a écrit :
Elles ne manquent pas une occasion de se démarquer
LO et la LCR se délectent des divisions socialistes
Rodolphe Geisler
[28 mars 2005]
La campagne référendaire offre une tribune inespérée aux formations trotskistes. De la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) à Lutte ouvrière (LO), en passant par le Parti des travailleurs (PT), l'occasion de défendre un «non de gauche» et de se démarquer du «socialisme socio-libéral» du PS, officiellement pour le oui, n'a pas échappé aux principaux dirigeants trotskistes, qui gardent en mémoire le score historique de l'extrême gauche de 2002 (10,5% des suffrages exprimés). Toutefois, contrairement à la campagne des régionales de 2004 (5,6%), les dirigeants de la LCR et de LO n'ont pas pu s'entendre dans une profession de foi commune. Une rencontre entre les deux formations a bien eu lieu début février. Mais, contrairement à la LCR, LO a refusé de s'afficher dans des actions unitaires pouvant réunir, par exemple, des «dissidents» socialistes. Arlette Laguiller a donc choisi d'organiser ses propres meetings. Elle sera ainsi à Bordeaux le 31 mars ou encore à Marseille le 2 avril.
La LCR, en revanche, a décidé de signer l'«Appel des 200». Lancé sous l'égide de la Fondation Copernic, un club de réflexion altermondialiste, qui réunit des personnalités venues de toute la gauche, on trouve dans cet «appel» des signatures de la LCR, comme celle d'Olivier Besancenot, ou d'élus communistes (Francis Wurtz), socialistes (Marc Dolez) ou encore écologistes (Francine Bavay). Ainsi, il y a une dizaine de jours, on a pu voir siéger, lors d'un meeting à Paris, Christian Picquet de la LCR à côté de la secrétaire nationale du PCF Marie-George Buffet. C'est aussi dans cet esprit unitaire qu'un grand meeting doit avoir lieu le 8 avril à la Mutualité de Paris et qu'un grand rassemblement est prévu le 21 mai place de la Bastille dans le cadre de l'«Appel des 200». Olivier Besancenot, qui vient de prendre un congé sans solde auprès de La Poste pour la campagne, devrait d'ailleurs assister à des réunions publiques aux côtés de l'ancien porte-parole de la Confédération paysanne, José Bové, ou encore de Marie-George Buffet.
Porte-parole de la LCR, Alain Krivine confie «se sentir comme un poisson dans l'eau dans cette campagne». Selon lui, le non n'a pas provoqué de voix dissonantes au sein de la LCR. Surtout, estime-t-il, une victoire du non pourrait donner le signal d'une recomposition de la gauche antilibérale. Car, explique-t-il en substance, «tous les grands sujets de société, que rejettent les Français, sont dans ce projet de Constitution européenne». L'un des «effets positifs» de cette campagne, se félicite encore Krivine, a aussi été de remobiliser les militants du PCF. «En prenant des positions très critiques par rapport au PS, Marie-George Buffet a redonné une certaine dynamique à son parti. Elle le paiera peut-être en 2007 en cas de victoire de la gauche, mais, au moins, ses prises de position autour de ce référendum arrivent à un moment où le PCF, qui traverse actuellement une vraie crise d'identité, en avait besoin», commente-t-il, presque avec bienveillance.
Cette «bienveillance» de la LCR auprès du «grand frère» de la Place du Colonel-Fabien n'a d'ailleurs pas échappé au PS. Après l'épisode des boules de neige de Guéret, Julien Dray, porte-parole du PS, avait menacé le PCF en lui disant qu'il avait intérêt à «arrêter la course à l'échalote avec l'extrême gauche». Du côté de LO, qui appelle pour la première fois de son histoire à voter, on observe également qu'«aujourd'hui le langage de Buffet semble plus juste». «Mais on verra après...», relativise-t-on aussitôt.