(Le Figaro @ 30 mai 2005 a écrit :Marie-George Buffet (PC) et Olivier Besancenot (LCR) comptent parmi les grands vainqueurs du scrutin
La gauche de la gauche veut relancer la «mobilisation sociale»
Rodolphe Geisler
Après des années de déclin électoral (3,4% à la présidentielle de 2002 contre 8,6% en 1995), le PCF pourra-t-il tirer profit de la victoire du non ? Pour l'heure, Marie-George Buffet est sur son petit nuage. Elle a mis tout son poid dans la campagne : la victoire du non est un peu la sienne. En ouvrant ses meetings aux autres tenants du non de gauche, elle est parvenue à sortir de son isolement le PCF, et, surtout, à le faire apparaître comme l'élément fédérateur de la «gauche antilibérale». «Nous sommes dans une dynamique de rassemblement populaire qui évoque les grands moments du Front populaire ou de Mai 68», a-t-elle déclaré hier soir.
Marie-George Buffet, qui oeuvre depuis de nombreuses années pour élargir l'audience du PCF, notamment à travers des «forums citoyens», a donc gagné une bataille personnelle. Mais est-ce suffisant pour mettre un terme aux courants qui agitent son parti depuis de nombreuses années ? Rien n'est moins sûr. L'ouverture engagée en direction de la LCR et de la mouvance altermondialiste d'Attac est contestée par une partie de ses troupes, qui militent pour un Parti communiste autonome avec une candidature communiste pour la prochaine présidentielle.
Les «orthodoxes» reprochent également à Buffet d'être incapable de sortir le Parti du pouvoir d'attraction du PS et d'en faire ainsi un «supplétif» de la Rue de Solferino. Derrière elle, pour soutenir le non au traité européen, cette «camisole libérale», ils estiment aujourd'hui impossible de revenir à des accords, de type gauche plurielle des années Jospin, avec le PS. Député-maire communiste de Vénissieux, André Gérin devrait d'ailleurs présenter en fin de semaine un document de travail sur la question des alliances.
Vis-à-vis de l'extérieur, le pari unitaire de Buffet est loin d'être gagné. Président d'Attac, Jacques Nikonoff avait par exemple décliné durant la campagne ses invitations à des meetings. De même, Lutte ouvrière (LO) et le Parti des travailleurs (PT) ont fait bande à part. Enfin, le député PS des Landes Henri Emmanuelli, en excluant vendredi de son meeting Olivier Besancenot, semble avoir signifié que tous les non n'étaient pas forcément compatibles...
Chez les trotskistes, la joie de la victoire du non est également palpable. Pour Olivier Besancenot, porte-parole de la LCR, ce résultat est «l'expression d'un ras-le-bol généralisé» et la marque du «grand retour des questions sociales». Mais il est trop tôt pour parler de réconciliation avec le PCF. Le leader de la LCR, très présent aux côtés de Marie-George Buffet tout au long de la campagne, entend poursuivre la «dynamique unitaire» des collectifs. Mais, pour lui, l'heure «n'est pas à construire une gauche du non (...) mais de continuer à discuter sereinement tous ensemble du contenu politique d'un programme alternatif aux politiques libérales». Pour cela, la LCR pense avoir trouvé le moyen d'entretenir la flamme contestataire apparue lors de la campagne référendaire : être de tous les mouvements sociaux à venir. «2005 pourrait être une année de forte mobilisation», a-t-il déjà prévenu.