du trotskisme au libéralisme!

Message par Valiere » 12 Avr 2005, 15:31

CHRONIQUE D'EVARISTE
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Juju, de Trotski à Hollande…
Julien Dray, l'actuel porte-parole du Parti socialiste, est un
militant pour qui nous avons eu du respect. Longtemps trotskiste de
la LCR, il y mènera, sous le pseudo de Titus, de longues années
durant, encouragé par son parrain politique de l'époque, Gérard
Filoche, au sein des organisations étudiantes, un combat minoritaire
contre le gauchisme de la direction Krivine-Bensaid. Exclu comme un
malpropre de la Quatrième internationale, pour des raisons
grotesques, il adhère au Parti socialiste en 1981. Stratège hors
pair, fin politique, il comprend, lors des années 1982-1983, et la
montée du Front national, l'intérêt, de la Marche des Beurs, et la
nécessité de structurer un mouvement antiraciste au sein de la
jeunesse.

Il impulse la création de SOS Racisme, dont chacun sait qu'il en est
le véritable patron, bien qu'Harlem Desir, son complice de toujours,
en soit le président officiel. Une expérience capable du meilleur
(une prise de conscience antiraciste et antifasciste, la capacité de
faire militer ensemble, contre le FN, Juifs et arabes, une capacité
de mobilisation et de médiatisation très fortes) et du pire (le
catastrophique discours sur le droit à la différence, marchepied du
communautarisme, qui se traduira, en 1989, par la défense du voile
islamiste à l'école, et les anathèmes peu glorieux contre les
républicains et les féministes opposés au voile, accusés de faire le
jeu de Le Pen). Il joue un rôle essentiel dans les mobilisations
étudiantes de 1986, lors de la réforme Devaquet, en contribue au
divorce entre la jeunesse et la droite, se montrant déterminant dans
la victoire de la gauche en 1988.

Julien Dray, chouchou de Mitterrand, se verra offrir une
circonscription sur mesure dans l'Essonne. Il saura toujours, en
expert des grands équilibres, concilier une grande liberté de ton à
l'intérieur du PS avec la capacité de ne pas aller trop loin dans la
critique de la direction. Avec son compère Jean-Luc Mélenchon, il
structurera, au fil des années, un courant à gauche au sein du Parti
socialiste. Il saura profiter des rivalités Jospin-Rocard-Fabius,
tout en ayant l'oreille de François Mitterrand, pour multiplier les
alliances de circonstances, qui lui vaudront souvent une réputation
sulfureuse à l'intérieur du PS. Dans les grands événements, il sait
quand même répondre présent, et sauver les principes.

Il fait partie, avec Jean-Luc Mélenchon et les chevènementistes, des
rares socialistes à refuser de voter la guerre du Golfe, en 1991,
évitant de peu l'exclusion du Parti. Il appelle à voter oui à
Maastricht, en 1992. Il continue à construire des organisations de
jeunesse, créant d'abord la Fédération Indépendante des lycéens
(FIDL), et la Maison des Potes. Rejoint d'abord par l'ancienne
rocardienne Marie-Noëlle Lienemann, il contribue au développement de
la gauche socialiste, qui, petit à petit, fais son trou à l'intérieur
du PS, passant en quelques années de 1 à 13 %. Evitant les écueils du
gauchisme, il montre, inlassablement, qu'une autre politique que
l'adaptation au libéralisme est possible, et ce discours redonne
espoir à nombre de militants du Parti socialiste.

En 1997, lors de l'arrivée de Jospin à Matignon (avec qui il a une
relation exécrable), suite à la dissolution ratée, il essuie à
nouveau un blâme pour avoir refusé de ratifier le traité d'Amsterdam,
signé par le nouveau Premier ministre. Courageusement, il affronte
les bobos de son parti, les Verts et l'extrême gauche sur la question
de la sécurité. Député de Grigny, il est bien placé pour connaître
les réalités des quartiers populaires, et refuse tout discours
complaisant et angélique sur le sujet, ce qui lui vaut d'être, avec
Jean-Pierre Chevènement, la bête noire de la gauche libérale-
libertaire. Mais il a des convictions, la gauche socialiste
progresse, il est élu vice-président de la Région Ile-de-France, et
il tient le cap. A une époque où la gauche socialiste et Emmanuelli
pèsent, chose unique dans l'histoire du Parti socialiste, 27 %,
survient le schisme du 21 avril 2002. La gauche socialiste, qui
aurait dû capitaliser cet échec, explose en trois courants : ceux qui
créent Nouveau Monde, autour de Jean-Luc Mélenchon, qui rejoignent
Henri Emmanuelli, ceux qui créent le "Nouveau Parti socialiste"
(NPS) avec Arnaud Montebourg et Vincent Peillon (Juju en fait partie
un temps avant de se faire éjecter par les deux autres leaders) et
ceux qui pensent, comme Marie-Noëlle Lienemann, rapidement rejointe
par Julien Dray, qu'il faut être dans la majorité pour peser contre
Fabius-Strauss-Kahn. Le député de l'Essonne fait ce choix, et négocie
son ralliement avec François Hollande, qui le nomme aussitôt porte-
parole.

