Le cauchemar de Darwin.

[gerard_wegan]

Bon, je crains de détonner quelque peu dans le consensus général mais, à vrai dire, je n'ai pas trouvé le film très bon... peut-être en avais-je entendu trop de bien ! Bien sûr il y a des choses intéressantes à faire voir et certaines scènes particulièrement édifiantes (comme la visite de la délégation de la Communauté européenne ou la récupération des déchets de la poissonnerie comme nourriture de la population pauvre de la ville), mais pour le reste le propos reste très superficiel et traine en longueur : en 2 heures, il y aurait eu le temps d'en dire et d'en montrer dix fois plus sur les mécanismes. La volonté, affichée par le réalisateur, de ne pas entrer d'emblée dans le vif du sujet comme pour nous faire découvrir progressivement les choses, si elle correspond (dit-il) à ce qu'il a vécu, nuit au contenu du film. Bien sûr, on en sort révolté... mais aussi avec plein de questions qu'on aurait aimé voir traitées. Bon, à voir quand même.

[com_71]

on en sort révolté... mais aussi avec plein de questions qu'on aurait aimé voir traitées.

Quelqu'un sait-il quel groupe industriel de l'alimentaire sévit autour des "perches" du lac Victoria ?

[Ottokar]

J'ai vu le film hier, je ne dirais pas

Bon, je crains de détonner quelque peu dans le consensus général mais, à vrai dire, je n'ai pas trouvé le film très bon...

mais j'hésiterai à y emmener du monde. C'est effectivement un documentaire un peu long et un peu lent, sous-titré, peut-être difficile à voir pour M et Mme Tout-le-monde. Dommage car il y a beaucoup de bonnes choses dedans, l'usine de poisson, ce que mangent les gens et dans quelles conditions (les têtes séchées), les gamins des rues, les armes, la prostitution, les experts de la commission européenne...

On en sort en se jurant de ne plus acheter de perche du Nil... en attendant de renverser ce système de fous !

[Wapi]

ottokar :

On en sort en se jurant de ne plus acheter de perche du Nil...

Est-ce vraiment le but ?


A ce compte-là, on peut aussi bien ranger la voiture au garage pour ne plus consommer d'essence et remiser son ordinateur fabriqué aussi avec du coltan, qui dégouline du sang des congolais...


En revanche,

renverser ce système de fous !

ça oui ! Et plutôt deux fois qu'une...

[Ottokar]

OK, je me rends, les solutions individuelles n'en sont pas et on ne peut échapper à ce monde de fous... n'empêche qu'après avoir vu le film, ça m'étonnerait que tu aies encore envie de bouffer de cette foutue perche du Nil qui a envahi nos étalages depuis quelques mois ! ça ne change rien, on bouffe bien des bananes-dollars, des mangues du Mali ou des haricots du Burkina, OK, mais c'est comme ça. On a le droit d'être sentimental, non ?

[Crockette]

Voici le commentaire laconique de Philippe Pinglin, secrétaire confédéral, en charge de l'Afrique au sein de la CFDT :

"il faut sortir des représentations qui enferment l'Afrique et les Africains dans la victimisation, le document donne une vision de l'Afrique exclusivement pessimiste".


A la CFDT, on n'aime pas le catastrophisme et la réalitée si crue, ça choque trop de gens de la gauche caviar, qui espèrent encore que le monde peut être changé par des idées réformistes".

[irène]

J'ai vu le documentaire hier. J'en suis sortie bouleversée et remontée et ce matin j'avais dans la tête la chanson de la jeune femme qui se prostituait et qui s'est fait assassiner par un client "TANZANI A TANZANI A....." et l'image de l'usine super moderne et de l'entrepôt de séchage des carcasses de poissons ou la femme pieds nus pataugeait dans la boue grouillante d'asticots. Je trouve justement que cette façon d'avoir fait parler les gens, sans presque entendre le cinéaste, sans trop de chiffres et de noms ça a un impact, il n'y a pas de discours et entre les gens que l'on voit et entend tout au long du film et nous, presque pas d'espace, on prend les images et les sons "en pleine figure", affolé de pas s'être rendu "assez" compte de toutes les saloperies que le profit les rend capables de faire. C'est je crois ce qui fait la force de ce documentaire, il y a les gens qui se démènent pour survivre dans c'est endroit infernal qui parlent et vivent pendant 2 heures devant nous, tout proche et c'est terrifiant de vérité. Il est évident qu'il faut que tout ce merdier cesse et vite. Je pense qu'il faut qu'un maximum de gens voit ce film, ce serait vraiment bien s'il pouvait passer à la fête.

[Gaston]

J’ai vu le film hier soir et je suis plutôt d’accord avec ceux qui n’ont pas particulièrement apprécié le film. Franchement, j’ai pas été emballé, tant sur le fond que sur la forme.
Sur la forme, je trouve que c’est pas du tout construit. La succession d’images, on se demande si ça va prendre forme, chercher à démontrer quelque chose. Ben non, et c’est décevant.
Sur le fond, le point regrettable, c’est que ça reste superficiel. Le film montre, décrit, c’est très bien, mais j’attendais autre chose. Pas mal de journaux ou de reportages genre Paris Match montrent régulièrement la faim dans le monde… et je ne vois pas ce que ce film apporte en plus. J’espérais qu’en plus de décrire, il y ait une analyse, une explication des mécanismes qui conduisent à cette situation. Et là, il n’y a rien. OK, on voit bien l’hypocrisie de l’EU et des gouvernants locaux, l’absurdité de l’exportation alors qu’il y a une famine… mais sur les explications, rien. Pourquoi les anciens paysans ont été chassés de leurs terres ? Coup de force du gouvernement, ruine due à la concurrence avec l’agriculture « moderne » ? Quel est le rôle des institutions internationales au service des capitalistes dans le maintien de la situation ? Nous n’en serons absolument rien.

Certains d’entre vous ont-ils vu « la semence du progrès » ? Ce documentaire montre qu’on peut lier une description « forte » (en l’occurrence les ravages causés dans l’agriculture à la nature, aux animaux et aux hommes par le capitalisme) avec une explication rigoureuse des causes. Là tout y passe et s’enchaîne : concurrence, concentration, rôle de l’état, soumission aux trusts… En pas longtemps, on a à la fois une description (assez dure) et une explication profonde des causes. Ce que ne propose absolument pas le cauchemar de darwin. Dommage.