ROMORANTIN (AFP) - Matra-Automobile, filiale du groupe Lagardère et quatrième constructeur automobile français, va fermer ses usines de production basées à Romorantin-Lanthenay (Loir-et-Cher), qui comptent encore un millier de salariés.
Cette annonce, faite par le PDG de la société, Armand Carlier, au cours d'un comité central d'entreprise (CCE) au siège de Trappes (Yvelines), va plus loin que ce qui était redouté par le personnel, c'est-à-dire un nouveau plan social, même si les salariés ne se faisaient plus guère d'illusions sur l'avenir de leur entreprise.
Malgré les demandes de confidentialité de la part de la direction, la nouvelle s'est répandue comme une traînée de poudre parmi les salariés, qui devaient se réunir en fin d'après-midi avec les leaders syndicaux à Romorantin-Lanthenay, pour décider d'éventuelles formes d'action.
"Nous refusons en bloc cette solution", a déclaré à l'AFP Pierre Berthoux, délégué CGT de Matra-auto. Mais ni la CGT, minoritaire chez Matra, ni les autres syndicats n'ont pu vraiment mobiliser leurs troupes ces derniers mois.
La fermeture prochaine implique un nouveau plan social pour environ 900 salariés, selon des participants au CCE. Matra-Automobile ne conservera à Romorantin qu'une centaine d'emplois pour l'unité de pièces de rechange.
Des suppressions d'effectifs sont prévues également au siège du groupe à Trappes, où sont basés la direction, les services commerciaux et les bureaux d'études. Ne devraient être maintenus qu'environ 200 salariés de l'ingénierie, soit près de la moitié des effectifs.
Après avoir compté jusqu'à 3.000 salariés les usines de Romorantin avaient perdu environ 1.500 emplois sur 2.500 en 2002, à la suite du transfert de la production de l'Espace sur les plateformes de Renault à Sandouville (Seine-Maritime).
Ayant perdu la production de ce modèle emblématique, créé par Matra, les usines de Sologne n'avaient plus sur leurs plateformes que la Renault Avantime, un coupé haut de gamme assez révolutionnaire, mais sorti à un moment où le marché automobile des voitures de luxe traverse une passe difficile.
Pour être viable, la production de ce modèle devait atteindre 60 véhicules/jour, alors qu'elle n'a pu dépasser les 25. Matra-auto avait indiqué en janvier perdre un million d'euros par jour.
Renault ne devrait pas reprendre la production de ce modèle, qu'il n'a pas beaucoup exposé dans ses succursales et pour lequel il n'a jamais fait beaucoup de publicité. Abandonnée également la petite M72, mi-voiture mi-moto pour jeunes, montrée au Mondial de l'automobile, qui devait sortir cette année sous la marque Matra.
Le groupe Lagardère cherchait depuis des mois à vendre sa filiale automobile. Ses négociations avec le petit équipementier allemand Albert Weber ont apparemment échoué.
Matra-auto, qui a débuté en 1964 par la construction de voitures de sport, était devenu le principal industriel privé de la Sologne, et même de la région Centre, et la fermeture de ses usines est un coup dur économique.
Le bassin d'emplois de Romorantin-Salbris devrait bénéficier d'un contrat de site piloté par l'Etat pour sa réindustrialisation, comme celui qu'ont obtenu, au début du mois, les bassins de Lens, Longwy et Angers, selon le député UMP Patrice Martin-Lalande.
Une nouvelle réunion du CCE est prévue le 5 mars pour lancer le nouveau plan social.