Cela ne l'empêche pas par ailleurs d'être un élément important de la
création du mouvement Ni Putes Ni Soumises. Certains pensent que ce
ralliement n'est qu'une tactique, et que Julien sera toujours le
même. Mais, alors que ses amies Marie-Noëlle Lienemann ou Laurence
Rossignol se positionnent, dans le débat interne au PS, pour le non
(ce qu'elles paieront cher), lui va au bout de sa logique, et prend,
avec son complice de toujours Harlem Desir, le contre-pied de ce
qu'il a toujours défendu, sur la question de l'Europe.

Lors du débat interne au PS, il défend le "oui", collant à François
Hollande. La suite est cohérente. Il doit donner des gages à son
nouveau patron. Il fait le méchant contre les partisans du "non", à
l'intérieur du PS, les menaçant de représailles lors de la
désignation des investitures, en 2007. Il est celui qui monte au
créneau contre la direction d'Attac. Dernier gage donné, il justifie
l"émission propagande pour le oui de Chirac, ce jeudi 14 avril, en
attaquant les journalistes qui protestent, les qualifiant d'agents du
non. On peut penser qu'il y a sa patte quand François Hollande,
suivant d'autres dérapages, de manière honteuse, reproche aux
partisans du "non" de faire le travail de Le Pen.

Julien Dray, qui rêve d'être un jour ministre de l'Intérieur, a fait
un choix, il a rallié le social-libéralisme. Il ira au bout de cette
logique. S'il faut aller avec Jacques Delors défendre le « oui » avec
des ténors de la droite, il le fera ! Il joue son avenir politique
dans la victoire du "oui". Cela serait un juste retour des choses que
celui qui a voulu en finir avec le camp minoritaire, la cinquantaine
approchant, se retrouve, après la victoire du "non", à nouveau dans
ce camp, celui des battus, et accompagne Hollande vers la sortie de
la direction du PS. Nous connaissons nombre de ses anciens compagnons
de route qui n'en apprécieraient que plus la victoire du "non" le 29
mai.

Réagissez sur [url=mailto:evariste@gaucherepublicaine.org]evariste@gaucherepublicaine.org[/url]
Valiere
 
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Message par gerard_wegan » 12 Avr 2005, 17:34

Ca pue les petits règlements de compte, mais bon... je dois reconnaître que si Dray devait gicler de la scène médiatique (qu'il semble particulièrement affectionner...) après le 29 mai, je ne pleurerais pas sur son sort ! :17:

(Valiere @ mardi 12 avril 2005 à 16:31 a écrit :Il joue un rôle essentiel dans les mobilisations étudiantes de 1986

... et dans les manipulations du PS dans le mouvement -- notamment lors des dernières manifs -- par l'entremise de SOS-Racisme et de son "service d'ordre" (qui devait être largement celui du PS et des syndicats enseignants... pas trop celui de la Ligue, j'espère !) :sneaky2:
gerard_wegan
 
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Message par pelon » 12 Avr 2005, 17:40

L'itinéraire d'un aventurier de toujours.
pelon
 
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Message par Barikad » 12 Avr 2005, 18:26

Je trouve cela, comment dire, assez curieux, cette manie qu'a la presse, apparament rejointe par une feuille de chou republicaine, de pointer le doigts l'evolution d'ancien trotskiste. Très "Vous avez vu, les gauchistes, ils finissent tous politicard". Je les entends moins pointer l'itiniraire de gens comme Leroy, ancien cadre communiste devenu le bras droit de Bayrou, eputé UDF. Ou encore de gens comme Herzog, qui anime un think thank liberal...
On les entends encore moins denoncer, non pas le passé gauchiste de certains arrivistes, mais les liens actuels entre les dirigeant de gauche et les milieux d'affaires.
:rale2: :rale2:
Barikad
 
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Message par Valiere » 14 Avr 2005, 23:12

Sur Jospin tu as le livre de Fraenkel, Boris de son prénom...
Cet article est surtout politique ( itinéraire de Dray)
Valiere
 
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Message par emman » 15 Avr 2005, 12:51

a écrit :Rejoint d'abord par l'ancienne
rocardienne Marie-Noëlle Lienemann, il contribue au développement de
la gauche socialiste, qui, petit à petit, fais son trou à l'intérieur
du PS, passant en quelques années de 1 à 13 %. Evitant les écueils du
gauchisme, il montre, inlassablement, qu'une autre politique que
l'adaptation au libéralisme est possible, et ce discours redonne
espoir à nombre de militants du Parti socialiste.


:rofl: :rofl: :sygus: :sygus:
emman
 
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Message par Valiere » 15 Avr 2005, 13:17

a écrit :Julien Dray, qui rêve d'être un jour ministre de l'Intérieur, a fait
un choix, il a rallié le social-libéralisme. Il ira au bout de cette
logique. S'il faut aller avec Jacques Delors défendre le « oui » avec
des ténors de la droite, il le fera ! Il joue son avenir politique
dans la victoire du "oui".


=D>
Il y a aussi cela!
Valiere
 
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Message par emman » 15 Avr 2005, 14:25

(Valiere @ vendredi 15 avril 2005 à 14:17 a écrit :
a écrit :Julien Dray, qui rêve d'être un jour ministre de l'Intérieur, a fait
un choix, il a rallié le social-libéralisme. Il ira au bout de cette
logique. S'il faut aller avec Jacques Delors défendre le « oui » avec
des ténors de la droite, il le fera ! Il joue son avenir politique
dans la victoire du "oui".


=D>
Il y a aussi cela!
Je précise quand même que mes smileys n'était évidemment pas une aprobation de ce texte... :dry:
emman
 
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