(CourrierInternational.com a écrit : Courrier international - 4 avr. 2005 SIDA - "Faire l'amour au moins deux fois par semaine au nom de la science" Jusqu'à présent, l'Inde a été relativement épargnée par l'épidémie de sida. "Le nombre de porteurs du VIH est estimé à 4,2 millions, soit moins de 1 % de la population. Mais si la progression de la maladie n'est pas ralentie, 25 millions de personnes pourraient être victimes du virus d'ici 2010", rapporte L'Actualité. "'Nous devons freiner la propagation de la maladie avant que la vague nous frappe', insiste Vivek Srivastava, directeur, à Delhi, du Program for Appropriate Technology in Health (PATH), organisme international dont la mission est d'améliorer l'état de santé des populations pauvres."
"Les microbicides semblent être la solution toute désignée pour contrôler la propagation du virus", poursuit le magazine canadien en citant Smita Joshi, chercheuse à l'Institut national de recherche sur le sida (NARI). "Les microbicides augmentent l'acidité naturelle du vagin et en font un milieu où le virus du sida ne peut survivre, alors que certains imperméabilisent les cellules de la paroi vaginale, empêchant ainsi que le virus ne la pénètre", explique le bimensuel.
Cette méthode de protection serait appropriée à la société indienne, où "les préservatifs rebutent bien des gens" et compte tenu du fait que, dans ce pays, "85 % des personnes séropositives ont contracté le virus par contact hétérosexuel". Le PATH s'intéresse donc particulièrement à la situation des femmes, "toujours considérées comme inférieures aux hommes en Inde. Les Indiennes n'ont aucun moyen d'obliger leur partenaire à porter un préservatif. Elles sont donc susceptibles d'attraper toutes les infections que leur conjoint rapporte à la maison", déplore la féministe Susan Verghis dans les pages de L'Actualité.
Les microbicides constitueront ainsi un moyen sûr et surtout très discret de se protéger. Ces produits étant inodores, incolores et sans saveur, rien n'oblige les femmes à révéler à leur partenaire qu'elles en font usage, souligne le magazine. "Et au cours des douze prochains mois, 100 femmes mariées et 100 prostituées vivant à Puna, à 150 km au sud-est de Bombay, se sont engagées à tester la sûreté des microbicides. Au nom de la science, elles devront faire l'amour au moins deux fois par semaine", précise le bimensuel, avant de signaler que cette expérience servira également à avoir une première idée sur l'efficacité de ce procédé.
Pour le moment les résultats des premières études semblent prometteurs, mais les chercheurs restent prudents et prêchent la patience. "Les microbicides ne seront certainement pas sur le marché avant 2010. L'optimisme n'est pas de mise non plus pour la population homosexuelle. Les microbicides ne seraient efficaces que dans un 'milieu fermé', comme le vagin. Un produit microbicide ne serait pas utile dans le cas de relations anales, car il pourrait se répandre dans le rectum", poursuit le magazine.
Actuellement, six études sur des microbicides ont lieu. Elles concernent notamment des pays où les femmes n'ont pas le pouvoir d'obliger leurs partenaires sexuels à porter un préservatif alors que l'on constate qu'elles sont plus victimes que les hommes de l'épidémie. "Au cours des trois prochaines années, elles seront 20 000, surtout en Asie et en Afrique, à tester différents produits", précise L'Actualité.