t-il fait preuve de politisation ?

Pauline S. : Il est très politisé et il pose les bonnes questions. On se fait réprimer. J’ai encore des marques du matraquage et des boucliers. Mais on tient bon. Il y a le raz le bol contre le gouvernement. Les lycéens qui se font tabasser résistent. Il y a une colère. Les diplômes ont a de plus en plus de mal à les obtenir. Et même une fois obtenus ils ne nous garantissent pas d’avoir un travail correct... L’inégalité entre favorisés et non favorisés se marque de plus en plus, alors que l’école est censée donner une chance à tous.

S.C. Après les frissons la déprime ?

Pauline S. : Non. Ca motive. Je suis en colère. Je suis sortie de prison et je suis repartie tout droit à la manif.

S.C. Vous-sentez vous prêts à affronter les procès ?

Pauline S. : C’est une bonne expérience. C’est cela qui nous attend. Le gouvernement ne va pas nous faire de cadeau. C’est dur. Mais ça rend plus fort aussi. La violence de la police et la prison ne vont pas nous arrêter.

S.C. Quelle suite ?

Pauline S. : Dans l’immédiat nous appelons à se solidariser avec les lycéens inculpés.

Source : Oulala.net

Wapi
 
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