Dans les nombreuses errances politiques, voici ce que Morvan, à la LCR il 3 ou 4 ans, a dit lors du meeting de Dupont-Aignan (vous avez bien lu). A lire ! Cela vaut son pesant de cacahuettes. :headonwall:
a écrit :
Intervention de François MORVAN, Président de VLR!, 9 mars 2005 Espace Charenton
Publié le : Mercredi 9 Mars 2005 /
INTERVENTION de François MORVAN, Président de "VIVE LA RÉPUBLIQUE",
au Rassemblement de "Debout la République",
le 9 Mars 2005, à l’Espace Charenton à PARIS
Cher Nicolas DUPONT-AIGNAN
Chers amis de "Debout La République"
Mesdames et Messieurs les Parlementaires
Chères citoyennes et chers citoyens
A l’entrée même de ce rassemblement, on vient encore de me le demander: pourquoi vous, "Vive la République", que la presse a surnommé les "chevènementistes hétérodoxes", venez-vous soutenir un rassemblement d’une tendance de l’UMP ?
Parce que, et vous me pardonnerez du peu, nous voulons être cohérents avec nous-mêmes.
Nous qui rassemblons des femmes et des hommes venus de tous les horizons de la vie politique, de l’extrême-gauche au souverainisme, Si nous avons soutenu Jean-Pierre Chevènement en 2002, et si nous lui gardons notre amitié, et si nous sommes aussi ici ce soir, c’est parce que nous pensons que la France joue son destin.
La gauche et la droite ? Ce sont des notions respectables, ancrées dans notre histoire. Elles ont eu leurs qualités et leur défauts dans ce débat sans cesse renouvelé entre l’aspiration révolutionnaire à l’égalité, à la justice sociale et à l’internationalisme, et la nécessité de l’autorité publique, de la cohérence nationale, de la transmission de l’héritage du passé. Finalement, la République, jusque dans sa devise, et à travers son histoire chaotique, s’en est voulue la synthèse.
Mais que sont la droite et la gauche aujourd’hui pour la masse de nos concitoyens désabusés de la politique du pareil au même ? Deux machines à renoncer, face à la à la transformation du monde en marchandise, face à la volonté d’une oligarchie planétaire de tout vouloir convertir en actions et en stock-options, jusqu’à la nature et au corps humain. Deux machines de pouvoir à broyer les minorités et les pensées libres, et je crois comprendre que vous en savez quelque chose à "Debout la République". Deux machines qui veulent réduire la démocratie au droit de vote entre deux variantes de la même politique, si bien qu’on décourage le vote lui-même et que c’est au nom de la démocratie qu’on tue la démocratie, c’est à dire la capacité et l’envie d’un peuple éclairé sur les choix véritables à décider de son destin.
La mondialisation est pour la France un défi, un enjeu, un combat. Mais au lieu de s’y confronter avec tous ses atouts, et en premier lieu avec la force universelle de son modèle républicain, il n’ y a rien de plus urgent depuis trente ans pour ceux qui dirigent à gauche et à droite que de se conformer servilement aux règles d’un libéralisme sauvage et aveugle que ceux qui s’en font les croisés armés jusqu’aux dents ne s’appliquent bien entendu pas à eux-mêmes, j’ai nommé la classe dirigeante des États-Unis d’Amérique. La réalité de la France d’aujourd’hui, c’est celle d’une oligarchie politico médiatique, qui comme aux heures les plus sombres de notre histoire, ne croit plus en son pays ni dans son peuple. Voilà l’image qu’ont donné, sans s’en rendre compte je veux bien l’admettre, les parlementaires qui ont voté à Versailles le suicide de la Nation. Voilà l’image cruelle que renvoient d’eux-mêmes François Hollande et, pardonnez-moi, Nicolas Sarkozy, si prompts à s’affronter sur tout et le reste pour savoir qui sera calife à la place d’un calife qui n’ a pas de suite dans les idées, mais qui se retrouvent d’accord sur l’essentiel. A ce jeu du tous perdants, La France y perd son industrie et ses emplois, son système éducatif, sa culture, sa place dans le monde, hier si chèrement défendue, et pour tout dire sa dignité.
Vous m’avez compris, mesdames et messieurs, pour nous, la "constitution européenne" constitue la quintessence de cette politique, de cette non-politique devrai-je dire. Tout ce que nos dirigeant de gauche et de droite n’ont pas osé proposer au peuple, ils sont allés depuis vingt ans à Bruxelles demander à ce que l’Union Européenne le fasse à leur place. Je vous ferai grâce de toutes les aberrations de cette pseudo-constitution, de cette pseudo-démocratie qui prétend faire fusionner par le haut 450 millions d’habitants dans 25 pays parlant autant de langues différentes, de cette machine à tout niveler par le bas ou règnera en définitive une Banque centrale dégagée de tout contrôle et qui n’a comme horizon que la satisfaction des marchés boursiers.
Nous voulons autre chose pour la France parce que nous voulons autre chose pour l’Europe. Nous voulons que l’Europe soit une alliance forte et durable de peuples et de nations qui y consentiront dans la mesure même où ils n’y perdront pas leur souveraineté et leur identité. Nous voulons une Europe qui investisse massivement dans l’avenir et le long terme, dans la recherche et l’innovation, dans les transports à grande vitesse, dans les énergies nouvelles, qui soit un pôle fort pour le développement durable et soutenable dont le monde entier a besoin. Comment ne pas voir par exemple que c’est par une aide économique forte, durable et soutenue que l’on aidera les peuples du Proche-Orient à sortir de la guerre et non, comme l’ a dit Jacques Chirac, par l’importation en fourgons blindés d’une démocratie des apparences ? Comment tout cela sera t-il possible si l’économie de marché, qui est un moteur et une impulsion créatrice nécessaire, mais qui est aveugle sur le moyen et le long terme, est érigée en dogme constitutionnel, celui de la "concurrence libre et non faussée" et qui doit être appliqué, au delà des périphrases hypocrites, à tout et n’importe quoi, à l’État, aux services publics, à la culture , à l’éducation, à la santé ?
Mais ,nous voyons bien pourtant, Mesdames et Messieurs, à gauche comme à droite, dans les partis et les syndicats, se lever les femmes et les hommes de la Nation. Certains sont encore frileux, pensent à ce que va leur dire François ou Nicolas lorsqu’ils s’agirait de distribuer postes et places en 2007. Mais tous ont aussi conscience que tout cela n’aura guère plus d’importance si la constitution est ratifiée.
Alors faisons un serment : travaillons a ce que ces femmes et ces hommes montrent au pays, au delà de leurs différences, qu’ils ont une vision commune, celle qui combine la défense du monde du travail et la défense de l’indépendance nationale dans une nouvelle Europe à la hauteur des enjeux du monde. Faisons en sorte dans les quelques semaines qui nous restent, de montrer à un peuple désabusé qu’il vaut la peine de se battre pour lui-même et pour le pays. Transformons les "non" particuliers de gauche, de droite, de ceci ou de cela, en une force convergente capable de créer l’événement et de changer la donne. Soyons capables de nous dépasser nous mêmes en tendant la main à nos adversaires d’hier. Créons un courant d’opinion irrésistible qui va changer l’avenir.
C’est pour cela que nous sommes ici avec vous : pour être tous ensemble pour le "non" !
François Morvan