a écrit :Un courrier instructif
Un militant socialiste nous écrit : « J’ai participé dimanche à la réunion des collectifs “pour le non socialiste” convoquée à Montreuil à l’initiative d’Henri Emmanuelli. Je ne partage pas du tout les positions du Parti des travailleurs. Mais j’ai été choqué de lire dans L’Humanité du 18 avril un “compte rendu” inexact de notre réunion. »
Ce militant socialiste cite un article de L’Humanité évoquant à la fois Marc Dolez, député socialiste du Nord, et Henri Emmanuelli, député socialiste des Landes. L’Humanité dit de Dolez qu’il est amené « sans hésitation à tenir meeting avec d’autres, y compris avec des représentants de formations dont la fréquentation peut paraître douteuse aux yeux du député des Landes, comme sa récente prestation avec le Parti des travailleurs, d’extrême gauche ».
Puis ce militant socialiste continue : « Si l’on en croit L’Humanité, notre camarade Henri Emmanuelli a dénoncé comme “fréquentation douteuse” la présence de Dolez aux côtés de responsables du Parti des travailleurs le 16 avril. Or, je peux en témoigner, ce n’est pas du tout cela qui s’est passé. Exposant sa conception de la campagne, Henri Emmanuelli a expliqué qu’il était favorable à une campagne spécifique des socialistes pour le non, plutôt qu’une campagne commune avec d’autres. Il a distingué sa démarche de celle d’autres dirigeants socialistes favorables au non, comme Mélenchon et Dolez. C’est en parlant de ce dernier qu’il a, en souriant et sans polémiquer, ajouté : “Il y en a qui ont des compagnonnages intéressants, par exemple Marc. Mais je lui ai dit que, pour ma part, je n’étais pas pour.” Et c’est tout ! Et dans la suite de la discussion, il n’y a pas eu de polémiques particulières, ni contre les initiatives prises par Mélenchon, ni contre celles prises par Dolez, ni contre le Parti des travailleurs. Alors, je ne comprends pas pourquoi L’Humanité, qui est pour le non, introduit de cette façon en la mettant dans la bouche d’Henri Emmanuelli une information qui n’est pas exacte. »
N’ayant, pour ma part, et pour des raisons évidentes, pas participé à la réunion d’Henri Emmanuelli, je ne saurai me prononcer sur les propos tenus par les uns et par les autres. Mais si le récit qui nous en est transmis par ce militant socialiste est conforme à la réalité, cela pose une question de fond : celle de la démocratie politique.
En quoi la « Constitution » européenne est-elle un danger majeur ? En ce qu’elle prétend fermer la porte à tout changement politique, à toute souveraineté de la nation décidant démocratiquement des politiques à mettre en œuvre. Cet argument a d’ailleurs été développé et illustré par les différents orateurs à la tribune du meeting du 16 avril, chacun selon sa sensibilité. Combattre réellement pour la victoire du non, c’est combattre pour que le peuple puisse prendre entre ses mains son destin. La victoire du non ouvre la porte à une rupture avec les politiques menées au compte de l’Union européenne par les gouvernements qui se sont succédé dans notre pays.
Bien évidemment, parmi les partisans du non, il y a, et c’est normal, différentes réponses sur la manière dont une autre politique pourra et devra être mise en œuvre. Pour notre part, au Parti des travailleurs, nous estimons que la reconquête de la démocratie passe par exemple par la renationalisation des chemins de fer, le retour à la Sécurité sociale de 1945, l’abrogation de toutes les contre-réformes, depuis la loi Douste-Blazy contre la Sécurité sociale jusqu’à la loi Fillon contre l’école, ou encore la loi de décentralisation ou les mesures prises contre les retraites en 2003.
D’autres peuvent avoir d’autres propositions. Cela relève de l’indispensable débat que la démocratie mettra à l’ordre du jour au lendemain de la victoire du non. Mais pour cela, il faut accepter les règles de la démocratie. Et les règles de la démocratie, c’est qu’il n’y a pas de formations « douteuses » et d’autres fréquentables. Un tel lan-gage tourne le dos à la puissante exigence démocratique contenue dans le mouvement en profondeur qui converge vers la victoire du vote non.
L’enjeu est-il oui ou non que puisse être porté un coup d’arrêt à la politique de destruction dans tous les domaines qui frappe la classe ouvrière, la jeunesse, la démocratie et la République ?
Si tel est l’enjeu, il porte un nom : la reconquête de la démocratie. Il s’agit là d’un objectif qui ne peut être atteint que si les moyens mis en œuvre sont en conformité avec lui.
Pour et par la démocratie, assurons la victoire du vote non le 29 mai.